Il présente une structure d'oligopole (AWB et CPM), avec une tendance globale à la baisse en matière de concentration, sauf pour les crédits. L'arrivée de Barid Bank sur le marché a favorisé la concurrence tout en diminuant la concentration. Comme dans tout secteur, un nouvel entrant sera confronté à trois types de barrières : réglementaires, structurelles et stratégiques. Dans le cadre de sa mission d'information et de sensibilisation, le Conseil de la concurrence a organisé lundi 4 mars, un workshop sur la concurrentiabilité dans le secteur bancaire. Il s'agit d'une étude commanditée au cabinet Mazars & associés ayant porté sur la période 2006-2011 et sur un total de 19 banques. Il est à rappeler que le secteur bancaire est parmi les premiers à avoir entamé le processus de libéralisation au début des années 90. D'où la nécessité de s'interroger sur les résultats de sa libéralisation, après plus deux décennies plus tard. «Depuis le début des années 90, le secteur bancaire a connu de nombreuses réformes qui lui ont permis d'instaurer une confiance avec le client et une concurrence interbancaire saine», explique le responsable du cabinet chargé de l'étude. On peut citer à cet égard l'interdiction des ventes à perte de crédit en déterminant un seuil minimum déclaratif pour les taux d'intérêt, la réglementation stricte en matière de rémunération des dépôts à vue, le plafonnement des taux d'intérêt, la réserve monétaire ramenée dernièrement à 4% qui permet au régulateur d'agir sur le niveau de liquidités mises à la disposition du marché bancaire... Autant de mesures qui ont permis au secteur une libéralisation progressive. Les premiers chiffres intéressants que recèle l'étude sont : une évolution de dépôts clientèle de 10% contre celle de 18% des crédits octroyés sur la période 2006-2011. Autre indicateur important, Attijariwafa bank et Crédit Populaire du Maroc qui arrivent en tête en matière de distribution de crédits (53% des crédits à la consommation, 51% de ceux à l'équipement et 51% des crédits immobiliers). Au cours de cette même période, le produit net bancaire a enregistré un taux de croissance moyen annuel de 10%. Le résultat net global s'est établi à 10 Mds de DH à fin 2011. Des chiffres qui expliquent la résilience du secteur face à la tourmente financière qui s'est propagée à fin 2007 dans l'ensemble des économies. Un marché oligopolistique Mesurer la concurrence au sein du secteur bancaire est une mission très complexe. Dans ce sillage, le cabinet Mazars a procédé à des analyses horizentale et verticale de la concurrence. La première repose sur les critères suivants, à savoir le degré de concentration, les barrières à l'entrée, le pouvoir du marché, la structure du capital et le degré de dépendance et le positionnement des opérateurs. Concernant le PNB, AWB et CPM représentent respectivement 25% et 24% de parts de marché. En matière de total bilan, elles se taillent respectivement 26% et 23% de parts de marché. Il en découle ainsi que le secteur est moyennement concentré. En revanche, en matière de crédits, on assiste à une forte concentration. Globalement, le secteur présente une structure d'oligopole avec une tendance globale à la baisse en matière de concentration sauf pour les crédits. L'arrivée de Barid Bank sur le marché (965 agences à fin 2011) a favorisé la concurrence tout en diminuant la concentration. En ce qui concerne le pouvoir du marché, AWB et CPM disposent d'un pouvoir de marché très élevé, suivis par la BMCE en tant que challenger. Un ensemble homogène de banques à capitaux étrangers vient en troisième position La structure de l'actionnariat fait montrer que sur la période 2006-2011, l'Etat constitue le principal actionnaire. Il détient une participation dans une banque sur trois et en contrôle sept. Au cours de la même période, il ressort que onze banques sur un total de dix-neuf sont détenues par des capitaux étrangers. Enfin, les barrières à l'entrée peuvent être réglementaires (critères d'agrément), structurelles (une bonne appréciation du risque) et stratégiques (couplage des offres, captation des clients). L'analyse verticale révèle, pour sa part, que les banques se livrent une forte concurrence sur les taux d'intérêt qui ont connu un trend baissier sur la période 2006-2011. En matière de tarification, il ressort que les banques ne facturent pas les services de base. Des tarifs sont homogènes tels que ceux des retraits auprès des GAP. D'autres sont différents d'une banque à l'autre (frais de tenue de compte, ceux des cartes bancaires). Le reste des services connaît une très légère variation d'une banque à l'autre. D'une manière globale, on peut dire que malgré la libéralisation du secteur bancaire, l'Etat reste le principal actionnaire. Aussi, le régulateur joue-t-il un rôle de premier plan dans le développement de la concurrence. Et en dépit d'une concentration, une concurrence entre les non-leaders existe bel et bien.