Le CDVM devient de plus en plus exigeant en terme de communication financière allant jusqu'à sanctionner les mauvais élèves. Naissance de plusieurs associations afin de valoriser au mieux la communication financière sur la place. L'insuffisance de communication impacte le travail des analystes et des gestionnaires. Communiquer est devenu de nos jours une nécessité, notamment pour les sociétés cotées. En effet, ces dernières doivent se plier à cette exigence appelée communément sur le marché financier, communication financière. Cette dernière n'est autre qu'une technique de communication permettant à l'entreprise ou tous autres organismes de rassurer ses membres et son environnement sur sa santé financière. Ainsi, chaque année, pendant les trois mois qui suivent la fin de chaque semestre, on assiste à une pléiade de publications financières sur différents supports journalistiques par les sociétés cotées, concernant principalement les obligations réglementaires édictées par l'autorité du marché. Condition primordiale pour une survie au sein du marché financier, ces exigences légales ont trait à la publication des différents états de synthèse des sociétés accompagnés «idéalement» de commentaires et «au mieux» d'explications quant à l'évolution des principaux agrégats financiers. Communiquer sur l'activité de la société, ses résultats, ses perspectives éventuellement, les divers éléments qui ont impacté favorablement ou non ses performances… est, certes, une obligation mise en place par l'autorité du marché, mais elle est généralement assimilée plus à une contrainte qu'à un moyen d'assurer de la transparence. Or, la communication financière n'est pas instituée dans le seul objectif de se plier aux règles «pénibles» du CDVM, de montrer à la communauté financière le degré de transparence de ladite société et, au mieux, d'espérer un classement en tête de liste des bons élèves du marché financier. Les objectifs concrets derrière l'instauration de l'obligation de publier des informations financières vont au-delà des objectifs terre à terre que s'assignent certaines sociétés cotées. La communication financière vise l'amélioration de la valorisation du titre, la recherche de nouveaux investisseurs tant institutionnels qu'individuels et aussi la fidélisation des actionnaires faisant partie du tour de table de la société. Dans une large mesure, lors d'une opération sur le capital, la société attirerait plusieurs souscripteurs et l'opération connaitrait forcément un succès grâce au seul élément représenté par la communication financière et ce, toute chose étant égale par ailleurs. Un cadre législatif en perpétuel mutation La communication financière au Maroc est régie par la circulaire 07/09 qui abroge et remplace la 06/05 relative à la publication et à la diffusion des informations financières des sociétés faisant appel public à l'épargne. Celle-ci fait état de l'ensemble des éléments devant être diffusés par une société émettrice lors de la clôture de l'exercice semestriel et annuel. Par ailleurs, elle comprend les différentes obligations y afférentes telles que la consolidation des comptes, la publication des comptes pro forma, la référence aux normes comptables et d'audit internationales, notamment pour ce qui est des normes IAS/IFRS et l'amélioration du contenu de l'information semestrielle. Par ailleurs, le CDVM a émis dans le cadre de cette circulaire moult recommandations qui ne sont pas toujours respectées. Malheureusement. Ces dernières concernent la publication des résultats sur le site Internet de la société, la tenue de conférences de presse, la diffusion de notes descriptives accompagnant les états de synthèse et la publication des résultats trimestriels. A noter que sur ce dernier point, aucune société ne prend en compte cette recommandation, exception faite de Maroc Telecom qui, de par le lieu de sa cotation (Paris), est obligée de diffuser auprès du large public quelques agrégats trimestriels. Le régulateur du marché fournit moult efforts en vue d'améliorer la qualité et le contenu de la communication financière au sein de la place. Mis à part la refonte de la circulaire, il a publié récemment un rapport critique sur la pratique de la communication financière des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca. Ce dernier a été publié dans le but de distinguer les bons élèves des moins bons et de créer une concurrence entre sociétés cotées en vue de renforcer le dispositif de communication à l'égard de tous les acteurs du marché financier. Dressant un état des lieux du comportement des sociétés cotées vis-à-vis de la communication financière au terme de l'année 2009 et au premier semestre de 2010, cette étude s'est attelée à l'analyse d'un certain nombre d'éléments, à l'instar du respect des dispositions légales en termes de délais, de contenu, d'exhaustivité ainsi que de suivi des recommandations formulées par le CDVM. Le point commun entre sociétés cotées qui ressort de cette étude est le respect des délais légaux et réglementaires en vigueur qui sont de trois mois suivant la clôture de l'exercice semestriel et annuel. Des manquements sont toutefois relevés au niveau de la qualité, du contenu et de l'exhaustivité des informations financières publiées. Pour renforcer la transparence du marché, le CDVM a conclu le rapport en rappelant les recommandations incluses dans la circulaire 07/09. Diffuser auprès des actionnaires, des investisseurs potentiels et du grand public des informations financières d'une manière périodique ne se limite pas aux activités et résultats de la société. La transparence va au-delà de cela et inclut également l'information importante. Cette dernière, obligatoire à l'instar de l'information financière, revêt un caractère irrégulier et dépend des divers événements qui peuvent survenir au cours de la vie d'une société. Régi par la circulaire 05/05 qui a abrogé et remplacé la 05/97, ce type d'informations est défini comme étant «tout fait intervenant dans la situation commerciale, technique ou financière des personnes morales faisant APE et pouvant avoir une influence significative sur les cours en Bourse de leurs titres ou une incidence sur le patrimoine des porteurs de titres». Plusieurs efforts pour renforcer le niveau de la communication financière A côté des différentes améliorations réglementaires voulant assurer un bon niveau de la communication financière au sein de la place de Casablanca, le CDVM se montre de plus en plus exigent et ne manque pas de rappeler à l'ordre les sociétés cotées qui s'égarent par manque d'attention ou autres, lors de leurs publications financières. Les exemples sont de plus en plus fréquents, passant de la Sonasid à Sofac Crédit, sans oublier HPS et Médiaco. A la fin de chaque semestre, le régulateur publie un communiqué rappelant les différentes dispositions réglementaires en matière de publication financière, que cela soit en terme de délai, d'informations à publier ou de contenu. Ce qui n'est pas pris en compte par la totalité des sociétés faisant partie de la cote. Les manquements à la loi en vigueur ont amené le CDVM à leur infliger des sanctions disciplinaires qui vont de l'avertissement ou blâme, à des sanctions pécuniaires. L'objectif escompté est d'inciter au respect des règles et de renforcer le principe de la communication financière. D'un tout autre côté, l'autorité du marché, à travers ces mesures disciplinaires, met en relief l'objet de son existence sur le marché, qui ne se limite pas seulement à édicter des circulaires et veiller au respect de la déontologie, mais s'étend au pouvoir disciplinaire. Les analystes financiers au cœur de l'information financière L'analyste financier se trouve être le pilier au sein d'une société de Bourse, de gestion d'actifs ou autres. Ses travaux de recherche et d'analyse sont la matière première des traders et conseillers en investissements en vue d'orienter les investisseurs en matière de placement. Les notes de recherche publiées impactent dans une certaine mesure le cours en Bourse de la valeur. L'analyste se base, pour effectuer une évaluation d'entreprises, sur les informations fournies par les émetteurs. Bien qu'étant minimes, celui-ci utilise ses propres moyens pour se procurer davantage d'informations afin de compléter son modèle de valorisation, à l'instar des conférences organisées pour présenter les résultats et des réunions concoctées tant bien que mal avec les dirigeants des sociétés pendant lesquelles l'analyste, avide d'informations détaillées, s'épanouit en demandant des données plus précises quant à l'évolution, la stratégie ou les perspectives de croissance de l'entreprise… D'une manière presque unanime, «l'information financière demeure insuffisante» et fait encore l'objet de certains «détournements». En effet, certains n'hésitent pas à ruser afin que les investisseurs ne puissent pas apprécier la situation financière de l'entreprise en question. Publier les résultats un jour de week end, dans des journaux à vocation non financière pour passer inaperçus ou, pis encore, les condenser en une page pour rendre leur caractère illisible... tous les moyens sont bons pour éviter le jugement de la place financière. La difficulté rencontrée par l'analyste financier dépasse la carence en termes de qualité et de quantité des informations diffusées dans la presse. L'absence ou l'indisponibilité permanente du responsable communication pour orienter l'analyste financier et donner suite à sa requête, est devenue une contrainte sur laquelle il but souvent. Par ailleurs, un analyste du marché souligne que «pour certaines sociétés, il est impossible de joindre le directeur financier, d'autres n'acceptent de recevoir ni analyste ni journaliste… Pourtant, ils promettent lors des présentations des résultats des réunions individuelles pour assouvir nos besoins en informations ». Le combat continue pour ces soldats de l'ombre qui mènent une guerre acharnée pour récolter les informations nécessaires en vue de mener à terme et à bien des notes de recherche de qualité et alimenter ainsi le marché. De l'avis d'autres analystes, beaucoup d'améliorations ont été apportées tant dans la perception de l'importance de la communication financière parmi les émetteurs que dans le cadre réglementaire. «On se rapproche des standards internationaux en matière de diffusion d'informations financières, que cela soit en termes de contenu, de délai ou de fréquence», conclut cet analyste, optimiste quant au niveau de la communication financière de la place. Association Marocaine des Relations d'Investisseurs… Condition essentielle de la confiance des investisseurs, de la crédibilité des sociétés cotées et de l'intégrité de la place financière, la communication financière est au cœur des débats sur la transparence et, partant, l'efficience du marché financier. Dans ce sillage a été créée l'AMRI qui regroupe un think tank œuvrant à améliorer, à travers des actions bien définies, le niveau de la communication financière et à faciliter les relations entre le régulateur, les émetteurs et les autres acteurs de la place. Son plan d'action sur 2011 et 2012 s'attarde notamment sur les questions de sensibilisation et de prise de conscience, d'une part, et sur la promotion de la communication financière à l'international via des associations, d'autre part. Par ailleurs, agissant dans l'immédiat, l'AMRI définit comme impératifs actuels, entre autres, d'assurer une information égale entre les différents acteurs du marché et de donner une information exacte, précise et sincère de la situation de l'émetteur. Entre associations, régulateur du marché et acteurs de la place, la communication financière a du mal à décoller. Perdue entre obligations légales et diffusion intentionnelle, celle-ci demeure la préoccupation majeure des différents intervenants du marché financier de Casablanca. Certes bien des efforts ont été fournis dans le but de renforcer le niveau de la communication financière au Maroc, cependant, beaucoup reste à faire…