700 millions de DH sont mobilisés pour être injectés en Equity dans des start-up innovantes. Les tickets d'entrée seront en moyenne de 5 à 6 millions de DH, en prise de participation directe. Combler le déficit dans l'offre de financement des start-up tout en renforçant les capacités des entrepreneurs, et booster le marché du capital risque, encore embryonnaire au Maroc, telle est la mission du Fonds Innov Invest, chapeauté par la Caisse centrale de garantie (CCG) avec l'aide de la Banque mondiale, dont le lancement, très attendu, a été officialisé cette semaine à Rabat. Mohamed Boussaid, ministre de l'Economie et des Finances, n'a pas manqué de rappeler, durant la cérémonie de lancement, que ce fonds ouvre des perspectives nouvelles pour l'écosystème entrepreneurial marocain. «Ce fonds offre de réelles opportunités en termes d'appui et de financement dédiées aux start-up et aux porteurs de projets innovants, qui constituent le noyau de l'économie d'avenir», a-t-il déclaré. Le lancement du Fonds Innov Invest vient couronner un long et minutieux processus de sélection par la CCG, des partenaires qui seront en charge de son opérationnalisation. Il s'agit, d'une part, des sociétés de gestion qui devront assurer la gestion des fonds d'amorçage et en capital risque et, d'autre part, des acteurs de l'écosystème labellisés (les incubateurs) qui accompagneront les porteurs de projets (voir encadré). 4 sociétés de gestion ont ainsi été retenues pour gérer 4 fonds nouvellement créés : il s'agit des fonds Azur Innovation, Seaf Morocco Growth Fund, Maroc Numeric Fund II et Green Innov Invest. Ces fonds interviendront sur des créneaux d'avenir et innovants, tels que les TIC, les énergies renouvelables, les biotechs, l'agribusiness ou encore les fintechs. Un effort important a été fait pour doter ces fonds en capitaux. 300 millions de DH ont été mis à disposition par l'Etat marocain, à travers la mobilisation d'un prêt de la Banque mondiale. Viendront s'y ajouter pas moins de 400 millions de DH de fonds privés. Parmi ces investisseurs, il y a du lourd. On retrouve bien entendu les banques (BMCE Bank, Attijariwafa bank, CIH Bank, Banque Centrale Populaire), mais aussi des investisseurs étrangers (comme Seaf, leader mondial dans l'investissement en capital dans les petites structures), ou encore des acteurs institutionnels comme Masen ou l'IRESEN (l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles) et la Banque africaine de développement (BAD). 700 millions de DH sont ainsi prêts à être injectés en Equity dans l'écosystème entrepreneurial du Maroc, une première. «Sur les cinq premières années du Fonds Innov Invest, nous ciblons près de 300 entreprises innovantes», confie Hicham Zanati Serghini, Directeur général de la CCG, aux manettes de cette initiative depuis le tout début. «Les tickets d'entrée seront en moyenne de 5 à 6 millions de DH en prise de participation directe. Cela peut aller jusqu'à 10 millions de DH dans certains cas», ajoute-t-il. La CCG s'est donnée pour objectif à moyen terme de doubler la part de capital-risque dans l'industrie du private equity, qui est aujourd'hui de 7% seulement. Du côté des investisseurs privés, l'adhésion à cette initiative inédite est un bon signal. «Nous n'étions pas présents dans le private equity. Il n'y avait pas de structure financière à même de soutenir l'innovation. Avec le Fonds Innov Invest, nous avons un instrument qui permet de le faire, et cela cadre parfaitement avec notre stratégie orientée vers les jeunes», nous explique Lotfi Sekkat, Directeur général délégué de CIH Bank. D'autant que les banques ont un intérêt tout particulier à dénicher les perles de demain, notamment dans le domaine des fintechs. Du côté de la BAD, autre investisseur à avoir contribué au Fonds Innov Invest, o assure que «la volonté d'entreprendre est extrêmement présente parmi les jeunes, et pas forcément chez les jeunes les plus nantis. Mais il leur manque souvent le capital de départ». Certains fonds, à l'image de celui de Seaf, ont déjà commencé à travailler avec un premier pool de start-up «très prometteuses». Les choses devraient s'accélérer dans les semaines qui suivent. «On espère que ce fonds sera vite tari pour l'augmenter», conclut Boussaid. ■
6 clusters sélectionnés pour la phase d'amorçage
Financer, c'est bien. Financer et accompagner, c'est encore mieux, surtout dans la phase de préamorçage. C'est la raison pour laquelle le Fonds Innov Invest a prévu une composante de soutien à l'écosystème entrepreneurial au Maroc à travers la labélisation d'incubateurs, des clusters, etc., labellisés par la CCG. Six structures d'accompagnement ont été sélectionnées : APP Editor, Cluster Solaire, Impact Lab, R&D Maroc, Réseau Entreprendre Maroc, Start-up Maroc. Ces structures déjà actives dans les milieux associatifs (mentoring d'entreprises , accompagnement, réseautage, etc.), assureront en étroite collaboration avec la CCG, le financement des premiers stades d'amorçage de projets innovants sous forme «d'aides» (dans le cadre d'Innov Idea), voire des «prêts d'honneur» (dans le cadre d'Innov Start). Ces financements portent sur de petits montants, généralement de l'ordre de 200.000 DH.