* Pendant de longues années, la ville du Détroit a bénéficié davantages fiscaux qui nont pu drainer de gros investissements à cause dune infrastructure défaillante. * Le Code général des impôts (CGI) prévoit-il de mettre fin à certains avantages fiscaux au moment où les conditions sont plus propices à un nouvel élan ? Les incitations fiscales peuvent-elle être considérées comme un levier de croissance dans une région déterminée ? Lexemple de la ville du Détroit est significatif à plus dun titre. A noter que la création de la zone franche du port de Tanger date du 01/01/1962. Au départ, les seuls impôts collectés par le Fisc sont lIR et lIS aménagé. Les marchandises entrant ou sortant sont exemptées des taxes de péage, des taxes de séjour portuaires ou autres de même nature, instituées dans le port. La zone franche du port de Tanger nest pas soumise au régime de contrôle du commerce extérieur et des changes. Le constat qui en a découlé quelques années plus tard est que cette exonération totale et sans limite na pas eu les effets escomptés. En 1992, la ville de Tanger a vu la création dune place financière offshore par la promulgation de la loi 58-90. Cette place est essentiellement ouverte aux activités de banque et des sociétés de gestion de portefeuille et de prises de participation. Ces banques avaient la liberté dans le choix de la législation applicable aux règles de constitution, de fonctionnement et de dissolution. Leur principale activité est de recevoir des dépôts en monnaies étrangères et deffectuer toutes opérations financières, de crédit, de Bourse ou de change. Elles ont également la possibilité deffectuer pour leur propre compte, ou pour le compte de leur clientèle non-résidente, toute opération de placement financier, darbitrage, de couverture et de transfert en devises ou en or. Et dans le même cadre dincitations, ces dernières ne sont soumises à aucune obligation de rapatriement de leurs revenus ou produits à létranger et bénéficient dune entière liberté de change en ce qui concerne leurs opérations avec les non-résidents. Mieux encore, les banques offshore peuvent conformément à la législation en vigueur, investir librement au Maroc et prendre des participations dans le capital des sociétés résidentes. Les banques offshore jouissent également dune exonération de tous droits denregistrement et de timbre en ce qui concerne les actes de constitution et daugmentation de capital ainsi que lacquisition dimmeubles nécessaires à létablissement de leurs sièges et agences. Régime fiscal TVA Les banques offshore qui ont acquitté la TVA bénéficient du remboursement du montant de la taxe acquittée dans les conditions prévues par la loi. Par ailleurs, sont exonérés de la TVA les intérêts et les commissions sur les opérations de prêt et de toutes autres prestations de services effectuées par les banques offshore ainsi que les intérêts servis sur les dépôts et sur tous autres placements effectués en monnaies étrangères convertibles auprès des banques offshore. En matière dIS, les banques sont soumises au taux de 10% pour les 15 premières années consécutives suivant la date de lobtention de lagrément et après expiration du délai de 15 ans, elles sont soumises au taux de lIS régi par la loi n° 24-86. En ce qui concerne le régime douanier, on assiste à une exonération des droits de douane et taxes dus à limportation pour le matériel, mobilier et biens déquipement importés directement ou pour leur compte ainsi quun remboursement des droits de douane perçus sur le matériel, le mobilier et biens déquipement dorigine étrangère acquis localement. Toutes les mesures citées ci-dessus avaient pour objectifs dencourager les exportations, de promouvoir lemploi, de réduire le coût de linvestissement, de rationaliser la consommation de lénergie et de leau. Des objectifs qui sont malheureusement restés des vux pieux. La corrélation entre linvestissement et le développement économique dune région déterminée nest pas aussi évidente quelle paraît. Ces incitations fiscales aussi importantes dans la région du Détroit ont eu un impact quasi nul. Daprès un expert-comptable, ces mesures fiscales très importantes nont pas pu avoir des retombées positives à cause dune infrastructure qui laisse tant à désirer. «La fiscalité ne pourrait à elle seule dynamiser la région sil manque des autoroutes, des ports, une main-duvre qualifiée », sempresse-t-il dajouter. Il annonce également quaujourdhui toutes les conditions semblent être réunies dans la ville de Tanger et que ce nest pas le moment de mettre fin à tous ces avantages. J. Mikou, Directeur Général de Tanger Free Zone, ne partage pas entièrement cet avis. Il considère que «depuis 1999, date de mise en place de la zone franche, des résultats intéressants ont pu être dégagés. Mais assurément, avec tous ces avantages, nous devions nous attendre à une explosion des investissements, ce qui na pas été le cas». Pourquoi ? A cause de la structure daccueil et du marché de linvestisseur en question. La fiscalité est un atout important, mais qui na aucune importance si la Justice ne suit pas et si la formation est défaillante. Concernant la remise en cause des exonérations fiscales, N. Bensouda a été clair sur ce point lors de sa dernière visite dans la région. Pour linstant, il n y a pas de remise en cause, mais un véritable partenariat sinstaure aujourdhui entre Tanger et la DGI. Le but étant daccélérer davantage lincitation fiscale. Parce quin fine, ces exonérations auront un impact sur linvestissement. En terme de volume, ces investissements généreront plus de recettes fiscales à travers lIS et aussi lIR par le biais de la création demplois.