- Le groupe bancaire consolide sa place de premier financeur de l'économie et de premier collecteur d'épargne. - Croissance à deux chiffres du PNB et du RNPG consolidés. - Attijariwafa Egypt entame une profonde mutation en 2018.
Pour qui veut comprendre les desseins et la culture maison d'Attijariwafa bank, les choses sont assez limpides : la banque doit être première partout ! Mohamed El Kettani, PDG du groupe bancaire, l'a encore une fois clairement exprimé à l'occasion de la présentation des résultats annuels : «notre mot d'ordre, c'est de toujours faire mieux que la concurrence», que ce soit en matière de collecte de l'épargne, de distribution de crédit ou de maîtrise du coût du risque. Le groupe revendique ainsi le titre de premier collecteur de l'épargne avec près de 440 milliards de DH à fin décembre 2017, en hausse de 8,8% (contre une hausse de 5% des dépôts pour le secteur). Notons que ce chiffre englobe le total des dépôts de la clientèle, l'encours de gestion d'actifs ainsi que l'encours de la bancassurance. Le constat est le même pour les crédits distribués qui, en comptes consolidés, ont progressé de 5,5% en 2017 à 286 milliards de DH (contre 3% pour le secteur). Ce qui fait dire au management du groupe qu'Attijariwafa bank est le premier financeur de l'économie. «Nous avons une part de marché de 27% dans les crédits sains, et sur les crédits d'investissement nous sommes de loin leader, avec une part de marché de 35%», indique El Kettani. La banque revendique aussi le leadership sur le coût du risque. «Avec un taux de 5,4%, nous avons le niveau le plus bas du secteur en matière de taux de contentialité», se réjouit le président, qui note au passage une légère amélioration de la qualité des actifs au niveau sectoriel. Ces réalisations en matière de collecte des dépôts et de crédits distribués sont le fruit de l'impressionnante force de frappe commerciale de la banque, qui s'appuie sur un très large réseau de distribution, «le plus grand du continent», avec pas moins de 4.306 agences. Rien qu'en Afrique, le groupe a ouvert en 2017 plus de 330 nouveaux points de vente. A Maroc, le réseau atteint 3.407 unités à fin décembre 2017, ce qui en fait le maillage le plus dense du Royaume. Sur l'année écoulée, ce sont 213 agences supplémentaires qui ont vu le jour. Autre chiffre remarquable : la banque a recruté près d'un demi-million de nouveaux clients au Maroc en 2017 ! Cette agressivité commerciale se retrouve bien sûr dans les résultats financiers de la banque. Le produit net bancaire (PNB) consolidé à fin 2017 dépasse pour la première fois les 20 milliards de DH (21,6 milliards de DH exactement), en croissance de 10% par rapport à 2016. La marge d'intérêt, qui pèse pour près de 60% de ce PNB, progresse de 11,2%, tandis que celle sur commission (22% du PNB) progresse de 8,3%. Plus surprenant, le résultat des activités de marché, qui représente désormais 18% de la structure du PNB, affiche une croissance de 14,5%, malgré un effet de base exceptionnel en 2016. «C'est un véritable tour de force», commente Ismail Douiri, Directeur général du groupe. Soulignons que la Banque de détail à l'international (BDI), qui englobe le réseau de banques locales basées dans les pays du Maghreb et d'Afrique subsaharienne, pèse de plus en plus dans les revenus du groupe. Le PNB de la BDI a progressé en 2017 de 23%, et son poids dans le PNB consolidé est passé de 29% en 2016 à 33% en 2017. Le résultat net part du groupe (RNPG) affiche également une progression à deux chiffres (+13,3%) à 5,4 milliards de DH. A périmètre constant, c'est-à-dire en neutralisant les effets périmètres liés aux opérations capitalistiques sur Wafa Assurance et Barclays Egypt, le RNPG afficherait une croissance de 11,3%. Attijariwafa Egypt pèse déjà à périmètre constant pour près de 10% du RNPG du groupe. La filiale égyptienne a dégagé un produit net bancaire et un résultat net en hausses respectives de 27,1% et 67,8% entre 2016 et 2017. La banque au Maroc, elle, continue de fournir le gros des bénéfices avec une contribution au RNPG de 54%. «Contrairement à ce qui est dit, l'année fut très bonne au Maroc. Ce n'est pas l'Egypte qui a tiré la croissance», a tenu à préciser Ismail Douiri. «La demande de crédits décolle, et nous avons réussi un bon pilotage de notre marge d'intérêt, avec un effort sur le coût de la ressource. Quand la conjoncture s'améliore au Maroc, nous sommes les premiers à en tirer bénéfice», a-t-il ajouté.
L'un des grands chantiers de l'année 2018 porte sur ce que l'on peut appeler la «marocanisation» d'Attijariwafa Egypt, anciennement Barclays Egypt, qui est consolidée dans les comptes du groupe depuis le mois de mai 2017. Désormais deuxième plus grande entité du groupe et la plus rentable avec un ROA de 4%, la filiale égyptienne d'Attijariwafa bank est en passe de connaître de profondes transformations dans le cadre d'un plan stratégique à horizon 2022. Le management de la banque n'a pas manqué d'expliquer les contours de cette stratégie pour contrer la baisse des activités de marché attendue en Egypte, où la Banque centrale égyptienne a démarré la normalisation de sa politique monétaire qui devrait amener de nouvelles baisses de taux. Cette stratégie 2018-2022 consiste en premier lieu en l'élargissement du champ d'activités d'Attijariwafa Egypt en allant explorer le front du retail, pour accroître les revenus de cette filiale actuellement presqu'entièrement dédiée aux activités Corporate, de banques privées et de Trading. «L'activité de banque de détail, telle que nous la connaissons au Maroc, n'existe pas en Egypte. Nous souhaitons nous différencier sur le marché égyptien et servir toutes les clientèles, depuis la PME jusqu'aux particuliers, tout en continuant à être présents sur le marché de capitaux très rentable», explique El Kettani. Le réseau d'Attijariwafa Egypt est actuellement composé d'une cinquante d'agences. Le management souhaite augmenter sa force de frappe en s'inspirant du modèle marocain, notamment en termes de gestion du risque et de conduite de la performance. Outre la banque de détail, Attijariwafa bank veut faire profiter ses clients Corporate en Egypt de sa présence en Afrique francophone. «Les industriels en Egypte sont compétitifs, surtout après la dévaluation de la monnaie. Ils ont développé des compétences à l'export et nous pourrions les accompagner pour atteindre de nouveaux marchés en Afrique francophone», indique Mohamed El Kettani. Le deuxième gros chantier «égyptien» qui mobilise la maison-mère, porte sur le basculement du système d'information géré par Barclays à un système géré par Attijariwafa bank. Ce basculement devrait être achevé au cours du mois de juin. Le management d'Attijariwafa bank a par ailleurs indiqué qu'une première remontée de dividende depuis la filiale égyptienne sera proposée dès cette année. Un Conseil d'administration devrait d'ailleurs être tenu prochainement. ■
Bank Assafa : Démarrage «très» encourageant Le management du groupe Attijariwafa bank n'a pas souhaité communiqué de chiffres sur le démarrage de sa filiale participative, Bank Assafa, ni sur les dépôts ni sur les financements. «Il serait prématuré de donner des chiffres et de faire des analyses», a justifié Mohamed El Kettani. Toujours est-il que Bank Assafa devrait publier ses indicateurs financiers dans les semaines à venir. «Le démarrage est très encourageant. Ils veulent être leader, et les premiers pas vont dans ce sens, a ajouté le président». Bank Assafa devrait également profiter du transfert des encours de l'ex-Dar Assafa, qui était une société de financement. Ce transfert, susceptible de «propulser» l'activité de la filiale participative du groupe, est actuellement négocié entre Bank Assafa et les autorités monétaires. Mohamed El Kettani a indiqué être satisfait de l'activité de Bank Assafa depuis le démarrage effectif des banques participatives. Il a également salué la capacité de la banque à respecter les dispositions réglementaires prévues pour les banques participatives, notamment en termes de procédures. Le patron d'Attijariwafa bank a par ailleurs confirmé la validation par le CSO des contrats type sur la Mourabaha automobile qui devraient constituer, à côté de la Mourabaha immobilière, les seuls produits de financement disponibles pour le moment. ■