■ La non renonciation à la démocratie et l'attachement aux principes des droits de l'homme sont les fondamentaux de la réussite des pays en transition. ■ Saeb Erakat, membre du comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine et négociateur en chef des accords de paix du côté palestinien, est relativement confiant quant à l'impact des changements dans le Monde arabe sur la question palestinienne. ✔ Finances News Hebdo : Comment, à votre avis, la Palestine pourrait tirer profit des mouvements politiques qu'ont connus les pays arabes ? ✔ Saeb Erakat : Je crois que le citoyen arabe est le principal bénéficiaire de ces mouvements, et c'est d'ailleurs son droit le plus légitime, vu que ses révolutions lui ont permis de reprendre sa légitimité, sa dignité, son humanité, son droit à participer au jugement… Le deuxième bénéficiaire de cette démocratie arabe va être sans doute la Palestine. Actuellement, la question se limite au comportement de l'Occident envers les Arabes. Aujourd'hui, il n'est plus possible au Président des Etats-Unis d'appeler un chef d'Etat arabe pour lui dicter ce qu'il doit faire. Les chefs d'Etat sont désormais tenus de rendre des comptes à leur gouvernement, au Parlement et à leur peuple; par conséquent, la démocratie renforcera forcément la question palestinienne. Personnellement, je crois pertinemment que la démocratie, les droits de l'homme, sont les clés qui mèneront au retour de la Palestine avec sa capitale Jérusalem-Est à la carte géographique. ✔ F.N.H. : Croyez-vous que ce changement pourrait aboutir à former l'union des pays arabes ? ✔ S.E . : Il est encore très tôt pour parler des résultats de ces changements sur la stratégie à long terme sur les Arabes. La question va prendre du temps. Ce que je crains actuellement, c'est que cette révolution se développe en chaos. Par conséquent, la création d'un système dans le chaos pourrait menacer les peuples arabes. Du coup, plus nous accélérerons le processus de reconstruction avec la création de nouvelles constitutions, l'adoption des droits de l'homme. Plus nous éviterons le chaos dans les pays arabes. D'ailleurs, l'histoire témoigne que plusieurs peuples ont vécu dans le chaos après des bouleversements. C'est pour cette raison que nous devons être patients et ne pas renoncer à deux choses : premièrement, à la démocratie, et deuxièmement, à notre attachement aux principes des droits de l'homme. ■ Dossier réalisé par L. Boumahrou