Le marché est inondé par les produits européens. Le secteur exige des clauses de sauvegarde pour sortir du gouffre. Sonasid, le premier sidérurgiste au Maroc avec une part de marché de 53%, estime que l'environnement restera difficile au second semestre. La baisse de la demande au niveau national et la surcapacité enregistrée chez les producteurs du sud de l'Europe ont tiré les prix vers le bas et ont plombé les résultats de la société durant le premier semestre. Dans ce contexte, le résultat net s'est effondré à fin juin 2012. La société accuse une perte de 13 MDH contre un bénéfice de 92 MDH à fin juin 2011. Les revenus n'ont pourtant baissé que de 1,3% à 2,72 Mds de dirhams, mais une provision de 40 MDH sur créances et stocks pour risques avérés sur la filiale Longometal Armatures a été à l'origine de la dégringolade du résultat. Lors de la conférence de presse organisée par la société, le président du groupe, Ayoub Azami, a tenu à rappeler que ces résultats sont conformes aux prévisions. Questionné sur la filiale Longometal Armatures, il a déclaré que «l'impact de la filiale sur le plan des ventes est très réduit, c'est la provision pour risques averés sur cette filiale et qui est une charge propre à cet exercice qui nous impacte le plus». En terme d'exploitation, l'EBITDA du groupe régresse de 58% à 106 MDH. Selon le management du groupe, «la hausse des importations en provenance d'Europe, qui représentent maintenant 20% des ventes au niveau local, ont exercé une pression sur les prix de vente». La décélération du rythme des investissements au Maroc a également exercé un poids sur les prix. Pour rappel, Sonasid dispose de deux laminoirs. Le premier se trouve à Jorf Lasfar et assure une bonne dynamique et les coûts de transformation sont en amélioration continue sur ce site. Le deuxième laminoir se trouve à Nador. Ce dernier tourne à 70% de sa capacité selon le management, ce qui augmente les coûts fixes liés à la production et limite la flexibilité des prix. A ce sujet, Ayoub Azami déclare que «nous entreprenons de nouvelles mesures pour augmenter la productivité de ce site. Toutefois, aucun plan social n'est envisagé à court terme». Quant aux prévisions du deuxième semestre, le président de Sonasid a déclaré avoir une visibilité réduite à ce sujet. Mais, il s'attend à un environnement difficile au regard de la surcapacité du secteur. «Actuellement, la disponibilité est de 2,3 millions de tonnes d'acier, alors que le marché ne peut en absorber que 1,5», déclare-t-il. Selon le management, une relance de l'activité du secteur est tributaire de la dynamique des investissements publics et des orientations stratégiques du gouvernement en 2013. En attendant les dispositifs de la nouvelle Loi de Finances, Sonasid compte intensifier l'optimisation de ses coûts de production et consolider ses actions relatives à la distribution. La société attend également beaucoup de l'Association des sidérurgistes du Maroc (ASM). L'Association a lancé un processus de travail de fond avec les pouvoirs publics. Les sidérurgistes s'attendent en effet à la mise en place d'une clause de sauvegarde pour limiter les importations et à un plan d'action pour le développement des sociétés du secteur sans lequel une sélection naturelle pourrait se produire.