Eclairage de Zahi Lamrani, président de l'Union marocaine des entreprises de travail temporaire et Directeur général de Best Profil, sur l'essor de l'emploi temporaire au Maroc. • Finances News Hebdo : Quel bilan faites-vous aujourd'hui de l'évolution du secteur de l'intérim au Maroc qui est reconnu par le code du travail marocain depuis 2004? • Zahir Lamrani : En raison de l'accroissement important des besoins en intérim, la plupart des sociétés d'intérim connues pour leur sérieux ont enregistré une croissance à deux chiffres. Des entreprises publiques ont commencé à recourir à l'intérim et le privé marocain a développé son activité par l'intérim à l'image des multinationales, principales utilisatrices avant 2004. Cependant, parallèlement à cet accroissement il y a eu une forte diminution de prix de l'intérim à cause d'une croissance parfois déloyale. • L'année 2011 a été une année perturbée suite aux différents événements à savoir la crise européenne, le printemps arabe…. Comment le secteur s'est-il comporté en 2011 comparativement à 2010 ? L'année 2011 pour Best Profil a été une bonne année avec un taux de croissance élevé, l'impact des événements (crise européenne – printemps arabe) se fera sentir plus tard soit 2012-2013. • F. N. H. : Dans une société qui connaît un taux de chômage élevé, croyez-vous que le travail temporaire peut être une solution pour réduire le chômage au Maroc? • Z. L. : Oui, l'intérim est un tremplin pour l'emploi permanent, des jeunes diplômés peuvent acquérir de l'expérience par l'intérim, ce qui leur facilite l'accès à un emploi permanent. • F. N. H. : Quels sont les secteurs qui ont opté pour le travail temporaire ? Quels sont les profils les plus demandés par les entreprises ? • Z. L. Tous les secteurs ont opté pour le travail temporaire dans l'industrie et le tertiaire. Les profils les plus demandés par les entreprises sont des cadres moyens (opérateurs, secrétaires…) et des ouvriers. • F. N. H. : Les droits des travailleurs sont souvent contestés, notamment par certaines sociétés d'intérim qui ne respectent pas la loi. Quel diagnostic faites-vous aujourd'hui du respect des droits des travailleurs ? • Z. L. : Effectivement, certaines sociétés d'intérim ne respectent pas la loi et font du dumping au détriment des droits des travailleurs. En tant que président de l'Union marocaine des entreprises de travail temporaire, j'ai beaucoup travaillé sur cet aspect en collaboration avec la CNSS pour amener toutes les entreprises de travail temporaire à déclarer à la CNSS la totalité de leurs effectifs. Aujourd'hui, on peut dire qu'un grand pas été fait aussi bien pour la CNSS que pour l'autorisation d'exercer. • F. N. H. : Quelles sont les mesures à mettre en place pour faire décoller ce secteur qui piétine encore ? • Z. L. Les grandes mesures pour faire décoller le secteur de l'intérim sont : • l'amendement de la durée de mission d'intérim pour la proroger à 18 mois renouvelable une fois ; • la mise en place d'une indemnité de précarité en fin de mission ; • la simplification des tableaux statistiques demandés par le ministère de l'Emploi. Propos recueillis par L.Boumahrou