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Price Waterhouse Coopers Maroc : Chronique d'un divorce spectaculaire
Publié dans Finances news le 20 - 09 - 2007

* PWC International retire la licence à ses représentants marocains.
* Aziz Bidah et Abdelaziz Al Mechatt, les deux partnerships de la maison américaine, ne sont plus habilités à agir au nom de PWC.
* Retour aux origines de cette crise qui n'a que trop duré.
Rentrée particulièrement mouvementée chez Price Waterhouse Coopers Maroc (PWC Maroc). Outre les habituels Conseils d'administration auxquels siègent les commissaires aux comptes de la maison en cette période, la tension est montée d'un cran suite au bras de fer entre PWC International et sa filiale marocaine. Le retrait de la licence aux partnerships actuels est tombé comme un couperet. L'action judiciaire intentée par Aziz Bidah, associé de la maison, a donné raison aux Américains. L'exécution du jugement ne s'est pas fait trop attendre puisque, à l'heure où nous écrivions ces lignes, l'enseigne PWC Maroc n'existait plus...juridiquement. Il suffit de visiter le site web officiel de PWC International pour s'en convaincre : «bien que PWC ne soit pas implantée au Maroc, nos services sont disponibles à partir de notre bureau en France», lit-on dans la rubrique «Afrique» du site web du cabinet international d'audit et de conseil.
En effet, les deux associés marocains ne sont plus autorisés à effectuer des opérations commerciales au nom de leur maison-mère, ni à utiliser son logo. Quelles sont donc les raisons de ce divorce spectaculaire ? Et pour quels motifs leur a-t-on retiré la carte PWC ? Du côté de PWC Maroc, rien ne filtre. Plusieurs fois contactés par téléphone, les responsables du cabinet sont injoignables. Abdelaziz Al Mechatt, a-t-on appris, a quitté les lieux pour s'installer dans un nouveau local sis à l'espace Porte d'Anfa à Casablanca. Aziz Bidah, pour sa part, refuse de nous répondre au téléphone bien qu'il soit toujours sur les lieux.
Aux origines du bras de fer...
L'affaire remonte à bien des années. Tout a commencé en 1998 lorsque les deux entités Price Waterhouse Conseil et Coopers Lybrand fusionnent à l'échelle internationale, pour devenir PWC International. Aziz Bidah et Abdelaziz Al Mechatt, alors respectivement représentants de Price Waterhouse Conseil et Coopers Lybrand, se devaient de se rapprocher. Mais les rivalités entre les deux hommes étaient de notoriété publique. Ce serait même la principale cause de l'échec actuel. Car si le rapprochement était incontournable, le contrôle de la nouvelle entité posait problème : qui prendra les rênes ? Celui qui rapporte le gros du chiffre d'affaires ou celui qui a les meilleurs standards d'audit ? Celui qui a la faveur de la maison-mère, peut être ? Or, sur le plan international, c'est Coopers qui menait la danse de l'entité fusionnée, ce qui n'était pas sans inquiéter Bidah. Du moins, c'est ainsi que le marché percevait les choses. Car côté business, c'est bien lui qui détenait le gros du gâteau, d'où son acharnement à préserver ses acquis. Dans le jargon des affaires, on appelle ça une crise de leadership. Une solution transitoire a été adoptée, mais c'était sans compter avec les répercussions du scandale Enron sur les lois internationales qui diligentent le métier de l'audit. PWC a donc accordé un ultime délai pour régulariser le cas Maroc qui représentait la dernière fusion à implémenter dans le monde. La date butoir est donc fixée à fin 2006. Pour pousser dans le sens qu'elle souhaite, PWC International menace de retirer la licence aux deux protagonistes.
En effet, même si Price Waterhouse Conseil et Coopers & Lybrand partageaient le même local, sis au Bd Al Massira Al Khadra à Casablanca et utilisaient le même papier en-tête, il s'agissait en réalité d'une «coexistence factice» qui a duré près de huit ans...jusqu'à ce que l'affaire soit portée en Justice donnant raison à la maison-mère. Le retrait de la licence PWC est alors inévitable.
Al Mechatt baisse les bras,
mais Bidah s'accroche !
Comme précité, Abdelaziz Al Mechatt vient de créer son propre cabinet, délaissant ainsi cette affaire qui n'a que trop duré. Mais Bidah, l'autre partnership, semble s'accrocher toujours. D'ailleurs, c'est lui qui a été à l'origine de l'action en Justice contre sa maison-mère. Insatisfait de la décision du tribunal, il fait appel. À l'heure où nous mettions sous presse, le verdict n'était pas encore tombé. Mais qu'est-ce qui rend Bidah aussi sûr de lui ?
En réalité, il joue le tout pour le tout : la carte de la loi sur la SARL. Il faut savoir que selon le droit des affaires marocain, les cabinets d'audit internationaux ne peuvent détenir plus de 25% du capital de la filiale locale. Indépendamment des dits et non-dits qui alimentent les discussions de salon, c'est ce détail qui poserait vraiment problème à la maison-mère. «PWC International tient absolument à valoriser ses parts dans l'entité marocaine», assure un proche des deux associés. Et il parle en connaissance de cause...
En effet, au sein d'une SARL, le gérant n'est révocable par décision des associés que s'ils réunissent trois quarts du capital social et que la décision est justifiée. Ce qui est pratiquement impossible dans ce cas de figure.
«Vu ce que représente le marché de l'audit, estimé à 250 millions de dirhams au maximum, ce n'est pas tant le chiffre d'affaires réalisé par l'entité marocaine qui les intéresse, mais plutôt son contrôle», affirme notre source. L'objectif : «garantir une satisfaction maximale du client référencé, en assurant aux filiales marocaines des multinationales les mêmes procédures d'audit que celles de la maison-mère. Principe de territorialité oblige», explique-t-il.
Dans le cas de PWC Maroc, de toute évidence, les associés ne correspondent plus à la vision du groupe. «Al Mechatt ne posait pas réellement problème dans la mesure où ses relations avec le clan Coopers sont sans embûches. D'autant plus qu'il est à la veille de la retraite ; ce qui compterait éventuellement le plus pour lui c'est négocier son départ au meilleur prix», martèle notre source. Reste Aziz Bidah. Quelles sont ses réelles motivations ? Est-ce qu'il est conscient que les jeux sont faits d'avance, et tente alors de faire monter les enchères ? Ou bien a-t-il une réelle chance de renverser la vapeur et de décrocher le jackpot malgré les velléités de la maison-mère ? Affaire à suivre...


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