PARIS, 2 mai (Reuters) - BNP Paribas a annoncé mercredi des résultats en hausse pour les trois premiers mois de l'année, bénéficiant à plein du rebond d'activité lié au "Trump trade" sur les marchés et malgré la faiblesse persistante de la banque de détail, toujours affaiblie par le niveau historiquement bas des taux d'intérêt. Cette publication intervient à un moment délicat pour les banques françaises, entre les deux tours d'une élection présidentielle identifiée comme un risque politique majeur par les investisseurs internationaux. Les cours de Bourse des banques françaises ont bondi après l'arrivée en tête d'Emmanuel Macron le 23 avril, dont le score a conforté la perception au sein des marchés qu'une victoire finale de Marine Le Pen, et donc d'une sortie potentielle de la zone euro aux effets dévastateurs pour le secteur financier, n'est pas le scénario le plus probable. Première banque française à publier ses résultats pour le premier trimestre, la banque de la rue d'Antin a enregistré un résultat net en hausse de 4,4% à 1,894 milliard d'euros, bien au dessus du consensus Reuters/Inquiry Financial qui s'établissait à 1,602 milliard. Les revenus ont progressé de 4,2% à 11,297 milliards d'euros et le coût du risque, soit les provisions constituées pour des crédits risquant de ne pas être remboursés, s'est replié de 21,8% à 592 millions d'euros. Le pôle Corporate and institutional banking (CIB) voit sur la période son résultat avant impôts bondir à 778 millions, une hausse de 93% par rapport à la même période en 2016 dopé par des reprises de provisions et une comparaison flatteuse avec la même période en 2016, où l'environnement était alors bien moins favorable. La banque d'affaires de BNP a, comme nombre de ses concurrentes à Wall Street ou en Europe, surfé sur le "Trump trade", cette hausse du marché obligataire, du dollar et de la Bourse, qui a suivi l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Dans le segment obligataire, changes et matières premières, l'activité a progressé de 31,9%, un dynamisme visible dans les comptes de nombreux concurrents étrangers. Les revenus liés au trading des actions et des dérivés ont aussi progressé de 35,5%. BDDF EN REPLI La santé des activités de marchés et de financement aux grandes entreprises contraste avec la banque de détail dans les marchés clés en Europe et particulièrement en France, où les revenus sont en repli de 1,4% à 1,620 milliard d'euros. La banque de détail en France (BDDF) voit son résultat avant impôts baisser de 11,2% "du fait de l'impact des taux bas persistants, malgré la nette reprise de sa dynamique commerciale", expliquedans un communiqué la banque, qui doit en outre contrer les nouvelles offres de banques en ligne, comme celle que s'apprête à lancer l'opérateur télécoms Orange . Alors que les nouveaux entrants se bousculent sur le marché et font craindre une guerre de prix similaire à celle qui a suivi l'arrivée de Free dans la téléphonie mobile, BNP a riposté en rachetant Compte-Nickel, qui compte plus de 500.000 clients et propose ses services via un réseau de buralistes. Cette acquisition et le développement commercial de sa banque en ligne Hello Bank!, dont le nombre de clients progresse de 17% à 302.000 en France, sont deux éléments qui doivent aider BNP à rattraper son retard par rapport à des acteurs hexagonaux comme Boursorama (Société générale) qui dépasse le million de clients. La banque française a aussi profité du début d'année pour donner un coup d'accélérateur dans le segment jugé stratégique du crédit automobile en rachetant avec PSA les activités de financement de GM Financial en Europe. La division des Services financiers internationaux, où sont logés ces activités avec notamment celles d'assurance ou de gestion institutionnelle, a vu son bénéfice avant impôts progresser de 16,2% à 1,222 milliard d'euros, soit la plus grosse contribution au résultat total du groupe. Ce pôle, très diversifié, est moins vulnérable à la faiblesse des taux d'intérêt et constitue un relais de croissance important pour BNP Paribas. La banque a par ailleurs profité de ses résultats pour renforcer son ratio de solvabilité CET 1 qui progresse à 11,6% au 31 mars, contre 11,5% à la fin de 2016.