- Les ressources ne suivent pas le développement rapide de l'activité. - La profession réfléchit à de nouveaux modèles de refinancement.
Les tensions sur les ressources des banques participatives commencent à se faire sentir. Les observateurs les plus avertis l'ont constaté à l'occasion des publications annuelles de ces banques, où les ressources clientèle sont limitées, alors que les banques font face à une forte demande de financements, limitant ainsi leur capacité de transformation. A la demande de la clientèle, s'ajoutent les investissements de départ relativement lourds. Certains établissements se sont dotés de sièges sociaux et doivent tous investir dans le réseau et les systèmes d'information. Tout cela se finance par fonds propres. Les professionnels ne s'en cachent pas d'ailleurs. Mohamed Maârouf, Directeur général de BTI Bank, estime que ces banques peuvent financer le double de leurs dépôts. Mais, pour cela, les instruments de refinancement sont nécessaires. Même son de cloche de la part de Youssef Baghdadi, DG de Bank Assafa, qui soulève un risque de dépôts qui peut peser sur la compétitivité des banques participatives. Pour lui, ces établissements peuvent perdre en compétitivité si la collecte gratuite ne se développe pas rapidement, surtout que les banques conventionnelles ont appris à maîtriser le coût de leurs ressources.
Absence d'un circuit interbancaire
Au démarrage des banques participatives, les professionnels estimaient que les fonds propres étaient suffisants pour assurer les premiers mois de l'activité en attendant la mise en place d'un circuit interbancaire dédié. Le délai de grâce semble épuisé. Le circuit monétaire attendu, supposé étanche, n'est pas possible sans une première émission de Sukuks souverains, donnant aux banques une référence au niveau du pricing pour des émissions similaires. Or, malgré la large excitation médiatique de ces derniers jours, les opérateurs n'ont toujours pas de visibilité sur cette première émission. Ikhlas Mettioui, directrice de la gestion de l'épargne au sein de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), ne souhaite pas s'avancer sur un calendrier, surtout que le dossier est chez le secrétariat général du gouvernement (SGG). Elle explique qu'après l'amendement récent de la loi sur la titrisation et la précision de certaines modalités de fonctionnement (on sait par exemple que le dépositaire, dans le cadre d'une émission de Sukuks, doit être une banque participative et que l'Etat n'a pas besoin d'un document d'informations pour sortir en Sukuk, le règlement de gestion du fonds suffit), le travail a repris sur l'arrêté du ministère. La prochaine étape est donc d'attendre sagement que le Conseil supérieur des Oulémas (CSO) valide les textes. L'AMMC estime qu'un travail de pédagogie est nécessaire pour familiariser les parties prenantes avec les contraintes du marché des capitaux. Des professionnels pensent que décembre 2018 serait un scénario «optimiste».
Une alternative au Sukuk
En attendant le Sukuk souverain, les opérateurs se penchent sur des solutions alternatives. La meilleure option serait une amélioration des dépôts à vue, un objectif difficile à piloter et à atteindre à court terme. Nous apprenons également de plusieurs sources concordantes que les banques participatives travaillent sur des contrats type qui leur permettraient de se refinancer auprès de leurs actionnaires. Ces contrats, vraisemblablement sous forme de Wakala Bil Istithmar ou Wakala, permettraient d'injecter du cash dans les banques sans attendre l'arrivée des Sukuks. Selon nos informations, une banque participative de la place serait bien avancée sur ce projet, et les autorités monétaires semblent avoir donné leur aval. Si le CSO l'accepte, cela ouvrirait la voie à cette forme de refinancement. Selon plusieurs banquiers rencontrés lors du IFN Forum Morocco, qui se tenait récemment à Casablanca, et où nous avons recueilli les propos cités plus haut, il y aurait urgence. ■
Takaful : 5 textes dans le circuit 5 projets de textes d'application concernant le Takaful sont actuellement dans le circuit. Il s'agit tout d'abord du projet d'arrêté du ministère, qui fixe notamment la rémunération des compagnies d'assurances, 2 projets de circulaire sur les conditions spécifiques aux contrats et 3 autres textes sur les conditions générales des contrats type. Ces textes ont fait l'objet de réunions entre l'autorité de contrôle (ACAPS) et les compagnies, avant d'être soumis au CSO, qui les examine actuellement. D'ailleurs, des membres du CSO sont en formation actuellement en Malaisie et au Bahrain sur ces sujets. Dès réception de l'avis du CSO, les textes passeront en commission de régulation de l'ACAPS, avant leur publication.