La question des relations maroco-japonaises nourrit toujours les débats. Un exercice auquel sest livré Son excellence lambassadeur du Japon au maroc, Seigi Hinata, à cur ouvert. Pour lui, le Maroc devra fournir davantage defforts pour se faire connaître auprès des Japonais. F. N. H. : Comment se traduit la présence japonaise ici au Maroc ? Seigi Hinata : Le Japon vient en aide au Maroc dans le domaine sanitaire, léducation, les infrastructures, le maritime moyennant une assistante technique. Cest-à-dire quon envoie des experts volontaires. Ils sont une quarantaine qui sactivent ici au Maroc. Nous avons également un système daide aux petits projets que nous réalisons suivant les requêtes émanant dONG, que ce soit dans le domaine de lirrigation, de léquipement de dispensaires, de construction des classes pour les écoles primaires, de bitumisation des voies rurales pour faciliter le désenclavement de certains villages marocains. Nous sommes actifs dans ces domaines, et nous espérons que les autorités marocaines vont penser à multiplier leurs efforts pour atteindre leur objectif de développement du Maroc en collaboration avec des donateurs comme le Japon et la France. F. N. H. : Malgré les actions entreprises par le Japon au Maroc, les visites et les échanges culturels entre les deux pays demeurent minimes. Comment faire évoluer ces échanges daprès vous ? S. H. : S. A. R. la princesse Lalla Salma se rendra au Japon très prochainement. Et il est temps daccueillir S. M. le Roi au Japon aussi. Je pense que quand cette visite aura lieu, cela constituera un grand événement qui va permettre aux deux pays de mieux se connaître. Alors là, les échanges culturels devront se multiplier. Pour notre part, nous travaillons à ce que lannée prochaine soit lannée du Maroc au Japon et lannée du Japon au Maroc par le biais dévénements culturels organisés chaque mois. F. N. H. : Le Japon est très intéressé par le secteur de la pêche au Maroc. Pourquoi ny investit-il pas, que ce soit au niveau de la recherche ou des équipements ? S. H. : Jai visité dernièrement notre communauté de pêcheurs qui est à Las Palmas dans les Îles Canaries. Jai appris que ses membres nétaient pas retournés pêcher dans les eaux marocaines, puisque ce sont maintenant les Chinois qui viennent y pêcher 24h/24 avec une cinquantaine de bateaux. F. N. H. : Le Japon qui est réputé pour son industrie automobile a choisi de sétablir dans des pays voisins Quelle en est lexplication ? S. H. : Récemment, Nissan, qui était un constructeur dautomobiles japonais, et qui est maintenant français, a décidé détablir une usine en Egypte. Toyota aussi a ouvert un site en France. Là, cest aux autorités marocaines daller directement vers le constructeur et lui faire une offre plus compétitive. Cest aussi simple que ça. F. N. H. : Vous avez cité, parmi les perspectives du Japon, la réforme des Nations Unies. Comment le Japon compte-t-il y procéder ? S. H. : Un pays, à lui seul, ne peut pas atteindre un tel objectif. Ainsi, nous travaillons en concertation avec lAllemagne, le Brésil et lInde pour présenter un projet-cadre de résolution, afin que cette résolution de réforme soit présentée à lAssemblée générale de lONU très prochainement. Tous les membres seront réunis pour voter lélargissement ou non du Conseil de sécurité. Nous uvrons pour réunir beaucoup de pays afin de faire passer cette résolution délargissement et pour que lAfrique ait droit à deux membres permanents dans ce Conseil de sécurité. En guise de rappel, le Japon a contribué à hauteur de 19 %, juste après les Etats-Unis, aux 180 milliards de dollars que représente le budget de lannée 2005 de lONU. F. N. H. : Si le Conseil vote pour lélargissement, les nouveaux membres permanents auront-ils un droit de veto ? S. H. : Les quatre pays qui présenteront cette résolution restent flexibles. Notre projet de résolution stipule que les nouveaux membres permanents du Conseil de sécurité, tout en obtenant le droit de veto, nexerceront ce droit quà la révision du système de veto. Donc, durant les 15 années à venir, ils ne pourront exercer ce droit. Maintenant, nous sommes en train de réunir les pays qui partagent cette même philosophie pour pouvoir faire passer cette résolution. F. N. H. : Le Japon est lié aux Etats-Unis par un traité de sécurité. En tant que puissance non nucléaire, comment réagit votre pays à la menace de larme nucléaire nord-coréenne ? S. H. : Nous uvrons avec la Russie, la Chine, les Etats-Unis et la Corée du Sud pour faire pression sur la Corée du Nord afin que ce pays abandonne larme nucléaire et rejoigne la communauté internationale. Ainsi, nous pourrons entretenir avec lui des relations normales pour lui permettre de se développer.