Basant son analyse sur les réalisations de l'économie marocaine au cours des exercices 2003 et 2004, le centre de développement de l'OCDE, dans son rapport annuel sur les économies du continent africain édité en 2005, indique que l'économie marocaine continuera sur sa lancée et enregistrera un taux de croissance supérieur à 3% en 2005 et 2006. La divergence sur les taux de croissance du Royaume en 2005 ne fait que commencer... Ces derniers temps lheure est au bilan. Selon le rapport de lOCDE qui brosse un panorama approfondi et comparatif de l'évolution économique, politique et sociale de 29 pays africains, les résultats enregistrés par le Royaume sont encourageants. Ces résultats, apprend-on dans ledit rapport, sont assurément l'aboutissement des différentes réformes entamées ces dernières années et qui sont axées sur la libéralisation de l'économie et l'amélioration de la compétitivité de l'entreprise. Ces réformes avaient le souci de placer l'économie marocaine sur les sentiers de la croissance et, partant, améliorer les conditions de vie et lutter contre les disparités sociales. Par ailleurs, lit-on dans ce rapport, ces réformes visent aussi à atteindre une démocratisation de la vie publique, une amélioration de l'éducation et de la santé, ainsi que le renforcement des infrastructures de base. Des réformes qui devraient s'accélérer encore plus pour profiter des opportunités offertes par l'ouverture du Maroc. Cette ouverture a atteint son paroxysme avec la multiplication des accords de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, la Turquie, la Jordanie, la Tunisie et lEgypte. Le rapport annonce que la croissance du PIB au Maroc en termes réels s'est établie à 3,5% en 2004 contre 5,5% en 2003 et 3,2% en 2002. Cette croissance reste par ailleurs étroitement liée à l'agriculture et donc dépendante des aléas climatiques. Des objectifs en cours de réalisation Concernant le secteur touristique, il faut reconnaître que les objectifs fixés au préalable sont en voie de concrétisation. Un seuil de 5,5 millions de touristes a été franchi en 2004, soit une augmentation de 16% par rapport à l'exercice précédent. Les statistiques qui sont aujourd'hui dévoilées par l'Office National Marocain du Tourisme à fin avril 2005, laissent présager que l'embellie se poursuivra. Le rapport rappelle à cet égard que le Royaume s'est doté d'un plan national de développement du tourisme dans l'objectif d'atteindre 10 millions de touristes à l'horizon 2010. Toujours est-il que dans la perspective d'augmenter le nombre de visiteurs étrangers, les pouvoirs publics ont ainsi décidé de renforcer la flotte aérienne nationale et de libéraliser le ciel marocain. La RAM prévoit de consacrer, à l'horizon 2010, près de 6 milliards de DHS pour l'acquisition de 24 nouveaux avions. Par ailleurs, la période «2002-2004, a été caractérisée par la poursuite de la politique d'ouverture et d'intégration de l'économie marocaine, notamment avec la conclusion d'un accord de libre-échange avec l'UE portant sur le volet agricole et prévoyant côté européen, l'étalement du calendrier de démantèlement tarifaire et le relèvement des contingents des exportations de tomates sur une période de quatre ans, de 170.000 à 220.000 tonnes». Ajoutons à cela la signature en 2004 des accords de libre-échange avec d'une part l'Égypte, la Jordanie et la Tunisie et, d'autre part, la Turquie ainsi que la signature en mars 2004 d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. En se basant sur ces réalisations, le rapport de l'OCDE estime que l'économie marocaine devrait enregistrer un taux de croissance supérieur à 3% en 2005 et en 2006. Cet objectif d'accélération de la croissance a été soutenu, selon les rédacteurs du rapport, par l'importance des réformes structurelles dont le rythme s'est intensifié à partir de 2002. Un raisonnement hasardeux Certes, l'économie marocaine présente aujourd'hui des signes d'essoufflement et certains rapports ont tiré la sonnette d'alarme sur des points noirs qui subsistent, mais selon plusieurs responsables, des résultats positifs sont aujourd'hui tangibles. Ce raisonnement a été également celui du patron des patrons, suite au discours royal. Ce dernier a estimé que si l'étau s'est nettement resserré au niveau de certains secteurs, cela ne doit pas occulter le fait que des efforts notables ont été déployés sur d'autres plans (tourisme, infrastructures, technologies de l'information...). Des experts internationaux ne partagent pas cette opinion et considèrent que nos faiblesses, comme l'insuffisance des investissements directs extérieurs, résultent de la lenteur des réformes entamées et de la faiblesse de la compétitivité par rapport à d'autres pays à développement similaire. Toujours est-il que la divergence des opinions, concernant les indicateurs de croissance pour l'exercice 2005 et 2006, est toujours à l'ordre du jour. Les taux de croissance avancés respectivement par le Premier ministre et le Haut Commissariat au Plan sont différents. Il faut dire que l'heure n'est pas à l'optimisme. La hausse des prix du pétrole brut ajoutée à une sécheresse qui pèse lourdement sur l'ensemble des secteurs ainsi que la menace des produits chinois, laissent prédire que la croissance restera très modeste avec un taux qui ne fera que renforcer les inégalités sociales et accroître le taux de chômage qui reste toujours élevé. Encore faut-il ne pas se leurrer parce que même avec un taux de croissance qui oscille aux alentours de 3%, les capacités de résorption du chômage, principal fléau, demeureront limitées. Les taux divergent ainsi à plus d'un titre et le consommateur marocain ne sait plus à quel saint se vouer. Une chose est sûre cependant : le statu quo persiste et le marasme sévit encore.