ALM : Quel constat faites-vous de l'évolution du marché de l'immobilier? Youssef Iben Mansour: Il faut d'abord rappeler que le bilan du secteur de l'immobilier a été positif durant l'année 2011. Ceci a été confirmé par le bilan dressé par le ministère de l'habitat pour cette même année et confirmé par les conclusions de l'étude réalisée par le Centre marocain de conjoncture en janvier 2012. Par ailleurs, si nous prenons chaque segment du secteur séparément, nous constatons que 2011 a été marquée par la forte implication des promoteurs immobiliers dans le programme des logements sociaux. Au début du mois d'avril 2012, le nombre de projets en démarrage s'élève à 166, totalisant 124.700 logements mis en chantier. Quant aux conventions, elles s'élèvent à 574 contrats déposés par 523 promoteurs immobiliers portant sur la construction de 977.850 logements. Ceci est principalement dû à la nouvelle dynamique de relance du logement social insufflée par la loi de Finances 2010. Le segment du moyen standing quant à lui souffre d'une inadéquation avec les besoins du marché due à une demande importante de la classe moyenne. La FNPI a proposé dans ce sens une batterie de mesures à même de répondre aux besoins de la classe moyenne en termes de logements grâce à la mise sur le marché d'un nouveau produit spécialement dédié à cette catégorie sociale. Le haut standing, lui, a subi une légère correction dans certaines villes, mais ce segment reste conditionné d'une manière générale par la règle mécanique de l'offre et de la demande.
Avec la flambée des prix, comment voyez-vous l'avenir du secteur de l'immobilier? Il faut préciser que les facteurs déterminants dans la définition des prix sont d'abord le foncier, qui devient de plus en plus rare face à une demande de plus en plus importante. L'incidence foncière devient alors trop importante sur un logement. D'autre part, la complexité des procédures administratives et les retards dans l'instruction des dossiers posent un sérieux problème aux promoteurs immobiliers dont les projets restent parfois gelés et constituent pour eux un manque à gagner énorme récupéré parfois par la hausse des prix. En termes d'information, le marché n'est pas doté d'un observatoire de l'immobilier fiable, pouvant proposer une vision à moyen ou long terme sur l'évolution des prix de l'immobilier et les opportunités d'investissement. Tous ces facteurs ne nous permettent pas de prévoir une quelconque baisse ou augmentation des prix. Ce qui est recommandé en tous les cas c'est de ne plus attendre mais de concrétiser rapidement sa décision d'achat. Et le marché des MRE? Les Marocains résidant à l'étranger s'intéressent à tous les segments, dépendamment de leurs besoins et de leurs objectifs de revenir s'installer au Maroc à moyen ou long terme. Certains ont une préférence pour les produits balnéaires et touristiques mais préparent parfois leur retour en investissant dans le haut ou le moyen standing. Par ailleurs, une dynamique a été observée dans le logement social chez cette catégorie d'acquéreurs depuis qu'une circulaire interministérielle accorde la possibilité aux MRE d'acquérir un logement social d'une ville de leur choix. Nous comptons également sur le SIMAR, Salon international de l'immobilier du Maroc, organisé par la FNPI dans sa deuxième édition du 28 juin au 1er juillet, pour présenter à nos compatriotes installés à l'étranger les différents produits immobiliers qui leur sont proposés à travers le Royaume.
Quelles sont les nouvelles dispositions de la relance sociale au Maroc dans le marché de l'immobilier? Le loi de Finances 2012 a apporté deux nouveautés essentielles. La mise en place d'un nouveau produit pour le logement locatif à partir de 2012 auquel nous souhaitons plein succès ainsi que le réaménagement du produit à faible VIT (140.000 DH).
Comment décrivez-vous l'état des transactions du secteur? Il existe un indice des prix des transactions immobilières élaboré conjointement par l'ANCFCC et Bank Al-Maghrib qui retrace trimestriellement l'évolution des transactions immobilières sur les ventes répétées. L'évolution de ces transactions obéit à des règles conjoncturelles et varie en fonction des périodes. Bien que nous ne disposions pas d'outils qui recensent l'évolution de l'ensemble des transactions au niveau national y compris celles du neuf, nous pouvons affirmer, sur la base de ce qui nous est communiqué, que la tendance est à la hausse d'une année à une autre compte tenu du déficit enregistré et du nombre important des mises en chantier et des unités vendues tous segments confondus. Qu'en est-il des ventes du logement économique et du moyen standing? La nouvelle dynamique insufflée au logement social fait qu'un grand nombre de promoteurs immobiliers s'inscrivent dans ce grand chantier national. Le besoin estimé en logements est de 840.000 avec un objectif de production pour la période 2012-2016 de 170.000 unités de logements. L'engouement pour le logement social est tel que certains projets sont vendus en totalité avant même d'être achevés. C'est le cas pour les grandes villes notamment où la demande est très forte. Pour le moyen standing, le problème ne se pose pas non plus, encore faut-il qu'il soit disponible compte tenu de l'absence de produits adaptés et en quantité suffisante eu égard à la rareté et à la cherté du foncier principalement. Quelles sont les attentes de la FNPI pour cette année 2012? Depuis toujours la FNPI a milité pour l'amélioration des conditions d'investissement des promoteurs immobiliers en général et l'amélioration des outils favorisant la solvabilisation des acquéreurs. Ceci passe par une batterie de mesures, notamment l'amélioration des conditions d'octroi des autorisations de construire et la simplification des procédures administratives, la mobilisation du foncier urbanisable, la production des documents d'urbanisme et principalement les plans d'aménagement, l'amélioration du cadre réglementaire et juridique lié à la profession et enfin la poursuite du financement par le secteur bancaire aussi bien pour les professionnels que pour les acquéreurs. Nous nous attendons à ce que l'ensemble de ces mesures, que nous avons détaillées dans le cadre d'un mémorandum adressé au gouvernement, soient examinées en profondeur durant cette année.