La communication financière au Maroc a toujours fait l'objet?de?débats. Considérée?davantage comme une contrainte, la majeure partie des sociétés soumises à l'obligation de rendre publics leurs résultats le font toujours avec un certain laxisme. Pour autant, le CDVM veille au grain. Et les évolutions réglementaires constatées en la matière depuis quelques années sont là pour en témoigner. La première grande impulsion en terme de communication financière a été, à ce titre, donnée par le gendarme du marché mi-2005, date à laquelle les sociétés cotées avaient l'obligation de ne plus limiter l'information financière aux comptes sociaux, mais de l'étendre également aux comptes consolidés. Les dispositions de cette circulaire ont ensuite été élargies, avec notamment l'obligation aux émetteurs de publier un compte de produits et charges semestriel au lieu du chiffre d'affaires; et l'obligation, pour les émetteurs ayant le statut de société anonyme, de publier le rapport des commissaires aux comptes au moment de la publication des états de synthèse annuels. Par ailleurs, dès octobre 2005, le CDVM a reprécisé les normes de consolidation, d'autant que les états de synthèse consolidés des personnes morales faisant appel public à l'épargne devaient être établis selon la législation en vigueur ou selon les normes comptables internationales (IAS/IFRS). Avec l'obligation du ou des commissaires aux comptes des dites sociétés d'émettre un rapport ou une attestation sur ces états de synthèse consolidés. Malgré tout cela, il faut croire qu'il existe encore certaines insuffisances. Ou plutôt une réelle volonté de certains émetteurs de narguer, selon la qualité des résultats, le CDVM et les actionnaires. On ne peut qualifier cela autrement lorsque l'on constate qu'ils respectent certes les obligations légales pour être quittes avec la réglementation, mais qu'ils le font avec désinvolture : la publication des comptes se limite le plus souvent à un alignement de minuscules petits chiffres à peine lisibles et sans grand intérêt pour les actionnaires. Qu'importe donc si les données publiées sont inaccessibles au public auquel elles sont destinées. Narguer «l'autorité qui veille sur notre épargne» et ceux qui leur font confiance, certains émetteurs le font aussi en publiant parfois leurs états de synthèse… un dimanche. Histoire de faire passer inaperçues des performances en berne. Sur ces points précis, le CDVM a les mains liées pour l'instant, puisqu'il n'y a point d'infraction. Raison pour laquelle n'hésite-t-il pas à s'agiter vigoureusement dès lors qu'il en a la possibilité, surtout lorsque certains émetteurs oublient volontairement d'émettre un profit warning. Reste que la modicité des sanctions, par rapport au préjudice subi par les investisseurs, est loin d'annihiler les velléités des copistes, encore moins la récidive. Sanctionner lourdement pour l'exemple, imposer des formats standards (police, taille…) en matière de comptes annuels, exiger des états de synthèse trimestriels… sont autant d'initiatives que devraient prendre le gendarme du marché pour donner un saut qualitatif important à la communication financière au Maroc. Histoire de faire comprendre aux émetteurs qui courtisent les actionnaires quand ils ont besoin de renflouer leurs caisses que la communication financière est davantage une communication sur l'image, d'autant plus que l'actionnaire ou l'investisseur n'évalue plus seulement l'entreprise sur la seule base du bilan, mais tient également compte de ses hommes et de la qualité de son management. Histoire, simplement, de les inciter à mieux communiquer.