La 10ème session ordinaire du CNCE (Conseil National du Commerce Extérieur) sest tenue avant-hier, mardi, au siège de lOCP (Office Chérifien des Phosphates). A lordre du jour : les différents travaux effectués par le Conseil ainsi que la présentation de laccord de libre-échange avec les Etats-Unis. Juillet 2003 était la date avancée lors de la dernière réunion du CNCE (tenue en juin de la même année) pour une généralisation de lEDI à tous les ports. Il savère aujourdhui que la réalisation de ce projet rencontre encore certaines difficultés, quand bien même lODEP a lancé un appel doffres pour opérer la généralisation aux autres ports. Il sagit, à ce titre, de confier à ladjudicataire, pour une durée de 5 ans, lexclusivité de lexploitation de lEDI au niveau des ports autres que Casablanca. Cest cette démarche qui est néanmoins à lorigine du blocage du projet, en ce sens quelle perpétue non seulement létat de monopole de fait pour les réseaux à valeur ajoutée (RVA), mais quelle oblige également les agents maritimes (des opérateurs privés) à traiter avec un opérateur choisi uniquement par lODEP, ce qui ne favorise pas la liberté de choix des fournisseurs par les clients. Raison pour laquelle, dailleurs, le Bureau exécutif du CNCE a retenu, en décembre 2003, «loption douverture de tous les ports à la concurrence et permettre ainsi de démanteler le monopole de lopérateur RVA existant déjà à Casablanca et remédier à la mise en place dun autre monopole au niveau des autres ports». Les responsables de lODEP souscrivent cependant, du bout des lèvres, à cette recommandation du Bureau exécutif du Conseil, puisquils avancent que lapproche préconisée ne peut être mise en uvre au niveau des ports autres que Casablanca, étant donné les contraintes réglementaires relatives au fait que le marché conclu avec Mentra est issu dun appel doffres. En définitive, cest une proposition de généralisation à la carte de lEDI qui semble avoir retenu lattention. «Cette solution est basée sur les principes de clarification des responsabilités des partenaires, lintroduction de la concurrence entre les prestataires de réseaux à valeur ajoutée et la dynamisation du processus de développement de lusage de lEDI», souligne-t-on. Trois groupes de travail ont été constitués et soccuperont du processus descale, du processus de déclaration en douane et du paiement électronique. Réforme portuaire La réforme portuaire avait occupé lessentiel des débats lors de la 9ème réunion du CNCE. Une étude relative à la compétitivité du port de Casablanca avait dailleurs été réalisée afin de pouvoir formuler des propositions concrètes pour améliorer lefficacité et le coût du transit portuaire des marchandises. Réalisée en trois phases, cette étude sest focalisée sur lanalyse de la structure des coûts, la comparaison des différents coûts directs et indirects supportés par les opérateurs du port de Casablanca avec les ports de Marseille, dAnvers, de Barcelone et du Nigéria, et a proposé un plan daction intégré à même daméliorer la compétitivité du port de Casablanca. Il en est ressorti globalement que le port de Casablanca avait besoin dune profonde restructuration de son organisation et dun climat social plus propice au développement de son activité. A cet égard, un ensemble de recommandations a été transmis par le président du CNCE, Mourad Chérif, au ministre du Transport et de lEquipement, Karim Ghallab. Cest ainsi que la première version du projet de loi sur la réforme portuaire a été modifiée, intégrant quelques recommandations du Conseil. Dans ce sens, le rôle et la mission de lAgence Nationale des Ports ont été précisés et clarifiés. Les dispositions permettant à lAgence de détenir des participations financières dans les sociétés concessionnaires et devenir ainsi membre de leur Conseil dAdministration ou de Surveillance ont été, dans ce cadre, supprimées. Il sagit maintenant de passer à laction en étudiant et en instaurant les mesures daccompagnement nécessaires afin de pouvoir, au mieux, tirer profit de laccord de libre-échange avec les Etats-Unis. Il convient toutefois de souligner que certaines dispositions préconisées par la Conseil nont pas été retenues dans la nouvelle version du projet de loi. Il en est ainsi de la proposition concernant lintroduction dune disposition relative à lapplication des règles émises par lOMI (Organisation Maritime Internationale) ou encore de la garde juridique des marchandises depuis leur réception jusquà leur livraison. Dans le même ordre didées, «il na pas été procédé à la fixation du nombre-limite de concessions à accorder aux entités morales publiques ou privées de droit marocain, telle quelle a été suggérée dans le but dassurer les conditions favorables de la concurrence et déviter toute situation de monopole ou dexclusivité». Laccord de libre-échange Comme on le sait, laccord de libre-échange signé entre le Maroc et les USA a été à lorigine dune véritable foire dempoigne. Il faut dire que le secret qui a entouré les négociations a favorisé un climat de suspicion renforcé par les rares informations qui filtraient de temps à autre. En cela, certains opérateurs nont pas manqué dattribuer à cet accord une couleur politique fort prononcée, même sil sagissait a priori de négociations commerciales. La première version du projet de loi sur la réforme portuaire a été modifiée, intégrant quelques recommandations du Conseil. En fait, le débat tournait surtout autour de la nécessité de protéger des secteurs-clés et sensibles de léconomie marocaine comme lagriculture et le textile. Il a fallu cependant que certains intervenants, tels que ceux du secteur de la santé, fassent entendre leur voix pour se rendre compte que les volets agricole et textile nétaient pas les seuls concernés par cet accord, quand bien même ils ont été élevés au rang de priorité. Une priorité qui légitime, comme le confirme Mohamed Aït Kadi, négociateur de la partie agricole, que le Maroc ait accordé aux USA le minimum de concessions possibles, surtout en ce qui concerne lagriculture. Cela dit, au niveau du CNCE, il sagit maintenant de passer à laction en étudiant et en instaurant les mesures daccompagnement nécessaires afin de pouvoir, au mieux, tirer profit de laccord de libre-échange avec les Etats-Unis. Dans cette optique, il sagit aujourdhui, pour le Maroc, de développer son offre exportable.