Du fait de plusieurs facteurs, l'Afrique ne représente que 3% de la consommation mondiale d'engrais. Ce qui n'est pas sans conséquence sur la productivité agricole, qui demeure faible sur le continent. Or, la population africaine devrait atteindre près de 2,5 milliards de personnes à l'horizon 2050. La quatrième édition du Symposium international sur l'innovation et la technologie dans l'industrie des phosphates (Symphos), placée sous le thème de l'innovation pour conduire l'agriculture de demain, était l'occasion de mettre en évidence les avancées substantielles du Maroc en matière de recherche portant sur la fertilisation des sols. Notons d'emblée que l'assertion de Lhoussine Moughli, professeur à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, (IAVH) traduit, à l'évidence les performances du pays en la matière. «Depuis les années 90, on a assisté à la multiplication par trois du nombre de laboratoires travaillant sur la fertilisation efficace des sols. Ceux-ci sont au nombre de 30 actuellement», rappelle-t-il. Ces efforts de nature à doper la production agricole, auxquels s'ajoute le partenariat entre le Groupe de l'Office chérifien des phosphates (OCP) et le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime pour l'élaboration de la carte de la fertilité des sols, ont permis de mieux déterminer les engrais et les cultures adaptés aux différents sols. Cela dit, l'innovation dans le secteur minier a aussi dominé les débats, avec le plaidoyer pour le moins surprenant pour certains de Javier Orellena, de Schneider Electric Australia. Ce dernier a attiré l'attention sur l'impératif de digitaliser les mines. En d'autres termes, augmenter l'intelligence dans le domaine minier a deux atouts majeurs, celui d'augmenter la performance du secteur, tout en préservant les ressources. Notons que les différents panélistes, pour la plupart scientifiques, ont fait preuve de pédagogie pour expliquer en quoi l'évolution technologique, notamment dans le domaine des batteries, constitue un véritable relais de croissance pour le groupe OCP.
Un avenir prometteur ?
L'industrie automobile, de plus en plus séduite par la voiture électrique, travaille d'arrache-pied afin de mettre en place des batteries performantes, avec une grande autonomie. Les phosphates et l'acide phosphorique produits par l'OCP sont des composantes utilisées pour la fabrication des batteries des voitures électriques. Ces produits ont de surcroît l'avantage de s'échanger à des prix compétitifs sur les marchés internationaux. Par ailleurs, à en croire le professeur Tekalign Mamo, directeur du Centre de recherche du sol et d'engrais en Afrique, plusieurs opportunités existent en Afrique pour le groupe OCP qui y opère déjà via une filiale implantée dans près de 15 pays. Cette présence continentale permet d'adapter les engrais aux sols des Etats africains. S'il est incontestable qu'au regard des multiples besoins que l'Afrique est un important relais de développement pour l'entité présidée par Mostafa Terrab, certains chiffres montrent l'ampleur des défis.
3% de la consommation mondiale d'engrais
L'insécurité alimentaire progresse dans deux régions du monde. Il s'agit de l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud-Est. Les causes de la baisse de la production alimentaire en Afrique ont, entre autres, trait à la dégradation et au fort taux de salinité des sols et aux inondations. Le professeur Tekalign Mamo pointe également du point la diminution des nutriments dans les sols. «Tout l'enjeu est d'accroître la consommation d'engrais en Afrique qui ne représente que 3% au niveau mondial», souligne-t-il. Rappelons tout de même que certains agriculteurs du continent refusent d'utiliser des engrais du fait parfois des prix prohibitifs ou de l'inefficacité de ceux-ci, car peu adaptés aux sols. En définitive, les multiples actions du groupe OCP en Afrique témoignent de sa volonté de contribuer à la sécurité alimentaire du continent qui verra sa demande alimentaire progresser de 160% à l'horizon 2050, avec une population de 2,5 Mds de personnes. Rappelons, par ailleurs, que l'OCP travaille en étroite collaboration avec le Centre de recherche du sol et d'engrais en Afrique afin de relever les challenges susmentionnés. ■
Par M. Diao
L'Ethiopie, un cas d'école Tout en rappelant la nécessité de protéger les sols qui produisent près de 95% de la nourriture de l'homme, le directeur du Centre de recherche du sol et d'engrais en Afrique a mis en évidence les multiples progrès réalisés par l'Ethiopie afin de booster sa production agricole. En effet, les pouvoirs publics de ce pays qui se développe à grand pas, ont œuvré à la réhabilitation de près de 200 millions d'hectares de terres cultivables dégradées. La politique publique visant à faciliter l'utilisation des engrais a permis d'accroître les variétés utilisées par les agriculteurs. Celles-ci sont passées de 2 à près de 7 avec le concours du groupe OCP déjà implanté en Ethiopie depuis 2016. Cette volonté politique a aussi dopé la consommation des engrais dans ce pays pénalisé par la rigueur de la sécheresse.