Un contrat de 500 MDH pour la réalisation d'une centrale de cogénération dans la raffinerie de Limbe, au Cameroun. Des ambitions fortes. Mehdi Zouhir, président Directeur général de Buzzichelli Maroc, revient sur les enjeux de ce nouveau contrat et les perspectives de développement du Groupe. - Finances News Hebdo : Dans le cadre de votre stratégie de développement et de votre internationalisation, vous venez de décrocher un nouveau contrat au Cameroun. Tout d'abord, pourquoi le Cameroun ? - Mehdi Zouhir : Le Cameroun fait partie d'une zone géographique que nous ciblons depuis plusieurs années, à savoir l'Afrique, le Maghreb et le Moyen-Orient. Nous sommes en permanence en veille commerciale sur les grands projets dans l'ensemble de ces pays de l'Afrique de l'Ouest. Une veille, menée aussi bien du Maroc qu'à travers notre filiale Buzzichelli International située à Paris, qui nous a permis de décrocher ce projet. C'est la société Foster Wheeler, filiale française d'un groupe américain d'ingénierie industrielle, spécialisé dans la pétrochimie et le raffinage, qui suit les appels d'offres et notamment celui du projet camerounais de la Sonara (Société nationale de raffinage du Cameroun). Nous avons donc reçu, comme bon nombre d'entreprises européennes, cet appel d'offres de cette compagnie internationale. - F.N.H. : Quelle a été votre valeur ajoutée pour décrocher ce contrat, tout en sachant que vous aviez en face de vous des concurrents de poids ? - M.Z. : Ce qui nous a permis de remporter cette offre c'est premièrement le prix. Bien évidemment, nous sommes dans une concurrence commerciale et le prix joue un rôle important. Il est clair qu'aujourd'hui les entreprises marocaines, par rapport aux entreprises européennes, ont un certain levier pour pouvoir offrir des solutions compétitives. Deuxièmement, nous avons acquis une expérience dans le domaine de l'énergie et plus précisément dans la construction des centrales électriques. Une expérience qui s'est enrichie au cours des 10 dernières années pendant lesquelles nous avons construit de nombreuses centrales au Maroc. A savoir la centrale électrique à cycle combiné de Tahaddart pour le compte de Siemens, la centrale de Mohammedia pour Général Electric / Socoin et nous venons de décrocher celle de Kénitra pour le compte de Général Electric / Cegelec. Nous avons également un partenariat avec la société française ICE, spécialisée en ingénierie Process dans le domaine de l'énergie, qui va d'ailleurs réaliser l'ingénierie Process du projet camerounais. - F.N.H. : Aujourd'hui, vous êtes présent sur les plus grands chantiers lancés par le Royaume. Quelle serait votre part de marché ? - M.Z. : Pour la réalisation des grandes infrastructures industrielles, le Maroc dispose de 2 ou 3 entreprises capables de réaliser de tels projets. Sur la partie montage d'unités industrielles, Buzzichelli Maroc est leader au Maroc. - F.N.H. : Vous êtes présent en Libye, est-ce que la conjoncture actuelle n'entrave pas vos projets ? - M.Z. : Nous sommes présents en Libye depuis 1992 où nous avons travaillé sur des projets importants dans le pétrole, à Zaouïa et Benghazi. Aujourd'hui, Buzzichelli Maroc n'est pas impacté pas la situation actuelle en Libye, vu que depuis 4 ans la filiale est en veille. - F.N.H. : Vous avez envisagé une hausse de 31% du CA pour l'année en cours ; quelles en sont les raisons ? Sont-elles dues à une bonne conjoncture ou à de nouveaux contrats en vue ? - M.Z. : Notre CA a connu une croissance continue depuis les 10 dernières années. Il est clair que depuis 2000, le Maroc connaît un soutien fort à l'investissement à l'échelle macro, à savoir les logements sociaux, les infrastructures, les aéroports… Derrière ces grands chantiers, il y a un besoin notamment en énergie et en matières premières. Ce qui revient à dire que le développement de Buzzichelli est lié au développement que mène le Maroc. Maintenant, si on compare cette hausse à la progression de la profession, on constate qu'elle est largement supérieure vu que nous prenons des parts de marché assez importantes, et nous apportons continuellement des innovations dans notre métier. Pour conclure, cette croissance est due aussi bien à une conjoncture favorable qu'au fait que nous prenons des contrats de plus en plus importants. - F.N.H. : Vous êtes engagé dans une démarche de système de management intégré, à savoir ISO 9001V2008, OHSAS 18001 et ISO 14001. Quel est votre politique de développement durable ? - M.Z. : Aujourd'hui, Buzzichelli Maroc est engagé dans une démarche de système de management intégré. Nous sommes certifiés ISO 9001 version 2008, OHSAS 18001 version 2007, et en cours de certification pour ISO 14001. L'objectif derrière ces certifications est, en premier lieu, de garantir à nos clients le respect des normes et des standards internationaux dans le cadre de la réalisation de nos projets. De plus, vis-à-vis de nos clients, la certification joue un rôle important de vecteur commercial, de communication. Et enfin, pour mieux protéger nos employés vu que nous travaillons sur des sites sensibles. Nous sommes également très impliqués dans la problématique sociale que nous jugeons importante vu la nature de notre métier, avec en interne une charte de responsabilité sociale très volontariste dans un métier où le capital humain est au cœur de nos préoccupations. À travers plusieurs vecteurs, nous créons une vraie dynamique sociale, un vecteur orienté salarié pour des avantages sociaux supplémentaires ; à titre d'exemple, un fonds dédié à l'accès au logement, soit un financement de 10% de la traite, un fonds de 5% de résultat net distribué à l'ensemble des employés dont le salaire est inférieur à 10.000 DH ainsi que bon nombre d'avantages sociaux. Nous organisons des activités sociales une fois par an pour l'ensemble de nos employés et leurs enfants sur différents thèmes d'actualité, à savoir le développement durable, la sécurité au travail pour créer une vraie culture de l'entreprise. - F.N.H. : Quels sont les projets que vous avez en cours au Maroc et à l'étranger ? - M.Z. : Sur le plan national, nous venons d'achever la cimenterie de Ben Ahmed pour CIMAT, du groupe Addoha. Un grand projet qui a duré plus d'une année et pour lequel nous avons construit l'ensemble de la partie mécanique de la cimenterie. Nous venons également de terminer la centrale électrique de Mohammedia ainsi qu'une unité de production d'oxygène, d'hydrogène et d'argon pour le consortium Air liquide / Maghreb Oxygène. Pour l'année en cours, nous devons achever le terminal pétrolier de Tanger Med ; nous travaillons pour la cimenterie de Fès et aussi pour plusieurs projets importants pour le compte de l'OCP, à Jorf Lasfar et Safi. Propos recueillis par L. Boumahrou