■ L'or continue de remplir sa mission de valeur refuge en période de crise. ■ La montée en flèche du prix de ce métal reflète la méfiance pour les actifs financiers. Alors que les bourses de par le monde s'effondrent, au moment où les nerfs des investisseurs lâchent en raison de la chute brutale des valeurs boursières, le cours de l'or, quant à lui, n'a pas cessé de progresser. Ce dernier est passé de 10.000 à plus de 30.000 euros le kilogramme entre 2003 et 2011 et a réalisé au titre de l'année précédente une hausse de 32%. Cette valeur, qualifiée depuis la nuit des temps de valeur refuge, se place toujours sur un trend haussier. L'or profite ainsi des multiples dérapages qui pèsent sur l'activité économique, tels que les incertitudes sur l'évolution de l'inflation, la crise des dettes souveraines européennes, les craintes pour l'Euro, la dépréciation du Dollar… La montée en flèche et en continu du cours de l'or reflète la méfiance pour les actifs financiers, qui se sont dévalorisés par rapport à l'or ces dernières années. Il y a lieu de marquer une pause sur ce métal précieux. A quoi sert-il vraiment ? Pourquoi tout cet engouement sur ces lingots ou ces pièces en or qui, somme toute, n'ont aucune valeur intrinsèque réelle ? Contrairement aux actions, obligations ou tout autre titre financier, la valeur de l'or est difficilement mesurable. Ses fondamentaux, son évolution, sa valorisation ne dépendent que de facteurs psychologiques. Il ne peut être évalué comme un investissement financier puisqu'il n'est pas créateur de valeur et ne génère pas de rendement. Destiné davantage à un usage esthétique qu'industriel, ce mystérieux métal n'a de l'importance que parce qu'il est rare et que tout le monde a décidé de lui en donner. Et si demain tout le monde changeait d'avis et décidait d'accorder un peu plus d'intérêt à l'argent, les yeux seront détournés de l'or et rivés sur l'argent ! Warren Buffet, la troisième plus grande fortune au monde grâce aux investissements en Bourse, est contre le placement en or ni en n'importe quelle autre matière première. Pour lui, l'or n'est pas un investissement productif. Que ce dernier soit ou non précieux, il reste du métal inerte. «On peut le caresser, on peut le polir, on peut l'admirer. Mais il ne va rien faire… L'or n'a vraiment pas d'utilité, Je parierai qu'une entreprise ayant une production solide aura de meilleures performances que quelque chose qui ne fait rien du tout». La réalité est tout autre Tous les grands Etats ont leurs réserves en or à travers leurs banques centrales. L'or est incontestablement une valeur refuge en période de crise afin de pallier la dévaluation des monnaies ou de faire face à d'autres problèmes financiers. Ce métal n'intéresse pas que les Etats, mais les particuliers également. Etant donné son indifférence vis-à-vis de l'inflation, il représente désormais une valeur plébiscitée par tout type d'épargnant. Cependant, l'Etat marocain ne semble pas vraiment s'y intéresser comme l'attestent ses réserves en or. Ces dernières ne totalisent que 22 tonnes, ce qui représente un niveau relativement faible, comparaison faite avec l'Algérie qui en possède 173 tonnes ou le Liban avec près de 286 tonnes. Les pays développés détrônent de loin les pays en voie de développement. La France dispose de 2.435 tonnes, l'Allemagne de 3.402 tonnes et les Etats-Unis de 8.133 tonnes de réserves en or. La montée de l'or augure de bonnes perspectives El Mostafa Belkhayate, spécialiste de l'or, fondateur et Directeur de Swiss Aurum Corporation, premier fonds islamique dédié à l'or, prévoit une évolution continue et ascendante de ce dernier. Selon lui, «dans le court terme, l'or se dirige vers 2.000 USD l'once (avant 2012), puis cassera les 3.000 USD après Ramadan 2012, pour finalement culminer vers 5.000 USD avant 2015». La raison de cette hausse fulgurante de l'or réside dans la demande pérenne des pays émergents, notamment la Chine et l'Inde dont les réserves vont grandissant, d'une part, et la mise à disposition permanente des Etats-Unis de l'or sur les marchés, non pas pour fournir les marchés mais dans l'objectif de casser son prix, d'autre part…L'oncle Sam est loin d'atteindre son but ! Une amélioration des perspectives de croissance, accompagnée d'une stabilisation des politiques monétaires et d'un redressement des taux d'intérêt, permettra aux opérateurs d'avoir plus de visibilité et de confiance sur les différents marchés et ferait probablement chuter le cours de l'or à court et à moyen terme. Belkhayate, d'un ton ferme, assure que «le cours de l'or peut chuter brutalement, mais sa tendance de fonds restera haussière sur les 20 prochaines années». ■ I. Benchanna L'or profite de l'instabilité monétaire Tant que les risques économiques ne sont pas écartés, spécialement en Europe, tant que les politiques monétaires ne conforteront pas les marchés et que la Chine continuera à acquérir des quantités importantes de cette matière, l'or demeurera l'alternative par excellence à l'instabilité des monnaies. Selon notre spécialiste, «l'or physique est rare. Tout l'or du monde tient entre les piliers de la Tour Eiffel, ce que peu de gens peuvent imaginer».