Saham Assurance va rembourser par anticipation un prêt de 800 MDH octroyé par le Fonds de solidarité des assurances. Une vieille polémique s'éteint.
Saham Assurance et son presque ancien propriétaire Moulay Hafid Elalamy vont enfin tourner la page du Fonds de solidarité des assurances, et avec elle, les polémiques qui ont gravité autour de cette aide publique pendant un peu plus de 10 ans. L'assureur va vendre des actifs pour rembourser cette dette 5 ans avant son échéance. Rafraîchissons-nous la mémoire : en 2006, le Groupe Saham rachète la compagnie d'assurances Essaada, à l'époque en grandes difficultés financières, pour la faire fusionner avec son autre compagnie CNIA, rachetée auprès de la CDG quelques années plus tôt. Cette opération clôturait un cycle de rapprochements dans le secteur et les actionnaires du groupe devaient faire vite pour éventuellement profiter des conditions de sorties royales offertes à l'époque par le marché boursier : acheter, transformer puis placer une partie en Bourse à des valorisations exceptionnelles, mais acceptées. Le sauvetage de la compagnie Essaada revêtait aussi un caractère «citoyen», du moins suffisamment pour pousser l'Etat à mettre sur la table un prêt de 800 MDH qui allait accompagner un apport en capital de 1,3 Md de dirhams de l'acquéreur. Dès lors, des voix ont commencé à s'élever avec des arguments pas toujours orthodoxes pour réclamer le remboursement de ce prêt. On reprochait tantôt à l'Etat d'aider un secteur privé libéralisé, tantôt à Saham de ne pas rembourser plus vite ce prêt, malgré l'amélioration de la santé de la compagnie rachetée. Ce deuxième argument a souvent été repris en chœur par les détracteurs de Moulay Hafid Elalamy, qui lui reprochaient de ne pas avoir respecté la tradition des compagnies qui ont profité de ce fonds auparavant et qui ont toujours remboursé leurs prêts par anticipation. Force est de constater que Saham fera finalement comme ces prédécesseurs.
Saham Assurance casse sa tirelire Ce prêt devait initialement être remboursé en deux échéances, la première de 400 MDH en octobre 2022 et le reliquat en avril 2023. Mais un Conseil d'administration réuni le 7 novembre, sous la présidence de Said Alj, en a décidé autrement. Il sera remboursé intégralement par anticipation. La compagnie explique que ce remboursement sera effectué, dans un délai de 3 mois, grâce à la cession d'actifs liquides issus de son patrimoine libre. On pense tout de suite à des actifs financiers. Mais la cession de ces actifs représentera un manque à gagner, étant donné que la compagnie ne profitera plus des revenus de ces placements liquides. Ce manque à gagner sera pris en charge en totalité en 2018 par Moulay Hafid Elalamy à sa demande, suite à la cession du contrôle de la compagnie à Sanlam. La décision de remboursement par anticipation de ce prêt se traduira par un désendettement de la compagnie plus tôt que prévu et aura un léger impact positif sur le résultat 2018. Sanlam hérite ainsi d'une compagnie moins endettée et cela faisait, peut-être, partie du deal. ■