Les fondamentaux de la campagne agricole 2004-2005 se présentent sous de bons auspices. Entre pluies prometteuses et niveau de remplissage des barrages, les fellahs sont confiants. Mais la sous-mécanisation du secteur reste un gros handicap. Sous quel signe sannonce la saison agricole 2004-2005 ? Sil est évidemment bien difficile de répondre à ce genre de question à cause du caractère aléatoire du facteur climatique, on peut toutefois avancer que, dans lensemble, les fondamentaux de la campagne risquent de se révéler, au cours des prochains mois, plutôt satisfaisants. Exercice périlleux, en effet, que celui de prétendre prédire ce que sera le ciel dans les semaines à venir. La météo ne se hasarde dailleurs jamais à avancer de lointaines projections. Cest lobservation du niveau de précipitations de pluies durant les semaines passées ainsi que lévolution du taux de remplissage des barrages dans le Royaume qui restent le seul indicateur de ce que pourrait être la saison agricole en terme de rendement. À en juger par les premiers indices pluviométriques, les réserves deaux stockées dans les barrages atteignent actuellement près de 7 milliards de mètres cubes. Ce niveau national moyen, enregistré au 1er novembre, correspond à un taux de remplissage global de lordre de 54% alors quà la même période, lannée dernière, les ouvrages affichaient 49%. Lévolution nest certes pas énorme, mais quelle soit positive est tout de même un excellent indicateur compte tenu de la hantise par rapport à une éventuelle saison de sécheresse. Dailleurs, le taux de remplissage des barrages dépasse le seuil de 60% dans certains périmètres irrigués, indique-t-on auprès du ministère de lAgriculture et du Développement rural, ce qui augure dun bon potentiel dirrigation dans lesdits périmètres. Leffet des premières précipitations La répartition nationale des taux de remplissage laisse apparaître des disparités régionales qui sont structurellement constantes au fil des années. Ainsi, le taux dans les périmètres irrigués est de 72% dans le Haouz, 69% dans le Gharb, 61% à Tadla, 59% dans le bassin de la Moulouya et 60% dans le Loukkos. En revanche, le taux est nettement inférieur dans dautres zones : 40% à Ouarzazate, 28% dans le Souss Massa, 27% à Doukkala, 24% à Tafilalet Les pluies observées, le mois dernier à travers le Royaume, avaient naturellement de quoi donner de l'espoir aux agriculteurs, en particulier ceux qui nont pas décosystème agricole développé sur la base dune irrigation régulière et dune mécanisation de loutil de production. Mais le soulagement nen reste pas moins réel dans le milieu rural, car la physionomie de la pluviométrie nationale, au début de ce mois de novembre, montre un niveau de précipitations de 49 mm alors quen année normale, et à la même période, ce niveau se situe plutôt aux alentours de 36 mm. Ces premières précipitations ont permis aux fellahs de procéder déjà aux préparatifs et à lactivation des terres cultivables. Dune manière générale, la campagne agricole qui commence est en train de samorcer d'une façon normale. En effet, au 1er novembre, la superficie des terres travaillées est estimée à quelque 1,4 million d'hectares, ce qui est sensiblement le même niveau comparé à celui de lannée dernière et à la moyenne des trois dernières saisons. Cet indicateur davancement serait bien plus important si le niveau de mécanisation des agriculteurs était plus élevé. Hormis les grandes exploitations dotées dune logistique de pointe, lécrasante majorité des terres cultivées le sont par des moyens modestes, souvent traditionnels. Le matériel agricole est, en effet, souvent obsolète, insuffisant et inadapté. À titre dexemple : alors que les besoins réels en terme de tracteurs sont denviron 100.000 engins, le niveau déquipement actuel est dà peine 43.000 unités. La campagne marocaine reste encore largement sous-mécanisée : un problème majeur auquel tous les concernés doivent prêter attention. Ceci dit, la question qui se pose pour le moment est la suivante : comment se présentent les agrégats de la campagne 2004-2005 ? Mécanisation insuffisante des fellahs Selon les premières estimations du ministère de lAgriculture, une hausse des cultures sucrières est observée ainsi quun certain recul des exportations de tomates. La plupart des agriculteurs saccordent à dire que ces contre-performances de la solanacée à lexport, sont imputées aux températures excessives qui ont sévi, à la fin daoût et jusquau début de septembre, sur les régions du Royaume où la tomate est cultivée, notamment le Sud (voir page 21). Les spécialistes agricoles avancent des prévisions positives pour les différentes cultures de cette campagne, en particulier les fruits et légumes (voir article page 21). En effet, environ 1,29 million de tonnes est prévu contre 1,148 million au titre de la campagne 2003-2004, ce qui dénote une hausse dà peu près 13%. Ce sont surtout les régions du Souss et du Centre qui sont concernées par cette évolution, avec respectivement +18% et +12%. Il faut préciser que les opérations de semis de céréales et de légumineuses n'ont pas encore réellement démarré, les fellahs étant à laffût dopportunités climatiques favorables. À ce titre, il faut également indiquer que les ventes dengrais ont enregistré environ180.000 tonnes, réparties entre les engrais dits de fond (112.000 tonnes) et les engrais de couverture (67.000 tonnes).