■ Trois nouvelles recrues avant la fin de l'année. ■ Après Itissalat Al-Maghrib, en 2004, Addoha, en 2006, la Bourse de Casablanca est sur le point d'enregistrer la troisième plus importante introduction de son histoire. L'heure est à la prudence sur un marché financier morose depuis des mois. La reprise se fait attendre et trois nouvelles introductions sont attendues avant la fin de l'année dans l'espoir de renouer avec les jours meilleurs. Jet Alu a clôturé sa période de souscription, S2M et FIPAR attendent à leur tour le visa du CDVM. Durant cette année, les conditions de marché ne se sont nullement stabilisées durablement. La crise de confiance et l'attentisme continuent de peser sur le moral des investisseurs. Cette instabilité a notamment pour effet de conduire bon nombre d'intervenants à limiter leurs placements en actions, navigant à vue en attendant des jours meilleurs. Si certains voient en cette morosité ambiante qui règne sur le marché les conséquences de la crise de confiance, d'autres soulignent le peu d'attractivité de la place, voire sa cherté. Avec un P/E 2010 de 17,4x, le marché marocain ressort en effet comme étant l'un des plus chers de la région Mena. Toutefois, il convient d'analyser ce ratio avec beaucoup de prudence, eu égard aux disparités qu'il peut occulter. Un analyste de la place explique que le niveau de valorisation de la place «reflète également le potentiel de croissance que recèlent les sociétés de la cote. En effet, et eu égard à la croissance de la masse bénéficiaire de la cote (+9,3% en 2010 et +4,1% au S1-2011), le marché marocain peut gagner en terme d'attractivité sur les trois prochaines années. A ce titre, en prenant un taux de croissance moyen de 10% annuel entre 2010 et 2014, le P/E estimé du marché marocain se confinerait à 11,9x. Par rapport aux autres places, l'attractivité de notre place reste limitée; en France, il y a des valeurs comme Renault avec un PER inférieur à 2, Carrefour qui traite sur la valorisation d'une semaine de chiffre d'affaires et Air France qui est valorisée sur les marchés sur la base de la valeur de 7 Airbus, alors qu'elle en a plus de 100». Prudence Dans les périodes de crise, la prudence est très souvent un frein aux introductions en Bourse. Dans d'autres places, plusieurs sociétés ont reporté leurs introductions en Bourse sous la menace de ne pas boucler toute la souscription (Groupama, Facebook …). Pour notre analyste, le vrai problème «est un problème de confiance, même pour les Etats : la dernière émission obligataire de l'Allemagne n'a pu lever que 3,6 Mds d'euros contre 6 demandés». C'est dans ce contexte actuel, estimé non favorable, que la BVC attend ces nouvelles recrues avec l'espoir de faire de ces introductions le catalyseur censé redynamiser le marché et donner un signal positif aux investisseurs. Des investisseurs plus exigeants que le grand public : ils ont besoin de visibilité. En attendant de voir si l'impact escompté se réalisera, il semblerait que la souscription à l'opération de Jet Alu n'ait pas connu un grand succès. Les particuliers auraient, en effet, faiblement participé à la seconde introduction de l'année. «Les institutionnels joueront leur rôle d'animateur de marché en donnant des garanties de bonne fin des opérations de souscription, mais l'avenir de ces opérations ( Jet Alu et S2M ) en terme de croissance de cours reste conditionné par l'humeur globale d'investissement qui est, pour l'instant, morose», ajoute notre analyste . Cependant, l'introduction de Fipar Holding, qui est de taille, peut marquer le retour des grandes opérations à la BVC. Cette éventuelle cotation devrait , en effet, engranger un montant de plus de 2 Mds de DH. Considérée comme le bras financier de la CDG, Fipar Holding dispose de plusieurs cordes à son arc. Cet opérateur est ainsi présent dans les secteurs financiers, industriels, les infrastructures et services. Fipar gère une quinzaine de lignes de participations d'une valeur de plus de 10 Mds de DH, dont 80% pour son propre compte. Néanmoins, dans un contexte de resserrement de la liquidité, l'avant introduction de Fipar pourrait avoir un impact négatif sur le marché dans la mesure où une ventilation des portefeuilles des institutionnels sera indispensable pour mobiliser le cash nécessaire pour les souscriptions. D'après notre analyste, Fipar dispose d'un atout considérable : «une holding, de par la configuration de son portefeuille, offre une diversification naturelle et a généralement une décote moyenne de 40 %». Il faut dire qu'en plus du climat général des affaires, la réussite de l'opération pourrait dépendre aussi de la structure de l'offre (cession ou augmentation du capital) et l'objectif de l'opération (financer de nouvelles acquisitions ou diminuer le ratio d'endettement). ■