Les investisseurs marocains ont une réelle opportunité pour s'approprier les principaux marchés libyens estimés à 200 milliards de dollars. Des contraintes politiques et économiques freinent les opérateurs économiques nationaux à se lancer en Libye. L'année 2011 a certainement été l'année qui marquera le XXIème siècle. Tunisie, Egypte, Maroc, Libye, Bahreïn, Yemen et Syrie, tous ces pays ont connu des contestations populaires qui ont donné un tournant inattendu à l'histoire du Maghreb et du Moyen-Orient. Le mot d'ordre a été le «printemps arabe» qui a mobilisé et uni les peuples lassés des dictatures. La Libye a été l'un des pays les plus touchés par la révolution suite aux combats militaires qu'a connus la région. Les dégâts étaient énormes sur tous les plans : politique, économique, infrastructures, investissements... Depuis la chute du régime en octobre 2011, la Libye se débat toujours dans la confusion. Et pour cause, l'une des locomotives du pays est au ralenti. En effet, l'économie libyenne, principalement tirée par la production du pétrole, a enregistré une contraction de 41,8% en 2011. Et, contrairement aux prévisions, la croissance économique du pays ne semble pas décoller. Plusieurs projets et chantiers sont aujourd'hui en stand-by. Le pays est en reconstruction et nécessite les expertises et les compétences des investisseurs étrangers. Il faut dire que les potentialités d'investissement du pays sont énormes et très alléchantes. Plusieurs pays se sont déjà installés pour s'accaparer des projets structurants dans différents secteurs, notamment les Européens, les Asiatiques et bien d'autres pays qui comptent profiter des opportunités qu'offre ce pays. Une Libye qui a besoin des infrastructures de base (notamment les routes, les autoroutes, les ports, les zones industrielles...), de l'ingénierie et des investissements dans le domaine de l'artisanat, de l'agriculture, de l'industrie ... Un potentiel de 200 milliards de dollars de projets qui sont à l'arrêt et qui devraient intéresser les investisseurs potentiels. Cependant, la présence des investisseurs marocains sur le territoire libyen est minime, voire inexistante. Si les relations bilatérales politiques sont bonnes, les échanges économiques quant à eux sont à un niveau très bas. Même si la volonté y est, il est nécessaire de déployer des efforts supplémentaires pour le développement de la coopération économique. Rappelons que de nombreuses conventions ont été signées entre le Maroc et la Libye, mais n'ont malheureusement pas atteint les buts fixés. La cause principale, selon un investisseur libyen, les lobbies du régime de l'ancien président qui entravaient toute ouverture vers l'extérieur. À cet effet, une délégation libyenne a récemment visité le Maroc dans l'objectif de trouver les pistes nécessaires pour renforcer les relations bilatérales économiques et pour encourager les opérateurs économiques marocains. Une invitation afin d'être les premiers à s'implanter en Libye afin d'empêcher la monopolisation du marché par les Occidentaux. Le ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, Abdelkader Aamara, avait exprimé à cette occasion la volonté de notre pays d'établir un partenariat économique gagnant-gagnant. Les Libyens désirent partager l'expérience que le Maroc a acquise pendant plusieurs années et dans divers domaines. Mais la question qui se pose est : pourquoi les investisseurs marocains sont-ils toujours hésitants à pénétrer le marché libyen ? Un entrepreneur marocain nous a confié que les investisseurs marocains sont plutôt prudents. Selon lui, plusieurs freins sont à l'origine de ces appréhensions, notamment l'instabilité politique, le manque de visibilité et de lignes commerciales (transport maritime et terrestre)... Les Libyens, quant à eux, rassurent sur la stabilité politique de leur pays, sur leur volonté d'améliorer le climat des affaires et leur détermination à faire émerger leur pays. Pages réalisées par L. Boumahrou