L'Etat marocain cherche désespérément des sous. Après l'annulation de la cession de 7% du capital de Maroc?Telecom, laquelle devait rapporter pas moins de 9 milliards de DH, El Fassi et son équipe sont en quête de nouvelles niches devant permettre de renflouer les caisses. L'élaboration de la Loi de Finances 2012 devrait ainsi réserver beaucoup de surprises dans un contexte où il est plus que nécessaire de limiter le déficit budgétaire. S'il est clair qu'il s'agira de traquer les dépenses superflues, il semble tout aussi évident que la machine à glaner des sous pour l'Etat sera mise en orbite. Le Fisc devrait ainsi frapper fort. En cela, il ne manque pas de pistes, encore moins d'imagination. Et il va taper la où il sera difficile de désapprouver publiquement. Il l'a fait à plusieurs reprises en taxant davantage le tabac. Il a également initié la même démarche avec l'alcool. Personne n'a bronché. Aujourd'hui, l'idée qui fait son chemin est de taxer davantage les plus riches. Genre impôt sur la fortune (IFS)… version marocaine. Ce nouvel impôt ne s'appellerait pas cependant IFS mais, figurez-vous bien, impôt sur les «signes extérieurs de richesse». Ça, c'est avoir l'imagination fertile. Cela voudrait-il dire que tous ceux qui affichent des signes ostentatoires de richesse devront contribuer plus ? Certainement. Encore faudrait-il définir objectivement cette notion de «signes extérieurs de richesse» et déterminer un seuil pour lequel une personne est considérée comme riche. Parions-le !, le débat sur ces deux points va faire sensation. Pourtant, l'idée n'est pas mauvaise en soi, si tant est que ce projet est ficelé comme il le faut. Que les riches et les ultra-riches fassent un effort supplémentaire pour aider l'Etat à améliorer ses recettes fiscales n'est, au fond, que légitime. Car, pour la plupart, au cours de leur cheminement, ils ont eu à bénéficier de privilèges auxquels n'a pu prétendre le citoyen lambda. C'est peut-être le moment de renvoyer l'ascenseur afin, au moins une fois, que le superflu des riches serve aux pauvres. Mais rien n'est encore gagné. Et il est évident que si cette disposition fiscale est inscrite dans le projet de Budget 2012, les lobbies vont se mettre en branle. Car, on le sait, les riches en veulent toujours plus. Comme le laissait entendre l'écrivain chinois Lu Xun, «plus on est riche, plus on est chiche ; et plus on est chiche, plus on devient riche». Il faut néanmoins espérer que ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis, en France, en Italie ou encore en Allemagne, où des millionnaires se sont signalés pour payer volontairement plus d'impôts, va inspirer les fortunes marocaines. L'occasion leur est en tout cas donnée de montrer qu'ils sont de vrais patriotes prêts à mettre une partie de leur fortune au service de la collectivité.