Les cours du pétrole grimpaient mercredi en fin d'échanges européens, marquant de nouveaux sommets en plus de deux ans et demi, les investisseurs scrutant toujours l'Iran, en proie à des tensions depuis une semaine. Vers 17H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 67,68 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,11 dollar par rapport à la clôture de mardi et un nouveau sommet depuis mi-mai 2015. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de février prenait 1,17 dollar à 61,54 dollars, son niveau le plus élevé depuis fin juin 2015. «Le WTI et le Brent ont atteint de nouveaux sommets en plus de deux ans du fait de tensions toujours élevées en Iran», a observé David Madden, analyste chez CMC Markets. «Le pays est un important producteur de pétrole et les manifestations anti et pro-gouvernement ont secoué les marchés» car «dès que les esprits s'échauffent dans la région, les investisseurs adoptent par défaut l'idée que la production pourrait en subir l'impact» et se ruent sur les achats, anticipant une hausse des prix, a expliqué M. Madden. «Selon des représentants de l'industrie pétrolière en Iran, les violentes manifestations n'ont pour l'instant pas eu d'impact sur la production ni sur les exportations de pétrole du pays», ont relevé les experts de Commerzbank. «Mais la situation pourrait évoluer si les Etats-Unis venaient à imposer de nouvelles sanctions voire remettre en question l'accord sur le nucléaire iranien», ce qui justifie une certaine prime de risque appliquée aux cours, a-t-on expliqué chez Commerzbank. Et d'autres analystes estiment que l'Iran pourrait accroître sa production, rompant ainsi avec ses obligations vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), afin de calmer la contestation. L'Opep, dont l'Iran est le troisième plus grand producteur, s'est associée depuis fin 2016 à dix autres producteurs, dont la Russie, pour limiter les extractions et ainsi écouler une partie des abondantes réserves mondiales. L'armée d'élite du pouvoir iranien a de son côté proclamé mercredi la fin du mouvement de contestation, qui a fait 21 morts et entraîné des centaines d'arrestations depuis une semaine, dans la foulée de manifestations massives de soutien au régime. Seules quelques petites manifestations sporadiques en province auraient eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et impossibles à vérifier, contrastant avec les précédentes nuits de contestation contre l'austérité économique et le pouvoir. En quête d'indices sur l'approvisionnement du marché, les investisseurs décortiqueront jeudi, avec un jour de décalage en raison d'un jour férié lundi pour le Nouvel An, des données sur les réserves américaines de pétrole publiées chaque semaine par le département américain de l'Energie (DoE). Selon les prévisions des analystes interrogés par Bloomberg, les réserves de brut auraient baissé de 5 millions de barils la semaine dernière, tandis que celles d'essence se seraient étoffées de 2 millions de barils et celles de produits distillés auraient augmenté de 500.000 barils.