- Des métiers complémentaires entre les deux spécialistes du crédit à la consommation. - Le management promet que «1+1 sera supérieur à 2».
Les équipes de BMCE BoA et de Saham Assurance viennent d'annoncer le mariage entre leurs deux filiales respectives spécialisées dans le crédit à la consommation : Salafin et Taslif. Pour comprendre ce rapprochement, il faut remonter quelques années en arrière. Car, cette opération qui devrait se matérialiser par une fusion absorption de Taslif par Salafin, s'inscrit «dans le sillage du partenariat qui anime les deux actionnaires, BMCE BoA et le Groupe Saham», a souligné Brahim Benjelloun Touimi, administrateur Directeur général exécutif du Groupe BMCE Bank et pré-sident de Bank of Africa, lors d'une conférence de presse tenue lundi à Casablanca. En effet, les patrons des deux groupes ont scellé en juin 2015 un partenariat stratégique pour le développement commun des services financiers en Afrique. «Nous avons mis nos intelligences communes dans la bancassurance et l'assistance. Il nous a ensuite paru judicieux qu'être avec l'équipe Salafin était plus intéressant pour Taslif», commente Nadia Fettah, coordinatrice de l'opération du côté du Groupe Saham Assurance. «Le nouvel ensemble atteindra une taille critique qui lui permettra d'apporter une nouvelle offre sur le marché», précise pour sa part Aziz Cherkaoui, président du Directoire de Salafin. Il a, entre autres, indiqué que la marque Taslif était appelée à disparaître, alors que la réflexion sur une éventuelle refonte de l'identité visuelle de Salafin était à l'étude.
Une part de marché de 12% au lancement
Aziz Cherkaoui a par ailleurs présenté ce à quoi ressemblera le nouvel ensemble au démarrage, sans compter les effets de synergie qui seront communiqués ultérieurement. «Salafin élargie», terme utilisé par le président du Directoire de Salafin pour faire référence au nouvel ensemble, aura un réseau de distribution de 25 agences et pèsera un milliard de dirhams de fonds propres pour 5 Mds de dirhams de créances à la clientèle. Actuellement, Salafin a une part de marché de 8,1% (chiffre 2016) contre 3,1% pour Taslif à la même date. L'ensemble devrait afficher un cumul de parts de marché entre 11 et 12%, ce qui le propulsera à la troisième place du secteur. Cela dit, les dirigeants n'ont cessé de rappeler que les synergies attendues devront améliorer nettement ce chiffre grâce au digital notamment. «1+1 sera supérieur à 2», a répeté Brahim Benjelloun-Touimi à plusieurs reprises pour évoquer ces synergies. Salafin est spécialiste des financements auto (leader notamment sur la location avec option d'achat) et des prêts personnels, alors que Taslif s'est spécialisée depuis son lancement il y a 10 ans dans le crédit en précompte et le financement des véhicules utilitaires. On peut également imaginer que le circuit de distribution de Saham Assurance peut être mis à profit pour augmenter la force de frappe du nouvel ensemble grâce à des mécanismes de «bancassurance inversés». ■
Saham Assurance perd le contrôle Aucun mouvement de cash n'interviendra dans l'opération, mais Saham Assurance perdra définitivement le contrôle dans la nouvelle configuration. L'assureur, qui détient 69,3% actuellement dans Taslif, verra sa participation baisser à 13% dans le nouvel ensemble après fusion. BMCE BoA restera majoritaire avec 60,8% du capital (contre 74,77% actuellement dans Salafin). Le RCAR et Sanam Holding détiendront respectivement 4,2 et 4,4%, et le reliquat, soit 17,7%, constituera le flottant en Bourse. Dans ce cadre, BMCE Bank of Africa et Saham Assurance ont fixé une parité d'échange de 1 action Salafin pour 39 actions Taslif. Quant aux impacts chiffrés, notamment sur le bénéfice par action de Salafin, il faudra attendre la publica-tion et le visa de la note d'informations pour en savoir plus. D'ailleurs, il faudra attendre juillet 2018 pour l'autorisation de Bank Al-Maghrib, le visa de l'AMMC et la tenue de l'Assemblée générale extraordinaire des actionnaires qui va entériner l'opération. A noter que les 100 employés de Taslif ont pris connaissance de l'opération lors d'un comité d'entreprise. Les actionnaires des deux groupes se sont engagés à ce qu'aucun plan social ne soit déployé. En revanche, le management de Salafin a indiqué que l'organisation sera revue pour s'adapter aux besoins de la stratégie. ■