L'effet du contrôle fiscal a été rattrapé. Le PNB affiche une progression à deux chiffres. La stratégie digitale séduit la clientèle.
«Nous avons eu une bonne année». C'est la conclusion à laquelle a abouti le top management de CIH Bank, à la lumière notamment des performances dégagées par l'établissement bancaire au titre de l'exercice 2017 (voir encadré). CIH Bank a ainsi pu tirer profit du contexte favorable qui a prévalu l'année dernière, caractérisé, entre autres, par un taux de croissance économique d'un peu plus de 4%, un environnement bancaire marqué par la baisse des niveaux de risques et un meilleur comportement de secteurs auparavant en difficulté, comme l'immobilier. Secteur dans lequel d'ailleurs CIH Bank est fortement présent, d'autant que les crédits immobiliers représentent 65,3% des crédits clientèle consolidés, lesquels s'élèvent à 40,3 Mds de DH (+9,9% par rapport à 2016), au moment où les ressources consolidées affichent une progression de 12,3% à 31,9 Mds de DH. Des dépôts dont la décomposition montre une bonne progression de 25,3% à 7 Mds de DH des dépôts à terme. «Une hausse qui s'explique par l'activité de la Banque privée qui s'est bien comportée en 2017», précise Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank. Cette très bonne dynamique commerciale est sous-tendue par l'agressivité dont a fait preuve la banque, qui a élargi sa surface de frappe en 2017 avec l'ouverture de 10 nouvelles agences (portant le réseau à 267 agences).
Agressivité sur le digital
CIH Bank a également intensifié son offensive sur le digital. Le lancement des offres Code 30 «Gratuité à vie» et Code 18 et le renforcement des ouvertures de comptes en ligne (CIH Online) s'inscrivent dans cette optique, tout comme la convention signée avec la Direction générale des impôts relative à la dématérialisation de la restitution de l'IR au titre des intérêts de prêts pour l'acquisition ou la construction de logements. Le mécanisme de suivi de la consommation des devises sur mobile loge aussi à la même enseigne. «Notre banque est le seul établissement de la place à proposer ce service», indique Rahhou. Et à en croire le PDG de CIH Bank, cette stratégie de digitalisation agressive est favorablement accueillie par la clientèle. «Le site enregistre actuellement 2 millions de transactions par mois et le nombre de virements sur mobile dépasse maintenant ceux effectués de manière “classique”», ajoute-t-il. C'est d'ailleurs avec fierté que Rahhou annonce que «CIH Bank est aujourd'hui à la pointe du digital et compte boucler cet énorme chantier d'ici la fin de l'année». «Nous allons poursuivre notre démarche avec le paiement mobile en lançant sur le marché, dès mars prochain, les premiers comptes mobiles», poursuit-il, l'objectif étant, in fine, d'offrir une palette complète de services digitalisés à fin 2018, «afin que le client puisse se balader avec sa banque dans sa poche». CIH Bank compte ainsi bien profiter de cette nouvelle fenêtre de tir (paiement mobile) ouverte par Bank Al-Maghrib, et dont le cadre réglementaire a été finalisé tout récemment, avec quand même une particularité: «le Maroc est le premier pays au monde qui lance le paiement mobile dans un système interopérable», insiste Rahhou. De quoi soutenir l'activité et la performance de la banque en 2018 ? Certainement. Quoique le secteur bancaire devra aussi composer avec une «concurrence» nouvelle, notamment les établissements de paiement (www.fnh.ma), mais également les nouvelles normes réglementaires IFRS 9 qui vont avoir un impact certain sur les fonds propres. Le tout, dans un contexte où les banques participatives connaissent un démarrage timide, vu que tout l'écosystème réglementaire devant leur permettre de développer sensiblement leurs activités n'est pas encore complet. Actuellement, ne sont effectuées que les opérations liées à la Mourabaha Immobilier. Ce qui n'empêche pas Umnia Bank, la filiale participative de CIH Bank, d'occuper le terrain. Avec ses 11 agences, elle revendique un total bilan de 502 MDH, pour des créances clientèle de 101,4 MDH et des dépôts qui atteignent 181,7 MDH. «Nous espérons pouvoir proposer de nouveaux produits d'ici la fin de l'année si le cadre réglementaire le permet», précise Rahhou.
Le PNB consolidé en hausse de 10,2% Le Groupe bancaire a pu absorber l'impact du contrôle fiscal qui a touché et CIH Bank et Sofac. Ainsi, à fin décembre 2017, le total bilan consolidé s'établit à 53,6 Mds de DH, en hausse de 11,9% par rapport à 2016. Le PNB consolidé enregistre une progression à deux chiffres (10,2%) pour s'établir à 2 Mds de dirhams, bénéficiant, entre autres, de la croissance de la marge nette d'intermédiation de 4,1% à 1,5 Md de DH. Le coût du risque passe d'un exercice à l'autre de 116,1 à 58,1 MDH grâce à une bonne maîtrise des risques, ce qui a positivement impacté le résultat d'exploitation (+3,99% à 660,5 MDH). Le taux du coût du risque se situe ainsi à 0,14% contre 0,30% auparavant, pour un taux de créances en souffrance en hausse de 12 points de base à 6,81%. Au final, le résultat net part du groupe ressort à 435,7 MDH (-0,3%), quasi stable par rapport à l'exercice 2016, et aurait augmenté de 11,5% hors impact du contrôle fiscal. Rappelons que le résultat de CIH Bank intègre une composante liée au règlement des dossiers historiques : il se solde par des recouvrements et/ou des cessions d'actifs. «En 2017, 40 MDH ont été recouvrés et il y a encore du mou», note Rahhou. Quant aux cessions d'actifs, un appel à manifestation d'intérêt a été lancé pour les hôtels Tivoli et Sangho. «C'est en cours et nous sommes confiants. Il y a de bonnes chances que ces hôtels prennent encore de la valeur, au regard notamment de la bonne tenue du secteur touristique», assure Rahhou. A noter qu'en social, CIH Bank dégage un PNB de 1,6 Md de DH (+8,9%) et un résultat net de 445,5 MDH, en léger recul de 1,4% (+10,1% hors impact du contrôle fiscal). La banque proposera la distribution d'un dividende ordinaire de 14 DH et d'un dividende exceptionnel de 2 DH par action, payable à compter du 2 juillet 2018. ■