■ 4 Mds de DH y ont été consacrés en 2010. ■ La majorité des programmes peu active. ■ L'objectif de réguler les cours rarement atteint. En 2010, les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca ont consacré 4 milliards de DH à des programmes de rachat d'actions, soit 0,8% de la capitalisation boursière. Cette technique est de plus en plus utilisée dans un contexte marqué par l'atonie du marché qui dure depuis plusieurs mois avec, notamment, un Masi et un Madex qui affichent des contre-performances annuelles respectives de 11,47 % et 11,40 % à la clôture de la séance de mardi dernier. Aujourd'hui, pas moins de 12 programmes de rachat sont en cours; le plus important étant celui de Maroc Telecom autorisé par l'AGO tenue le 18 avril 2011 et qui s'étend sur une durée de 18 mois. Néanmoins, il faut savoir que les programmes de rachat restent strictement encadrés par le CDVM. En effet, le gendarme du marché a adopté, au début de cette année, une nouvelle circulaire pour mieux fixer les modalités de mise en œuvre des opérations de rachat des sociétés cotées de leurs propres actions. Ainsi, l'article premier de cette circulaire stipule que «le programme de rachat (…) est autorisé dans l'unique objectif de régulariser le marché des actions cotées en Bourse d'un émetteur». Cela consiste «à intervenir sur le marché par l'émission d'ordres d'achat et/ou de vente dans l'objectif de réduire la volatilité et les variations excessives du cours de l'action». «Le rachat d'actions en vue de régulariser le marché intervient également en cas de liquidité de l'action s'écartant significativement des niveaux habituels, empêchant la formation normale du cours sur le marché», conclut la circulaire. Mais les programmes de rachat initiés jusqu'à présent par les sociétés cotées ont-ils tous atteint leurs objectifs ? Difficile de le dire. Toutefois, selon Adil Hlimi, analyste, l'efficacité de ces programmes est sujette à caution. «En effet, la plupart des sociétés cotées à la BVC déclenchent des programmes de rachat pour réguler le cours de leurs actions, mais nous constatons que seule une minorité de programmes de rachats arrive à atteindre cet objectif. Le reste est inefficace ou peu actif». Pour notre analyste, «les raisons sont multiples. A commencer par le renchérissement du coût de la dette privée qui pousse les sociétés à améliorer leurs Gearing (ratio d'endettement) en utilisant les liquidités disponibles pour rembourser la dette plutôt que de restituer le cash aux actionnaires à travers le rachat d'actions. Ensuite, vient l'obstacle des trends des actions. Les entreprises dont les titres évoluent dans de forts trends baissiers, voient leurs programmes de rachats incapables de réguler les cours et les soutenir ». Reste que, le plus souvent, l'annonce de ces programmes est bien perçue par les marchés. Tout simplement parce que les sociétés proposent souvent aux actionnaires une «prime», c'est-à-dire un prix de rachat supérieur au dernier cours de clôture de l'action. Cette prime peut être élevée. De quoi inciter les actionnaires à apporter leurs titres à l'offre, et faire bondir le cours de l'action en Bourse. Dans ce sens, précise Hlimi, «un programme de rachat actif se traduit automatiquement par l'apparition de nouveaux ordres d'achat ou de vente sur les carnets d'ordres des actions. Ces carnets d'ordres regroupent toutes les intentions des intervenants. Si ces intervenants réagissent à l'apparition de ces nouveaux ordres, les volumes augmentent et la volatilité fléchit. L'impact sur le cours peut être visible en intra-Day, mais reste limité à moyen terme». Ainsi, pour le cas de Maroc Telecom qui a effectivement lancé son programme de rachat le l0 août 2011, le cours de l'action s'est apprécié de 6,57% en 4 séances. Par contre, Addoha a vu son titre se déprécier de plus de 23% depuis le 7 septembre, date d'entrée en vigueur de son programme de rachat. C'est dire que l'efficacité de cette pratique boursière est plus que discutable. ■