La banque au cheval est en croissance grâce aux métiers historiques. Des relais de croissance clairement identifiés.
Par A. Hlimi
Surfant sur ses segments historiques et profitant d'une croissance soutenue des filiales en Afrique et de quelques success-stories au Maroc, le Groupe Banque Centrale Populaire négocie joliment le contexte tendu traversé par le secteur au Maroc, marqué par des resserrements réglementaires à tout-va. Le management a donné une grande visibilité sur le business, quelques jours après la publication des résultats 2018, lors d'une conférence de presse où les paroles (et les gestes) du nouveau PDG, Mohamed Karim Mounir, allaient être scrutés. Un exercice de communication mené différemment, moins en «solo» et laissant apparaître une équipe dirigeante rajeunie et spécialisée. «En 2019, nous allons donner la priorité au développement organique de la banque, consolider la présence en Afrique, augmenter les financements des PME et TPE ainsi que le financement des régions au Maroc», lance très tôt dans la conférence le nouveau président du Groupe, anticipant une bonne partie des questions des analystes. Des axes précis sur lesquels il sera facile de juger l'action du top management. Sur le financement des régions, Mounir précise que la banque va structurer l'approche avec les régions à travers un format Sociétés de gestion/Fonds d'investissements et dans lesquels la banque prendra des tickets à travers sa filiale Chaabi Capital Investissement.
Toutes les branches participent à la croissance La banque affiche un produit net bancaire de 17 Mds de dirhams en 2018. Les revenus sont issus de l'amélioration de la marge d'intérêt de 5,8%, d'une plus grande surface de contact avec la clientèle qui, plus équipée, génère des commissions en hausse de 12,1% et une contribution en hausse de 15% des activités de marché. Par ailleurs, les filiales à l'international enregistrent une croissance de 14% de leur PNB et, outre les effets périmètre, atteignent progressivement leur vitesse de croisière. «Ces filiales retrouvent petit à petit leur place naturelle sur leurs marchés respectifs», explique Kamal Mokdad, Directeur général de la BCP et de l'international. Ces filiales devront d'ailleurs contribuer à hauteur de 27% dans le PNB du Groupe lorsque la banque aura finalisé «le deal» BPCE. Les deux groupes sont pour rappel engagés dans des négociations exclusives à l'issue desquelles BCP devrait récupérer 4 filiales africaines de son partenaire BPCE. «Les dossiers d'agréments sont à l'étude chez les autorités et nous estimons que l'opération sera achevée à la rentrée», s'engage Mokdad, convaincu qu'il est encore possible «d'extraire de la valeur sur le continent», invitant le public à s'affranchir de l'idée selon laquelle l'investissement en Afrique est risqué. Les chiffres de la BCP lui donnent raison, car ces filiales enregistrent une baisse de 63% de leur coût du risque et enregistrent des bénéfices en croissance de 75% en 2018.
Des success-stories au Maroc Les filiales spécialisées au Maroc participent aussi à l'effort collectif et certaines se distinguent dans des environnements extrêmement concurrentiels. Chaabi LLD enregistre des primes en hausse de 18%, Maroc Assistance International croît de 40%, tandis que la société de financement Vivalis fait +8% de primes dans un marché relativement calme. Le Groupe prend également de l'avance dans le Custody avec Mediafinance, acteur désormais de référence en la matière, ainsi que dans la gestion d'actifs avec la filiale Upline qui enregistre une croissance de 8% cette année. Dans la bancassurance, le Groupe se positionne deuxième dans l'assurance Vie avec 3 Mds de DH de primes émises par Attaamine Chaabi. Il est même premier si l'on considère l'activité réalisée à travers MCMA. Réputée prudente, la banque a tout de même participé à un tiers de l'effort de financement de l'économie nationale en 2018, avec des parts de marché qui dépassent 50% dans trois régions du Royaume. Si le Groupe BCP a démontré sa résilience par le passé, il donne aujourd'hui des signaux forts sur sa capacité à générer de la croissance rapide à moyen terme. La montée en puissance quasi-mécanique des filiales en Afrique et la régularité de la progression des crédits et de l'équipement de la clientèle au Maroc en sont les principaux marqueurs. ◆
Une augmentation de capital dans le pipe C'est l'une des principales annonces faite par Mohamed Karim Mounir : une augmentation de capital est en préparation. Elle porterait selon les dires du PDG sur près de 4,8 Mds de dirhams, dont 2,1 Mds réservés aux salariés et 2,7 Mds aux Banques populaires régionales (BPR) pour maintenir leurs pourcentages de contrôle dans le capital. Un montant qui correspond à un peu de choses près à l'additionnel de provisions au bilan d'ouverture IFRS 9 et qui s'est élevé à 5,5 milliards de DH.