Plusieurs promoteurs ont boudé l'activité ou revu à la baisse leur businessplan, par manque de visibilité. L'arrivée des MRE depuis le mois de juin n'a pas donné les effets escomptés. Pour séduire, les opérateurs tablent sur les petites superficies et des prix réduits.
Le segment des résidences balnéaires connaît un essoufflement notoire qui s'accentue au fil des mois. Les promoteurs ont misé sur la période estivale pour redresser un tant soit peu la situation, mais la demande reste nettement en deçà de l'offre. Les différentes promotions, les packs ou avantages octroyés ont eu des effets limités. En plus, l'arrivée des MRE pendant la période estivale n'a pas donné les effets escomptés. Dans la périphérie de Casablanca, notamment à Dar Bouazza, Sidi Rahal, Mansouria, Mohammedia et Bouznika, une floraison de projets a vu le jour qui, depuis quelques années trouve beaucoup de difficultés à être écoulés. A la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), le discours est plutôt nuancé, et on préfère parler d'un ralentissement modéré. «Il s'agit plutôt d'une hausse importante de l'offre qui dépasse les potentialités de la demande. Plusieurs investisseurs qui n'ont rien à voir avec le métier, ont investi le créneau espérant réaliser des gains rapides et faciles, mais ils ont été confrontés à la dure réalité du marché. Les opérateurs professionnels arrivent à tirer leur épingle du jeu mais les autres ont faussé le jeu, créant une vive concurrence. Une pression à la baisse sur les prix et sur la qualité des produits est enclenchée», explique Driss Nokta, vice-président de la FNPI. Ce recul de la demande a impacté sérieusement certains promoteurs qui ont contracté des crédits importants et qui n'arrivent pas à honorer leurs engagements.
Stock en hausse
Certains opérateurs du secteur sont poursuivis par la justice du fait qu'ils ont reçu des acomptes des acquéreurs et qu'ils n'ont pas pu livrer les logements à temps. Par ailleurs, le marasme qui secoue l'activité, a augmenté le volume du stock commercialisable et, par ricochet, le nombre de logements clés en main. Auparavant, la quasitotalité des achats était réservée sur plan. Il fallait attendre deux à trois ans pour être livré. «J'ai lancé mon projet de résidence balnéaire, il y a 6 ans. Les travaux ont duré trois ans. Je n'ai pu commercialiser sur plan que 25%. Actuellement, j'ai atteint seulement 50% de logements liquidés, et ce malgré la baisse des prix de plus de 20%», souligne Abdelhak Laraki, promoteur dans la région de Tamaris. Et d'ajouter : «Au début, j'avais prévu trois phases dans mon projet puisque j'avais mobilisé un foncier important, mais je me suis arrêté à la première phase dans l'attente de jours meilleurs. Le plus important est d'éponger mes dettes vis-à-vis de la banque». Ce cas n'est pas isolé. Une simple visite dans la région de Dar Bouazza ou à Mansouria montre clairement que plusieurs chantiers sont à l'arrêt, leurs initiateurs n'ont pas jugé opportun de continuer les travaux par manque de visibilité. Partant du fait que le prix est un facteur d'achat déterminant chez les Marocains, les tendances du marché penchent de plus en plus sur des produits moyen standing dont la fourchette des prix est comprise entre 9.000 et 12.000 DH le m2. Les superficies des logements sont également revues à la baisse pour être facilement écoulées. «De nombreux appartements proposés sur le marché sont de type deux à trois pièces dont la surface ne dépasse pas 70 m2. C'est la gamme de produits la plus demandée et la plus prisée par la clientèle. Les prix sont compris entre 700.000 et 900.000 DH», souligne à ce titre Abdellatif Mahmoudi, agent immobilier. Pour le futur, les promoteurs repositionnent leurs offres. «La concurrence acharnée sur le marché a fait que les offres doivent s'adapter aux exigences des clients. Les produits proposés sont de plus en plus orientés vers la classe moyenne du fait que certains acquéreurs choisissent ces résidences comme logement principal fuyant l'encombrement et la pollution à Casablanca», précise Mahmoudi. Bref, tout laisse présager que la crise qui marque le segment des résidences secondaires semble bien partie pour durer quelques années encore. ■
Infrastructures de base défaillantes L'essor urbanistique que connaissent les régions de Dar Bouazza et Mansouria n'a pas suivi au niveau du développement des infrastructures de base, et ce bien que les collectivités locales concernées bénéficient de ressources importantes. En effet, les routes d'accès n'arrivent pas à assurer convenablement la fluidité nécessaire durant les heures de pointe, l'éclairage public est insuffisant et le ramassage des ordures n'a pas encore atteint le niveau souhaité. Force est de constater que ces communes jadis à vocation rurale, ont intégré le périmètre urbain sans que les dispositions nécessaires n'aient été prises par les autorités.