Bien que l'économie nationale ait été en panne de croissance en 2016, le secteur des assurances cotées à la Bourse a su tirer son épingle du jeu. Performant aussi bien sur le plan commercial que financier, il a renoué avec des taux de progression à deux chiffres : +13,2% en termes de vente, 27,9% pour le résultat technique et une légère décroissance de la capacité bénéficiaire (-0,2%). Au terme de cette année 2016 plutôt morose, le chiffre d'affaires global du secteur a affiché une croissance de 13,2% à 15,4 milliards de DH. Dans les détails, Wafa Assurance s'est accaparée la part du lion avec 47% du chiffre d'affaires global du secteur à 7,31 milliards de DH. Cette progression est due à une croissance de 18,1% enregistrée sur la branche vie (4,04 milliards de DH), tirée essentiellement par l'activité épargne, et une hausse de 9,6% à 3,27 milliards de DH de l'activité non-vie, portée tant par le marché des particuliers et professionnels que par celui des entreprises. Par segment, les primes émises brutes de la branche vie se sont améliorées de 26,6% à 5,4 milliards de DH, portées par la bonne dynamique de l'épargne. Force est de constater que la bancassurance a valu son pesant d'or durant l'année 2016, puisque ces bonnes performances lui sont aussi attribuables. En effet, les banques sont devenues plus agressives et une «prise de conscience» par rapport à l'épargne retraite s'est opérée durant l'année écoulée. Toutefois, il faudra certainement attendre les prochains exercices avant de pouvoir confirmer cette tendance. Ceci étant, le rôle de la bancassurance pourrait croître davantage puisque les banques devraient être autorisées à distribuer d'autres produits d'assurance, comme cela est prévu dans le projet de refonte du livre IV du Code des assurances. Toujours au ministère des Finances, ce projet devrait accorder aux établissements de crédit la possibilité de distribuer en plus des assurances de personne, des produits d'assistance, l'assurance crédit, la multirisque habitation ainsi que les garanties liées aux cartes de crédit et aux moyens de paiement. L'ouverture et la libéralisation de la distribution sont inéluctables. Pour sa part, la branche non vie a vu ses revenus progresser de 7,2% à 10 milliards de DH, tirant profit de la croissance du marché automobile au Maroc. Cette branche, dont les taux d'évolution ne risquent pas de connaître de fortes hausses durant les prochaines années, pourrait aussi connaître quelques changements, puisque la poursuite de la libéralisation des critères de tarification n'est pas écartée. En 2016, la grande nouveauté dans cette branche a porté sur le recouvrement des primes automobiles. Une circulaire de l'autorité de contrôle des assurances a mis de l'ordre en conditionnant notamment la remise de l'attestation d'assurance automobile au paiement de la prime. Entrée en vigueur au 1er avril 2016, cette réglementation a en effet encadré les relations entre intermédiaires et compagnies. Elle a, entre autres, défini les modalités et les règles d'encaissement et de remboursement des primes. Au niveau opérationnel, le résultat technique du secteur a augmenté de 27,9% à 1,98 milliard de DH. Une performance attribuable à la forte hausse du résultat financier, notamment dans la non vie suite à un contexte favorable du marché action marocain en 2016 (30,5%). Par entreprise, la plus forte hausse du résultat technique a été enregistrée chez Atlanta. Grâce à la maîtrise des ratios techniques et à l'amélioration des résultats financiers, le résultat technique s'est apprécié de 29,2% à 190,3 millions de DH. Pour Saham Assurance, le résultat technique gagne 28,8% à 543 millions de DH, sous l'effet de l'amélioration des indicateurs techniques et d'une bonne maîtrise de l'ensemble des charges.
Une rentabilité plombée par le résultat non technique
Malgré l'amélioration notable de l'activité et la hausse du marché action, la capacité bénéficiaire agrégée des compagnies d'assurances cotées ressort en légère baisse en 2016. La progression a été absorbée par le résultat non technique qui a dégagé un déficit de -209,6 millions de DH (contre un bénéfice net de 24,3 millions de DH en 2015), impacté principalement par la charge liée au redressement fiscal de Saham Assurance. Du côté de Wafa Assurance, son résultat net (RN) représente plus de 65% de l'ensemble du secteur, affichant une progression de 5,2% à 841 millions de DH. Par branche, le RN non vie progresse de 45,5% à 961 millions de DH, profitant de l'amélioration du résultat financier dans un contexte de marché action très favorable ainsi que de l'appréciation du résultat d'exploitation, et ce en dépit d'une augmentation des sinistres de pointe en incendie en grande partie absorbée par la réassurance. En revanche, le bénéfice net vie ressort en régression de 9,9% à 291 millions de DH, principalement sous l'effet de la dépréciation d'actifs financiers affectés à la couverture des engagements techniques. Dans ces conditions, le résultat net agrégé est ressorti en légère baisse de 0,2% à 1,27 milliard de DH, déterminant un ROE (Return on Equity) moyen du secteur en quasi-stagnation à 14,9%. ■