En 2019, l'Etat compte récolter 5 Mds de DH à travers la cession de certaines de ses participations au secteur privé. Benchaâboun veut profiter des privatisations budgétisées pour dynamiser le marché boursier.
Nous y sommes. Le gouvernement vient d'officialiser le programme de privatisation, dans le cadre notamment du projet de Loi de Finances 2019. Au mois de juillet dernier, le ministère des Finances, dirigé à l'époque par Mohamed Boussaid, avait déjà annoncé la couleur. «Des études et des analyses d'ordre stratégique sont en cours pour identifier parmi les entreprises et établissements publics (EEP) des entités pouvant enrichir le potentiel des privatisables», avait confié la tutelle à Finances News Hebdo. Trois mois plus tard, l'Exécutif semble avoir de la visibilité pour une reprise des opérations de privatisation gelées depuis 2008. Et ce, dans le cadre d'une gestion active du portefeuille public, composé de 209 établissements publics, 44 sociétés anonymes à participation directe du Trésor et 466 filiales ou participations publiques. L'objectif pour 2019 est donc de glaner 5 Mds de DH à travers la cession de certaines participations étatiques au secteur privé. Il s'agira ainsi, comme indiqué dans le rapport sur les établissements et entreprises publics qui accompagne le PLF 2019, «de mettre en place un dispositif permettant de réaliser des opérations de transferts opportunes, dans des délais courts en phase avec les possibilités offertes par le marché, selon des procédures adaptées au contexte de chaque opération». Cette ouverture du capital de certaines entreprises publiques concernera donc prioritairement celles ayant atteint un stade de maturité, opérant dans des secteurs ouverts à la concurrence et présentant les prérequis nécessaires. Autrement dit, cela dépendra du caractère stratégique ou non de l'entité et son rôle dans l'accomplissement des politiques publiques, ses missions de service public, le niveau de maturité du secteur dans lequel elle évolue, sa viabilité économique et financière… Bref, il s'agira d'entités saines pouvant présenter un certain attrait pour le secteur privé en termes de rentabilité et de potentialité de développement. Si le gouvernement ne donne pas la liste exhaustive des privatisables, plusieurs entreprises semblent répondre aux critères arrêtés, comme notamment Maroc Telecom, Marsa Maroc, Royal Air Maroc, CIH Bank, l'ONDA, voire l'Office chérifien des phosphates.
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Un nouveau souffle pour la Bourse Le retour des opérations n'est pas un choix, mais plutôt une nécessité dictée par la configuration du Budget 2019. Un budget qui a une connotation sociale et solidaire très prononcée, au regard des secteurs érigés en priorité comme l'enseignement, la santé ou encore l'emploi. Rien que pour l'enseignement et la santé, deux secteurs qui font l'objet de réformes profondes, le projet de Loi de Finances 2019 prévoit un budget global de 96 Mds de DH, dont 68 Mds de DH consacrés uniquement à l'éducation. Cette dimension sociale s'accompagne d'une contrainte majeure : la nécessité de préserver les grands équilibres macroéconomiques et, notamment de contenir le déficit budgétaire, lequel devrait s'établir à 3,7% (hors privatisation) en 2019 et 3,3% y compris les privatisations. Pour renflouer ses caisses et maîtriser le déficit, l'Etat devra donc céder (totalement ou partiellement) quelques-uns de ses joyaux. Dans ce schéma, le ministre de l'Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, a fait un clin d'œil au marché boursier, lors de la conférence de presse qu'il a tenue mardi. «Nous allons profiter des privatisations budgétisées pour dynamiser le marché boursier», a déclaré l'argentier du Royaume. En cela, l'Etat a le choix entre apporter du papier neuf de qualité ou céder ses parts dans des entreprises déjà cotées en Bourse, ce qui permettra d'apporter plus de liquidités sur le marché boursier. A noter par ailleurs que ces opérations de privatisation seront couplées à une sortie à l'international pour lever de la dette. Cette sortie est prévue début 2019, selon Benchaâboun. ■
Des recettes de 103 Mds de DH depuis 1993 Depuis 1993, ce sont au total 51 sociétés et 26 établissements hôteliers qui ont été transférés au secteur privé, totalement ou partiellement à travers 120 opérations. A fin 2017, les recettes totales de ces opérations de privatisation ont atteint près de 103 Mds de DH, y compris les opérations de cession réalisées dans le cadre des dispositions de l'article 9 de la loi précité pour 12,6 Mds de DH.