La société Somepi et le groupe Akwa ont finalement convenu dun rapprochement «stratégique». La grande concurrence attendue dans les produits pétroliers en 2007 serait derrière cette restructuration du marché de la distribution. Le montant de ce rapprochement na pas encore été divulgué. Le groupe Akwa, dirigé par Aziz Akhenouch, a pris le contrôle de Somepi, dont le patron est Mustapha Amhal. Le nouveau leader de la distribution de carburant détiendra plus de 30% du marché local, avec un chiffre daffaires annuel estimé à plus de 12 milliards de DH. Avec ce nouveau potentiel, lentité nouvellement créée entend se mettre à labri de louverture imminente du marché à limportation. Avec plus de 410 stations-service, la nouvelle structure a lambition de vendre annuellement 1,7 million de tonnes métriques de carburant et de gaz. Il faut souligner que jusquà fin 2005, rien ne changera dans les données actuelles. La fusion sera finalisée dici 2007 et nentend pas rechercher de partenaires étrangers. Dans une déclaration très brève à une agence de presse étrangère, Aziz Akhnouch, le patron dAkwa Group, a insisté sur le fait que la nouvelle société «veut rester marocaine». Avec la précision que «des éventuelles ventes dune partie du capital à des investisseurs nationaux» seraient nécessaires avant une introduction en Bourse. Car, il ne faut pas oublier que les deux sociétés Afriquia SMDC et Somepi ne sont pas cotées en bourse; ce qui leur a donné lavantage de ne pas divulguer le prix de la fusion. Sous un autre angle, le nouveau leader dans la distribution du gaz et du carburant veut non seulement anticiper sur les mutations que connaît le secteur énergétique au Maroc, mais «aussi réaliser un projet industriel de grande envergure», comme le précise le communiqué conjoint des deux entreprises. Un réseau intéressant Une fois que le démantèlement des droits de douane sera achevé en fin 2007, les sociétés de distribution au Maroc seront naturellement en droit de sapprovisionner en totalité ou en partie à partir du marché international. La nouvelle entité en chiffres présente dans ce cadre une sérieuse alternative pour la naissance dun leader qui aurait 40% du marché du gaz, 30% dans la distribution et 26% du marché des lubrifiants. La structure fusionnée emploiera près de 3.300 salariés et disposera de 400 stations-service et de plus de 200 camions-citernes, avec plus de 300 mille tonnes de capacité de stockage. Il est à remarquer que le groupe néerlandais SHV, actionnaire de la société Tissir Primagaz détenue par le groupe de Mustapha Amhal, devrait adapter sa stratégie en tenant compte de ces nouvelles données. Cependant, la taille du marché du gaz nest pas à sous-estimer. La fusion a permis de créer une structure sur le marché gazier qui détiendra 47% des parts de la distribution du gaz et plus de 40% dans lactivité emplissage. La déréglementation de ce marché ne suit pas la même cadence que celle des carburants. Cest pourquoi le butane reste parmi «les bijoux» publics dont la décompensation ne figure pas parmi les priorités à lheure actuelle. Une fusion stratégique, cest quoi au juste ? Les deux entités fusionnées ont tenu à marquer le caractère national et local de la nouvelle structure face à la concurrence étrangère. Pour que cette ambition ne ressuscite pas les vieux démons du protectionnisme, ce rapprochement ne doit plus miser sur cette théorie des «champions nationaux» qui est en fait diamétralement opposée à lesprit de louverture économique. Si la fusion des groupes Akwa et Oismine doit être interprétée, elle doit dabord signifier que la nomenclature finale du marché des carburants et du gaz ne doit plus se décider dans des circonstances semblables à celles qui ont régné pendant une époque désormais révolue. Certes, étant donné que les deux sociétés fusionnées ne sont pas cotées en bourse, elles gardent par conséquent «le droit au silence» sur le prix de lacquisition. Pourtant, ce prix intéresse non seulement les protagonistes du marché, mais aussi tous ceux qui misent sur une transparence de plus en plus confirmée des entreprises marocaines. Le refus de sassocier à des partenaires étrangers ne doit en aucun cas être synonyme dune entière liberté de divulguer ou non le prix de lacquisition. Ceci aurait plutôt lallure dun désintéressement vis-à-vis des investisseurs locaux qui nauront pas droit à évaluer leurs chances dacquérir des parts au sein de la nouvelle entité créée.