La cherté et la rareté du foncier industriel constituent l'un des freins majeurs pour l'émergence industrielle au Maroc. Le concept des P2I présente désormais ses limites. Le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies envisage de réaliser un inventaire de l'offre disponible en foncier en vue d'identifier les mesures à mettre en place pour valoriser cette offre et adapter l'offre future. Apartir des années 2000, le Maroc s'est inscrit dans une logique de renforcement de sa compétitivité et de son attractivité à l'échelle internationale, à travers l'adoption d'une politique d'ouverture sur l'économie internationale. Ce choix a exigé du Maroc de dresser une feuille de route pour l'émergence des différents piliers de son économie qui s'est traduite par la mise en place de stratégies sectorielles et l'amélioration du climat des affaires pour attirer les investisseurs potentiels. L'une des locomotives à être identifiée par le gouvernement, pour soutenir la croissance économique marocaine est l'émergence industrielle. Conscients des enjeux que représente le secteur pour notre économie, les pouvoirs publics se sont mobilisés en mettant en place les outils et les moyens nécessaires pour le développement de l'industrialisation du Maroc à travers la mise en œuvre du Pacte national pour l'émergence industrielle. L'évaluation à mi-parcours du Pacte, récemment dévoilée lors des Assises de l'industrie organisées à Tanger, a montré que des résultats tangibles ont été réalisés. Cependant, le secteur continue de présenter plusieurs insuffisances et difficultés. En tête de ces problématiques, le foncier industriel remporte le podium. Les professionnels estiment que la cherté et la rareté du foncier constituent l'un des freins majeurs qui handicapent et entravent l'essor de notre industrie. Faut-il revoir notre politique industrielle ? Cela peut paraître paradoxal puisque, dans le cadre du PNEI, le gouvernement marocain a développé des structures industrielles, à savoir des zones franches et des plateformes industrielles intégrées P2I pour effectivement répondre aux besoins en infrastructures des industriels. Comment peut-on parler de déficit foncier alors que des plateformes industrielles sont réalisées ou en cours de réalisation? Pourquoi les cinq P2I, mises en service, ne répondent-elles pas aux besoins? Selon les industriels le concept des P2I, plateformes spécialisées, séduit certainement les investisseurs étrangers et les grandes entreprises, mais reste en décalage avec les besoins réels d'une grande tranche d'industriels marocains notamment les PME et les TPE. Il semble que ces plateformes commencent à montrer certaines limites. En effet, si certaines P2I, notamment celles situées à Tanger, Casablanca et Kenitra, arrivent facilement à se commercialiser, d'autres en revanche peinent à trouver preneurs. C'est le cas des P2I d'Oujda Shore, de Tétouan Shore et de Fès Shore. D'après les industriels, l'échec de ces plateformes revient principalement au prix très élevé du foncier, ce qui n'encourage pas les investisseurs à aller s'implanter dans ses régions éloignées des pôles économiques du Maroc. S'ajoutent à cela d'autres freins, à savoir l'accès et la qualité des infrastructures, les blocages administratifs, les assiettes foncières, la disponibilité des moyens logistiques... L'autre contrainte est relative à la rareté du foncier dans certaines régions. «Nous constatons qu'il y a un manque de visibilité sur le foncier brut, en particulier dans le Grand Casablanca », précise Mohammed Fikrat, président de la Commission investissements, compétitivité et émergence industrielle à la CGEM. Les dispositions que le ministère compte mettre en place Pour pallier cette problématique, qui ralentit l'aboutissement des objectifs fixés par l'Etat en matière de développement industriel et de promotion des investissements, le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies se penche sérieusement sur la mise en place de nouvelles dispositions. Dans ce sillage, il envisage de réaliser un inventaire de l'offre disponible en foncier dans toutes les régions du Royaume en vue d'identifier les mesures à mettre en place pour valoriser cette offre et adapter l'offre future aux besoins des PME, notamment en termes de coût du foncier. «Le ministère prévoit, à cet effet, de fédérer davantage les efforts de l'ensemble des départements ministériels et parties concernés en vue d'asseoir les bases d'une bonne gouvernance de ce chantier». Le ministre Abdelkader Aamara s'était même engagé récemment que le Maroc aura d'ici fin 2013 l'ébauche d'une proposition sérieuse qui permettra de répondre adéquatement à la demande croissante des investisseurs. Aujourd'hui, l'enjeu est de taille, notamment dans le contexte économique actuel marqué par l'attentisme.