Le Maroc et Belgique sont deux hubs logistiques considérables dans leurs régions respectives. La coopération triangulaire, c'est-à-dire entre entreprises marocaines et belges vers le marché africain, est appelée à se développer. En marge de la mission économique Belge en visite au Maroc, Marc Trenteseau, ambassadeur de Belgique au Maroc, nous en dit plus, sur les complémentarités entre les deux économies.
Finances News Hebdo : Comment se portent aujourd'hui les relations commerciales entre le Maroc et la Belgique ? Marc Trenteseau : Nous avons à peu près 1 milliard d'euros d'échanges par an, d'après nos chiffres du commerce extérieur, donc environ 11 milliards de dirhams. Ce sont des chiffres tout à fait respectables. Cela couvre à la fois les exportations belges et les importations que nous faisons du Maroc. D'une manière générale, nous cherchons à augmenter les échanges. Dans le monde actuel, l'important est de développer des partenariats, que les entreprises puissent travailler ensemble vers d'autres marchés et, évidemment aussi, vers le marché marocain. Cela va de soi, c'est un pays en transition et en développement rapide. Il y a un vrai intérêt de nos entreprises pour le Maroc.
F.N.H. : Quelles sont vos attentes quant à cette mission ? M. T. : Il y aura d'une part des accords entre les entreprises. Nous prévoyons la signature de plus d'une vingtaine d'accords qui sont toujours en négociation entre sociétés marocaines et belges. Et puis, nous espérons que les contacts BtoB qui auront lieu, permettront de multiplier les collaborations et donc de dynamiser encore davantage les échanges entre nos deux pays.
F.N.H. : Vous avez parlé d'accords. Justement, quels sont, selon vous, les secteurs les plus porteurs pour les investisseurs belges ? M. T. : Dans le cadre de cette mission spécifique, il y a la logistique. Nos deux pays sont complémentaires, je dirais qu'il y a un intérêt pour le rôle du Maroc entre la Méditerranée et l'Atlantique, entre l'Europe et l'Afrique. Le Maroc est un hub logistique remarquable en Afrique du Nord, et la Belgique est un hub logistique tout à fait considérable au centre de ce qu'il y a de plus dynamique en Europe occidentale. Nous couvrons tout le Sud de l'Angleterre, les Pays-Bas, tout le Nord de la France, l'Ouest de l'Allemagne, et le Nord de l'Italie. Toute la zone la plus dynamique de l'économie européenne est concentrée autour de la Belgique. Notre pays s'est développé comme un hub logistique, et nous serions très heureux que des exportateurs marocains choisissent la Belgique comme point de départ des exportations vers l'Europe.
F.N.H. : Quels sont les autres atouts du marché belge pour les opérateurs marocains ? M. T. : La Belgique est souvent un laboratoire. Comme nous sommes un pays bilingue (nous avons à la fois une culture latine, française et germanique, néerlandophone), les gens qui veulent tester de nouveaux produits le font souvent en Belgique, parce que s'ils sont appréciés chez nous, ils le seront à la fois sur les marchés latins et germaniques, qui sont les deux grandes composantes en Europe. Le deuxième point est que la Belgique est, comme je le disais, un formidable hub logistique. Le marché belge est évidemment un marché riche, bien que limité, mais à partir de la Belgique, vous êtes très vite en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Suisse, en Italie. Nous sommes idéalement placés pour la distribution et sommes très bien équipés pour la distribution de produits étrangers.
F.N.H. : Le Maroc se positionne aussi comme un hub pour le continent africain. Les investisseurs belges ne voient-ils pas notre pays comme une opportunité pour pénétrer par la suite le marché africain ? M. T. : Absolument, d'ailleurs c'est l'un des objectifs de cette mission. Il y aura un séminaire organisé par l'Asmex qui portera plus spécifiquement sur la coopération triangulaire, c'est-à-dire entreprises marocaines et belges vers le marché africain. Et sur ce plan, nous sommes convaincus qu'il y a des complémentarités qui peuvent se développer.
F.N.H. : Pensez-vous que l'adhésion du Maroc à la CEDEAO changera quelque chose aux échanges commerciaux du Maroc avec l'Europe et quels en seront les enjeux selon vous ? M. T. : Le fait que le Maroc ait réintégré l'Union Africaine, et puis qu'il ait déposé sa candidature pour la CEDEAO, est accueilli très positivement, car cela démontre à la fois le bon accueil du Maroc par l'ensemble du continent africain et aussi son aura et sa capacité à développer des partenariats avec ces pays, en particulier en Afrique occidentale. En soi, la CEDEAO a des accords de libre-échange et de libre circulation des personnes, donc le Maroc est un partenaire privilégié. C'est un partenaire stratégique de l'Union Européenne, lié par des accords avec elle, mais pas au niveau de la Belgique. Du côté du Maroc et de l'Union Européenne, il faut trouver une issue pour pouvoir à la fois respecter les accords pris bilatéralement entre l'Union Européenne et le Maroc et les nouveaux engagements éventuels du Maroc vis-à-vis et avec la CEDEAO. ■