La production des pays de l'OPEP mise à mal par l'embargo sur l'Iran. La diversification pourrait alléger la facture énergétique. Le point avec Céline Antonin, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques. Finances News Hebdo : Quelles sont les causes de la baisse de la production de l'OPEP ? Céline Antonin : En 2012, c'est essentiellement la baisse de production de l'Iran qui explique celle de l'OPEP, baisse qui n'a été que partiellement compensée par la hausse de production de l'Arabie Saoudite. Ainsi, en 2011, l'Iran produisait 3,6 Mbj (millions de barils/jour), contre 3,0 Mbj en 2012, et 2,7 Mbj en moyenne en janvier 2013. Cela fait suite aux sanctions décidées par les Etats-Unis et l'Union européenne, entrées en vigueur respectivement le 28 juin 2012 et le 1er juillet 2012. A plus court terme (entre décembre et janvier), on observe une légère contraction de la production de l'OPEP, liée à la baisse de production en Arabie Saoudite, au Nigeria, en Algérie et en Libye. F. N. H. : Pouvez-vous décrire le degré de gravité des conséquences d'un possible déclin de la production mondiale de pétrole ? C. A. : Tout dépend de la vitesse de déclin de la production. Les pays de l'OCDE voient leur consommation de pétrole stagner, alors que dans les pays non membres de l'OCDE, la demande ne cesse de croître. Dans la mesure où la demande globale augmente, sous l'influence des pays émergents d'Asie et d'Amérique latine, un déclin dans la production mondiale de pétrole aurait comme effet la flambée des cours du pétrole. Paradoxalement, si le prix du baril augmente, cela rendra rentable l'exploration de gisements très profonds ou difficiles à extraire et donc, cela pourrait contribuer à accroître la production. F. N. H. : Quelles sont vos prévisions pour l'année 2013 ? C. A. : Pour l'année 2013, nous prévoyons un baril au-dessus des 100 dollars, vraisemblablement autour de 110 dollars. En effet, la demande des pays développés devrait stagner, contrairement à la demande des pays émergents, qui resterait dynamique. Concernant l'offre, nous attendons peu de changements de la part de l'OPEP. En revanche, l'offre non OPEP devrait augmenter, surtout aux Etats-Unis et au Canada (shale oil). Par conséquent, le prix du baril devrait peu varier par rapport à 2012. F. N. H. : Comment les pourparlers du 26 février entre l'Iran et les principales puissances mondiales peuvent-ils orienter le cours du pétrole vers un sens ou un autre ? C. A. : Si les pourparlers du 26 février aboutissent à l'allègement des sanctions contre l'Iran, la production iranienne pourrait augmenter (la marge de manœuvre est considérable, de 1 Mbj), et ainsi faire baisser les cours. Cela étant, d'autres pays comme l'Arabie Saoudite, gendarme de l'OPEP, pourraient être conduits à compenser en baissant leur production, pour respecter les quotas établis par l'OPEP en décembre 2011. Au contraire, si aucun accord n'est trouvé, l'embargo se poursuivra et les prix resteront inchangés. F. N. H. : Comment limiter l'impact des fluctuations du cours du pétrole sur la facture énergétique ? C. A. : La seule véritable solution durable me semble être la substitution énergétique et l'accroissement du mix énergétique: employer le gaz naturel ou l'électricité au lieu du pétrole pour certains usages, avoir recours aux énergies nouvelles pour l'automobile, les nouveaux logements, le chauffage, développer l'éolien, le solaire ... C'est certes coûteux en termes d'investissement initial, mais la rentabilité à plus long terme est assurée si on imagine que le cours du pétrole ne peut que croître dans le temps.