Le Maroc s'est doté d'une réglementation bancaire forte et cohérente qui assure une grande sécurité pour les clients. La faible bancarisation des Marocains peut sembler un frein au développement de la monétique. Pour Yassir Chakib, le patron de Flouss.com, l'innovation est primordiale pour réussir l'équation économique et commerciale. -Finances News Hebdo : Vous opérez à partir de la France vers 34 pays, notamment le Maroc. Dans ce sens, peut-on dire que le cadre réglementaire régissant l'activité du transfert d'argent en France et au Maroc est compatible ? -Yassir Chakib : Chaque pays applique sa propre réglementation bancaire et financière qui répond à des objectifs et des impératifs propres au pays en question. Ainsi, le Maroc s'est doté d'une réglementation bancaire forte et cohérente qui assure, entre autres, une grande sécurité pour les clients des institutions financières agréées. En France, la réglementation bancaire a beaucoup évolué ces dernières années; ainsi, un nouveau cadre réglementaire a été mis en place en plus de celui des établissements de crédit. Il s'agit des etablissements de paiement. Flouss.com a obtenu l'agrément établissement de paiement auprès de la Banque de France pour offrir le service de transfert d'argent pour les résidents en France. Parmi les obligations de Flouss.com, nous devons nous assurer que l'argent de nos clients arrive bien entre les mains du bénéficiaire désigné lors de l'envoi. C'est pourquoi nos partenaires de livraison des fonds au Maroc sont également agréés par les autorités de régulation bancaire au Maroc. -F.N.H. : Comment est-il possible d'opérer un tarif unique et low cost même pour le transfert international ? -Y. C. : Notre entreprise a adopté un positionnement «Low Cost». Nous avons mis en place une structure d'entreprise «minimaliste» qui permet à la fois d'offrir à nos clients un service de transfert d'argent rapide, performant, sûr et d'appliquer des frais très bas. Pour réussir cette équation économique et commerciale, l'innovation est primordiale ! Nous innovons en permanence pour baisser nos coûts et faire ainsi bénéficier nos clients d'un tarif très bas. Nous avons été le premier opérateur en France à mettre sur le marché une carte de transfert d'argent (la carte Flouss). Nous sommes également le premier à instaurer un tarif unique de transfert d'argent de 8€ quel que soit le montant ! -F.N.H. : En tant que PDG d'un établissement de paiement, comment voyez-vous le développement de la monétique au Maroc ? -Y. C. : Le Maroc bénéficie d'un positionnement unique en Afrique dans ce domaine. La faible bancarisation des Marocains peut paraître un frein au développement de la monétique. Je pense au contraire que c'est une chance. Je fais le parallèle avec le secteur des télécommunications : les Africains ont adopté massivement la téléphonie Mobile sans passer par la téléphonie Fixe. La même chose va se passer dans le secteur bancaire : les africains n'adopteront pas la bancarisation telle qu'on la connaît en Europe, mais passeront directement à des offres innovantes et adaptées et qui sont largement liées à l'innovation dans le domaine de la monétique. -F.N.H. : Pour les services fournis aux MRE, peut-on avoir une idée sur votre activité au Maroc et le potentiel du marché MRE pour vous ? -Y. C. : Le Maroc est notre premier «Corridor» en terme de flux de transferts. Il représente environ 30% de notre flux global. Il faut savoir que le flux de transferts d'argent vers le Maroc représente environ 10% du PIB marocain. Le potentiel est énorme ! La majorité des MRE passe par les circuits classiques de transfert d'argent et plus particulièrement par Western Union. Ils payent très cher le service. Nous leur offrons une meilleure alternative : le même service mais avec beaucoup moins de frais. En passant par Flouss.com, un MRE peut transférer 10% de plus que s'il passe par un opérateur classique. -F.N.H. : Vous proposez également une carte de retrait prépayée internationale qu'on peut utiliser dans des distributeurs affiliés Cirrus/MasterCard. N'est-ce pas là un handicap pour le développement de ce produit au Maroc, le réseau étant majoritairement affilié à Visa ? -Y. C. : Nous n'avons pas ce handicap au Maroc. En effet, la majorité des distributeurs automatiques de billets au Maroc est affiliée aux deux réseaux : Visa et MasterCard. Nous avons cette limitation dans d'autres pays en Afrique comme le Cameroun. Propos recueillis par I. Bouhrara