La pharmacie vétérinaire au Maroc est un secteur qui sest développé avec la croissance de lélevage avicole. Cest dire que cest un marché très étroit, qui subit malencontreusement les déboires du secteur avicole. Pourtant, lhistoire avait si bien commencé. Le Maroc a un élevage qui se profile sous deux aspects. Premièrement, un élevage traditionnel des ruminants (bovins, ovins et caprins) et un élevage plutôt industriel, celui lié au secteur avicole qui sest largement développé au Maroc depuis les années 80. Celui-ci, contrairement au premier, nest pas dépendant des productions de lexploitation. Ainsi, avant de se lancer dans un projet pareil, on construit le bâtiment, on achète les poussins, les aliments Ensuite, commence la production. Depuis les années 80 et jusquen 2000, le secteur avicole sest développé avec une croissance assez importante, allant de 15 à 20 % en moyenne. Du coup, tout le monde sest rué vers cet élevage qui, depuis lannée 2000, a connu une croissance beaucoup plus modeste de lordre de 3 %. Dès lors, le secteur stagne et traîne de gros problèmes derrière lui. Un bon début Lélevage avicole a apporté ce qui commençait à manquer aux autres secteurs suite aux périodes de sécheresse et à lamplification de lexode rural. Le développement de ce secteur a eu un impact positif sur dautres créneaux, notamment la pharmacie vétérinaire. Jusquaux années 80, cétait lEtat qui achetait aux marchés publics. Le type de médicaments se limitait aux antiparasitaires et aux vaccins pour moutons et bovins. A partir des années 80, il y a eu la première loi vétérinaire qui réglementait aussi bien linstallation des vétérinaires dans le secteur privé que le développement de la pharmacie vétérinaire de manière spécifique, donc des structures ou des sociétés montées par les vétérinaires. Auparavant, cétait les pharmacies ordinaires qui avaient de petits départements assurant la vente de produits vétérinaires. Dès cette époque, la pharmacie vétérinaire est entrée dans une phase privée. Les vétérinaires sont devenus de véritables acteurs du secteur; ce qui a permis la constitution, de 1982 à ce jour, dune vingtaine dunités spécialisées soit dans limportation, soit dans la fabrication ou sont de simples grossistes. Aujourdhui, seules 16 structures sont opérationnelles. Leurs activités sont axées soit sur limportation, la fabrication ou, dans une moindre mesure, lexportation Les premières statistiques visant à déterminer la taille de ce marché, et dont les résultats ont été connus cette semaine, font état dun chiffre daffaires global de 480 millions de DH, à hauteur de 50 % réalisés par le secteur avicole et 50 % par le secteur traditionnel des ruminants. Les 16 entreprises emploient à peu près 400 personnes. Depuis lan 2000, la fabrication sest quelque peu développée. Destin commun «Le domaine avicole industrialisé est totalement médicalisé, peut-être même surmédicalisé contrairement à celui des ruminants qui est sous-médicalisé. Ceci pour dire que, quand on regarde la valeur du chiffre daffaires qui est insignifiant par rapport au marché et totalisant 16 opérateurs seulement, cest vraiment minime par rapport au marché mondial», explique Dr. My Abdellah Lamraoui, Président de lAssociation nationale de la pharmacie vétérinaire et PDG de Fedavet En même temps, vu les prix des produits vétérinaires, dautres concurrents sont entrés en jeu, par la petite porte. Actuellement, le quart sinon le tiers des médicaments utilisés au Maroc, surtout dans lélevage avicole, émane de la contrebande ou de la contrefaçon. Et encore, le secteur nest pas au bout de ses peines puisque des marchés mondiaux se sont mêlés à la course. Même si les différents accords de libre-échange, signés avec le Maroc, nauront aucun impact direct sur les médicaments vétérinaires, les conséquences sont inévitables concernant la structure de lélevage au Maroc dans la mesure où cela peut influer sur lévolution du marché. «Cest pourquoi jai voulu mettre le parallèle entre la pharmacie vétérinaire et lévolution du secteur de lélevage. Parce que cest un corollaire et cest le développement et lévolution du cheptel qui vont déterminer les conditions futures du marché de la pharmacie vétérinaire», souligne Dr. Lamraoui. Jusquà maintenant ces accords suscitent une crainte pour le secteur avicole parce que nos prix sont à peu près deux à trois fois plus chers que ceux des Etats-Unis ou du Brésil. Ils sont également plus chers quen Europe. Aujourdhui, dautres zones exportatrices entrent en jeu, il sagit de lAsie malgré la menace de la grippe aviaire. «Notre problème est que nous sommes chers au niveau de la production. Nous risquons davoir des produits très bon marché qui viennent dailleurs. Maintenant, laccord avec les Etats-Unis nous accorde dici 2025 pour que la production avicole puisse retrouver une bonne compétitivité», explique Dr. Lamraoui. Mais voilà, le secteur est très peu structuré, la circulation des médicaments de contrebande y est prédominante et lEtat ne semble pas prendre au sérieux la concurrence qui risque de sinstaller dici peu.