En France, l'âge légal de départ à la retraite sera repoussé de quatre mois tous les ans pour parvenir à 62 ans en 2018. Les mesures d'âge prévues par le gouvernement devraient permettre de réduire de 50% les déficits d'ici 2018. Au Maroc, la réforme vise à intégrer la péréquation démographique nationale dans un régime de base unifié (RBU). La Journée de formation initiée récemment par la CIMR s'est penchée, entre autres, sur les trois piliers d'un système de retraite. Le premier est relatif à la prévoyance étatique et garantit le minimum vital. Le second pilier concerne la prévoyance professionnelle collective. Et, enfin, le troisième a trait à la prévoyance privée et plus particulièrement la complémentaire individuelle. A noter que tous les systèmes de retraite de par le monde reposent sur les trois piliers. Les maux dont souffrent les différents systèmes sont de trois ordres : le premier est la transition démographique, le second l'allongement de la durée de vie humaine et le troisième les pilotages à court terme. Il s'agit là de l'exploitation irrationnelle de la vulnérabilité propre de la retraite pour des raisons de négligence face aux conséquences à long terme. Dans un pays comme la France duquel nous nous inspirons, on retrouve 38 régimes ou dispositifs légalement obligatoires couvrant la totalité des actifs occupés (24 millions). D'après Janani, actuaire à la CIMR, parmi les caractéristiques du système de retraite, on note une bonne efficacité, voire un taux de couverture proche de 100%, un bon niveau régional des pensions de retraite et un recul significatif de la pauvreté chez les personnes âgées. Mais cela n'empêche pas de dire qu'il est compliqué à cause d'une fragmentation extrême du système (38 régimes), un mécanisme de compensation opportuniste et un processus de réforme difficile à déclencher. En vue de faire face au déficit du régime de retraite, la France a essayé de répondre par un allongement de la durée de cotisation. Les futurs retraités français cesseront le travail non plus à 60 ans, mais à 62 ans. Ce changement interviendra progressivement à compter du 1er juillet 2011. L'âge légal de départ à la retraite sera ainsi repoussé de quatre mois tous les ans pour parvenir à 62 ans en 2018. Toujours est-il que l'âge légal de départ à la retraite sera maintenu à 60 ans pour les travailleurs souffrant d'une pénibilité avérée. Les mesures d'âge prévues par le gouvernement devraient permettre de réduire de 50% les déficits d'ici 2018. Toutefois, l'équilibre ne peut être trouvé que si le scénario du gouvernement est respecté à savoir : un retour au plein emploi à l'horizon 2024, un taux de chômage de 4,5% cette même année et une croissance de la productivité de travail de 1,5%. Des chiffres qui, faut-il le reconnaître, ne sont pas faciles à réaliser. Quid du Maroc ? Pour le cas du Maroc, les nouveaux objectifs de la réforme sont de garantir l'équilibre et la viabilité des régimes sur le long terme, sauvegarder les droits acquis jusqu'à la date de la réforme, assurer des taux de remplacement nets aptes à sauvegarder les niveaux de vie après la période d'activité sans menacer la viabilité du système. Des études ont été lancées et les cabinets Actuaria et Charles Riley ont été désignés pour la réalisation des études sur la réforme du secteur. Le diagnostic des régimes met en exergue deux premiers constats : le premier est la faible couverture et l'éclatement du secteur des retraites actuel en nombreux régimes obligatoires ou facultatifs. Le diagnostic a fait apparaître une dette implicite non couverte importante et qui s'aggrave avec le temps. Une sous-tarification des engagements déjà pris, longtemps masquée par la montée en charge démographique des régimes, et un changement démographique qui n'arrange pas la situation des régimes (vieillissement de la population, amélioration de l'espérance de vie). Tenant compte de ces différentes contraintes, le système cible repose sur des principes tels que la satisfaction des objectifs de prestation fixés par les termes de référence, l'intégration de la dynamique démographique circonstancielle dans le budget de la réforme pour assurer la soutenabilité financière de l'ensemble et contribuer à la réduction de la dette implicite héritée des régimes actuels (voir www.financenews.press.ma). Le but étant de construire le système le plus simple possible au regard des contraintes. Et d'intégrer la péréquation démographique nationale dans un régime de base unifié (RBU) avec un plafond limité qui autorise une certaine générosité pour les bas revenus, soutenable sur le long terme et attractive pour les nouveaux entrants.