Malgré la baisse des taux d'intérêt, la demande ne suit pas. Certains professionnels admettent ce trend baissier, mais sont confiants pour 2018. Tous les indicateurs confirment que l'immobilier traverse une conjoncture défavorable. Cette tendance à la baisse, qui a démarré il y a déjà quelques années, semble se poursuivre, et tout laisse présager que 2018 ne sera pas meilleure. Les mises en chantier accusent une régression de 16% tandis que les constructions sont en baisse de 9%. La production du ciment a reculé, elle, en moyenne de 10% ces 5 dernières années. Selon Bank Al-Maghrib, au cours du troisième trimestre de cette année, le nombre de transactions des actifs immobiliers a baissé de 1,4% affichant une baisse de 2,4% pour les appartements et 3,3% pour les biens à usage commercial.
En glissement annuel, les transactions accusent un recul de 18,7%, avec notamment une baisse de 21,9% pour les appartements, 8,1% pour les biens à usage commercial et 7,4% pour le foncier. A Rabat et Marrakech où le nombre des transactions a connu un net fléchissement, la baisse est respectivement de 32% et 14,1%. «Entre 2011 et 2015, nous avons assisté à un mouvement de ralentissement de l'activité. Actuellement, nous sommes dans une phase de régression. Plusieurs promoteurs ont dû revoir leur programme d'investissement. Il n'y a pas de visibilité, l'offre est abondante et la demande ne suit pas», explique Abdellatif Mahmoudi, agent immobilier. La crise que connaît le secteur, a frappé de plein fouet certaines villes comme Marrakech, Agadir et Tanger, mais d'autres comme Casablanca et Rabat qui étaient jusqu'à un passé récent épargnées, semblent actuellement touchées par ce marasme.
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30% des promoteurs n'ont pas lancé de projets cette année
Driss Nokta, président de l'Association des promoteurs immobiliers du Grand Casablanca (Aprim), nuance ce constat. «Effectivement, 30% des promoteurs n'ont pas lancé de projets cette année, ils sont dans une phase de déstockage. Mais il faut relativiser. A Casablanca, par exemple, l'évolution de l'activité diffère d'un secteur à un autre. C'est dans les nouvelles zones ouvertes à l'urbanisme comme Dar Bouazza ou Bouskoura où l'offre excède la demande. A l'intérieur de la ville, la situation est tout à fait différente. Nous sommes confiants pour 2018, la demande doit reprendre et les prix aussi, surtout que les coûts de production ont nettement augmenté avec la flambée du foncier», souligne Driss Nokta. Il précise que «le secteur a été biaisé par l'arrivée des intrus qui ont perturbé le marché. Actuellement, seuls les professionnels qui maîtrisent parfaitement l'activité et qui ont une présence historique continuent d'opérer». Par ailleurs, il faut noter que le dynamisme économique et démographique que connaissent les grandes villes du pays n'a pas pu maintenir un rythme constant de croissance de l'immobilier. Les offres sont hors de prix pour la plupart des acquéreurs, surtout la classe moyenne qui ne trouve pas de produit adapté à ses besoins. Face à ce constat, les opérateurs ont dû réduire les prix et mener une vaste opération de déstockage. La baisse des taux de crédit n'a pas soutenu l'activité et la correction du marché risque de perdurer un certain temps. ■