Un investissement de 750 millions de DH pour la création d'un village touristique à Saïdia. Lancement d'un projet de pôle de commercialisation des produits artisanaux marocains en Europe. Tour d'horizon avec Bouchaib Rami, président du Club des investisseurs marocains de l'étranger. - Finances News Hebdo : En tant que président du Club des investisseurs marocains de l'étranger, pouvez-vous nous dire comment ont évolué les investissements des MRE durant ces deux dernières années ? - Bouchaib Rami. : Il est clair qu'avec la crise mondiale, le nombre des investisseurs MRE a baissé à plus de 50%. Nous sommes passés de plus de 100 investisseurs par an, à 50 en 2009 et à peine à 30 investisseurs en 2010, avec 260 millions de DH et 65.000 emplois à créer. Cette baisse n'est pas due uniquement à la crise, mais les potentiels investisseurs sont réticents puisqu'ils considèrent que plusieurs entraves les freinent, notamment l'infrastructure de notre pays qui n'est pas assez solide. Par contre, il y a d'autres types de placements des MRE qui ne sont pas très visibles, comme l'investissement en Bourse. De plus en plus de MRE placent leur argent en actions et en obligations. Pour le cas notamment de l'introduction en Bourse de CNIA Saada, plus de 700 investisseurs MRE ont participé à l'opération. - F. N. H. : On sait que la première génération de MRE investissait surtout dans le secteur immobilier. Les choses ont-elles donc changé ? - B. R. : C'est vrai, dans le temps, les MRE ne pensaient investir que dans l'immobilier. Aujourd'hui, les temps ont changé, et leur vision aussi. De plus en plus de jeunes investisseurs viennent au Maroc avec des projets innovants. Nous constatons que la deuxième génération investit dans tous les secteurs, notamment l'agriculture, la pêche, le tourisme, l'artisanat, le service……… - F. N. H. : Quel rôle jouez-vous pour attirer de plus en plus d'investisseur ? - B. R. : Nous organisons chaque année une caravane sous le thème «L'initiation à l'investissement au Maroc». Nous sillonnons les différents pays d'Europe à la conquête de potentiels investisseurs marocains. Pour donner à notre campagne une crédibilité et une notoriété vis-à-vis des investisseurs, nous sommes accompagnés par nos partenaires marocains : les banques et les représentants des l'Agence urbaine, des impôts, de la Conservation foncière, du CRI, de l'AMD, des chambres de commerce, la douane… Si nous partons avec tout cet arsenal, c'est pour donner la possibilité aux investisseurs d'exposer toutes leurs contraintes aux autorités et leur permettre de poser toutes les questions pouvant les intéresser et visant à faciliter leur installation au Maroc. Notre rôle ne s'arrête pas là. Nous accompagnons aussi les investisseurs dans leur démarche d'installation au Maroc, de l'amont à l'aval. Notamment le choix du créneau d'identification du projet, l'orientation vers le secteur adéquat, l'étude financière du projet, la mise en relation de partenariat avec les investisseurs…… Les MRE sont également accompagnés dans leur démarche d'investissement par Bank Al Amal, qui vient d'obtenir l'autorisation de BAM pour devenir une banque à part entière pouvant financer de grands projets. - F. N. H. : Que pensez-vous des projets lancés par le Maroc, notamment la régionalisation, et comment comptez-vous l'accompagner ? - B. R. : Le Maroc a beaucoup évolué ces dernières années. Nous avons évoqué le projet de la régionalisation plusieurs années auparavant. Cette restructuration va donner au pays une opportunité pour aller de l'avant. Nous accompagnons ce changement par la création de CIME régionaux. J'ai proposé au Conseil national de l'entreprise (CNE), organisé par la CGEM, que l'on crée une Agence régionale d'investissement qui regroupe les différents partenaires, à savoir les CRI, les unions régionales de la CGEM, les présidents des communes, toutes les parties administratives de la région, les CIME, les Chambres de commerce... Histoire de pouvoir tous travailler sous la tutelle d'un seul pilote afin de mieux valoriser les régions, gagner du temps dans le traitement des dossiers et établir une réelle transparence. - F. N. H. : Après la crise mondiale, plusieurs MRE se sont trouvés au chômage. Ceci a impacté l'économie nationale avec la baisse des transferts d'argent. Avez-vous envisagé des solutions pour réintégrer ces MRE dans la société ? - B. R. : Nous travaillons en collaboration avec le ministère du Commerce extérieur et le secrétariat d'Etat au Tourisme et à l'Artisanat afin de mettre à jour un projet de partenariat entre les MRE chômeurs et les artisans marocains. Nous souhaitons créer un Point Maroc (PM), c'est-à-dire un pôle de commercialisation de tous les produits marocains à l'étranger, et plus précisément l'artisanat. Le projet consiste à créer des relais pour commercialiser l'artisanat marocain en Europe. Le coût initial de l'investissement sera de 10 milliards de DH. Nous avons déjà une liste des MRE au chômage qui souhaiteraient bénéficier de ce programme. Nous avons aussi l'accord des sociétés de financement européennes qui adhèrent à cette initiative et qui sont prêtes à la financer. Par l'occasion, je tiens à lancer un appel au gouvernement et aux solides partenaires de nous accompagner dans cette initiative qui permettra aux MRE de reprendre leurs activités et ainsi augmenter le transfert de fonds vers leur pays d'origine. - F. N. H. : Quels sont les grands chantiers que le Club envisage de réaliser à court et moyen termes ? - B. R. : Pour l'année 2011, nous avons envisagé le lancement d'un projet grandiose. Il s'agit d'un village touristique dans la région de Saïdia nommé «Les jardins des citoyens du monde». Un investissement de 750 millions de DH qui va s'étaler sur 45 hectares. Avec ce projet, nous comptons renforcer l'industrie touristique et participer à la création de l'emploi dans la région de l'Oriental. Le plan du projet a été réalisé à partir d'une étude avec les MRE, pour connaître leurs besoins et leurs attentes. Réalisé par un architecte marocain résidant en Allemagne, le plan comporte des villas, un parc de jeux, un marché et une reproduction de l'ancienne Médina. Actuellement, nous sommes en phase de convaincre les investisseurs MRE afin de démarrer le chantier l'année prochaine. Nous comptons aussi sur l'appui du ministère du Tourisme pour mettre à jour ce projet. Par ailleurs, nous avons beaucoup d'ambitions et de projets pour accompagner notre pays dans son développement. Nous envisagions de créer dans chaque région des clubs d'affaires. Nous allons lancer un programme de recrutement des jeunes universitaires. Enfin, nous souhaitons créer un Forum régional des chômeurs et patrons. Propos recueillis par L.B. (Stagiaire)