Désormais, les étrangers qui veulent travailler au Maroc doivent passer par lANAPEC pour le premier dépôt de leur dossier de travail, en vertu du nouveau texte de loi publié le 17 mars 2005 dans le bulletin officiel. Cette nouvelle disposition a mis dans lembarras les ressortissants de pays subsahariens nayant pas signé de convention détablissement avec le Maroc. Leurs dossiers ont tout simplement été rejetés. Explications. LAgence Nationale de Promotion de l'Emploi et des Compétences (ANAPEC), en sa qualité détablissement public ayant pour mission, entre autres, dassurer l'accueil, l'information et l'orientation des demandeurs d'emploi, est devenue, par une nouvelle attribution de lEtat, un organe régulateur de lemploi des étrangers au Maroc. Ainsi, et en vertu du texte de loi paru dans le Bulletin officiel datant du 17 mars de cette année, «cest cette agence qui se charge actuellement du traitement des dossiers des étrangers qui sont à leur première validation de contrat de travail», comme nous la souligné un responsable du service des migrants au sein du ministère de lEmploi. Les étrangers déjà établis ne sont pas concernés par cette nouvelle disposition. Cette nouveauté serait passée inaperçue si certains étrangers nen avaient pas fait les frais. En effet, des ressortissants subsahariens non liés au Maroc par une convention détablissement, se sont tout bonnement vu refuser lautorisation de travailler sur le sol marocain. Cest le cas de ce jeune ivoirien qui a fait ses études supérieures à Marrakech. Durant quatre années, il a suivi une formation en marketing et management et effectué des stages dans une entreprise spécialisée dans le mobilier à Marrakech. En 2004, il décide de venir chercher un travail stable et bien rémunéré à Casablanca où, paraît-il, il fait bon vivre. Il na pas été déçu puisquil a décroché facilement, la formation et la maîtrise de la langue française aidant, un poste de chargé de clientèle dans un centre dappels. La plupart des centres dappels travaillant pour le marché français, il ne trouva aucune difficulté à faire ses preuves. Ainsi, et après un stage de pré-embauche, la direction du call center en question entame une procédure administrative pour régulariser sa situation en adressant son dossier, ainsi que ceux de trois autres étrangers, au service des migrants. Il sagissait en fait de faire valider leur contrat de travail par ce service au ministère de lEmploi afin quils puissent obtenir une carte de séjour. Nouvelles prérogatives de lANAPEC Mais voilà, avec les nouvelles dispositions, leurs dossiers ont été dirigés vers lANAPEC qui ne les a tout simplement pas validés. Exception faite pour lun deux, un ressortissant sénégalais dont le pays a signé, avec le Maroc, une convention détablissement dans les années 70. Ironie du sort, ce Sénégalais, même si lANAPEC navait pas validé son dossier, pouvait continuer à travailler sans problème puisque pour obtenir sa carte de séjour, il na pas besoin de contrat de travail validé par le service des migrants mais juste dune attestation de travail que le call center peut lui délivrer. Pour les trois autres subsahariens, à savoir lIvoirien, un Congolais et une Camerounaise, il ny a dautres solutions que de quitter le Maroc ou bien recourir au travail au noir. «LANAPEC a légalement le droit de ne pas valider un contrat de travail de tout étranger issu dun pays non signataire dune convention détablissement avec le Maroc. Et ce dautant plus si le profil recherché par les employeurs existe dans notre liste de demandeurs demploi marocains. Cest une politique de lEtat», nous a affirmé une source au sein de lANAPEC, le DG étant injoignable. Rappelons que, par ses programmes d'adaptation professionnelle et de formation-insertion dans la vie active en liaison avec les employeurs et les établissements de formation, lANAPEC avait signé avec lOFPPT un programme professionnel pour former les Marocains aux différents métiers des call centers. Cest dire que ces Subsahariens navaient pas de chance, puisque lANAPEC donne la priorité aux Marocains ayant bénéficié dune formation à lOFPPT. Toutefois, on se demande si ce nest pas là une nouvelle politique pour durcir les procédures afin de restreindre létablissement des Subsahariens au Maroc. En tout cas, les quelques responsables de centres dappels que nous avons contactés nont pas voulu se prononcer sur la question ni parler des contraintes que peut présenter cette nouvelle disposition.