Un an après le séisme qui a secoué la province dAl Hoceïma le 24 février 2004, la ville ne semble pas avoir retrouvé son dynamisme. Malgré les efforts déployés par lEtat, un long chemin reste à parcourir. Driss Behima, Directeur général de lAgence pour la promotion et le développement du Nord (APDN), ne mâchait pas ses mots en déclarant que leffort de lEtat, en matière de développement et dinvestissement, ne suffira pas dans la province dAl Hoceïma tant que les collectivités locales et la société civile ne seront pas impliquées. Benhima, qui intervenait lors de la conférence organisée par lAssociation Rif pour la Solidarité et le Développement (ARID), a mis le point sur les entraves qui inhibent le développement socio-économique de la région. Il a cité, entre autres, lenclavement de la région, laspect rural de la ville dAl Hoceïma et le manque de moyens financiers aux côtés de la culture du cannabis. «Les impôts dans cette région sont très peu perçus. Si la moyenne nationale de collecte dimpôts est de 180 DH par contribuable par an, elle est de 20 DH dans la province dAl Hoceïma», souligne Benhima. Pourtant, selon lui, les habitants de cette région sont plus riches que les habitants des autres régions du Royaume. Benhima était très pragmatique en présentant la stratégie de développement de lAPDN, plus précisément dans le Rif central. «On ne peut imaginer voir une croissance économique dans le Rif sans la mobilisation des acteurs locaux et limplication des ONG locales», affirme-t-il. Selon lui, lEtat dépense beaucoup dargent pour pouvoir désenclaver la région et créer une dynamique économique. Plusieurs secteurs présentent un potentiel de développement intéressant dans le Rif central, notamment la pêche, lartisanat et le tourisme. Pour créer cette dynamique économique, il faut surtout renforcer les infrastructures de base. Programme durgence pour la reconstruction dAl Hoceïma Avant la présentation de ce programme, Saâd Hassar, directeur des collectivités locales au ministère de lIntérieur, a insisté dans son intervention sur la transparence dans la gestion des fonds collectés. Il a également précisé que les collectivités locales dans la province dAl Hoceïma ne disposent pas de moyens financiers importants, ajoutant que la gestion de la crise dAl Hoceïma a été une opération réussie. En ce qui concerne le programme durgence pour la reconstruction dAl Hoceïma présenté lors de cette conférence, il est axé sur trois points majeurs : les projets de proximité, le renforcement des infrastructures routières et les projets de reconstruction. Le programme est doté dun budget de 185.760 millions de DH, dont 130 millions seront consacrés aux travaux publics. Au programme figurent 53 projets de routes et 28 projets de proximité. Certains projets sont en phase de finalisation et une vingtaine dentreprises se chargeront de leur réalisation, dont 17 sont des entreprises locales. La ville dAl Hoceima bénéficie de 33% du total des projets retenus tandis quImzouren bénéficie de 26%. Linitiative ARID La conférence de ce mercredi 9 février 2005 a eu lieu à linitiative de lAssociation Rif pour la solidarité et le Développement dont le but est de contribuer au développement socio-économique de la région du Rif. La rencontre a réuni certains membres du gouvernement avec à leur tête le Premier ministre, Driss Jettou. Tous les intervenants lors de cette journée ont insisté sur limportance du rôle des ONG locales dans le développement régional. Pour Benhima, lARID est appelée à faire preuve de plus de dynamisme. «LARID ne nous a jamais envoyé une proposition de projet à étudier», a-t-il affirmé en sadressant à un responsable de lAssociation. Mais il faut admettre que lARID est dans ses balbutiements. Cette conférence est lune de ses premières réalisations. Tous les partenaires concernés par le développement de la région du Rif central manifestent une forte volonté de contribuer à ce vaste chantier de reconstruction, mais surtout dintégration de la région dans la dynamique économique nationale. Reste à savoir si ces acteurs honoreront leurs engagements.