· La halle au poisson modernisée · Mais à l'extérieur, les reventes restent insalubres · Difficile de changer les habitudes Une évolution très significative en poids et en valeur des produits de la pêche maritime a été constatée dans les halles au poisson des ports d'El Jadida et Jorf Lasfar, durant le premier semestre. En effet, pendant cette période, ont légalement transité 1.627 tonnes de poisson pour une valeur de 15.549.000 DH. En comparaison avec l'année précédente, c'est une évolution de 34% en poids et 28% en valeur. Cette augmentation est expliquée par l'intensification des opérations de contrôle, explique Abdeljalil Kassy, délégué régional de l'Office national des pêches (ONP). Des chiffres qui ne reflètent cependant pas les véritables quantités de produits de la mer commercialisées dans la province dotée d'un littoral de 150 km de longueur. Les canotiers et la pêche artisanale éparpillés réalisent 70% de la production. Les petits pêcheurs disposent de 15 points de débarquement sauvage. En attendant bien sûr, la réalisation des projets de Lahdida à Chtouka et à Oualidia qui sont prévus pour organiser le secteur et regrouper ces pêcheurs. Les intermédiaires interviennent dans les sites non contrôlés par l'Office pour acheter et acheminer directement les produits de la mer notamment vers Casablanca. De la quantité déclarée par l'ONP, le poisson blanc représente 221 tonnes pour une valeur de 5.143.000 DH. La production de poisson pélagique (comme la sardine et le maquereau) constitue 1.023 tonnes pour une valeur de 4.572.000 DH. Les prises de céphalopodes (poulpe) ont avoisiné 368 tonnes pour 574.8000 DH. Alors que les crustacés commercialisés ont été de l'ordre de 15 tonnes d'une valeur de 86.000 DH. Le port d'El Jadida a drainé 67% des transactions contre 33% pour Jorf Lasfar. Au début de l'année en cours, l'ONP a consenti des investissements pour la mise à niveau des deux halles au poisson de la province. Ce sont des travaux de réaménagement établissant des normes d'hygiène et de salubrité, indique le délégué. Introduction et utilisation de caisses en plastique qui sont devenues les contenants normalisés. Auparavant, étaient utilisées des caisses en bois. Des chariots en inox servent pour le transport et l'acheminement du poisson vers les halles. Et là aussi, les étalages des produits de la pêche se font désormais sur des palettes en plastique aussi. Un règlement a également été établi pour la séparation des flux et des espèces. Installation de pédiluves, lave-pieds imbibés de produits désinfectants. L'Office a par ailleurs délégué le nettoiement des quais de débarquement à une société privée. Au port d'El Jadida, un pont-bascule a été installé. Il est destiné au pesage des camions transportant les produits de la pêche. Et éventuellement, pour la commercialisation des algues marines. Le contrôle vétérinaire est assuré quotidiennement et avant toute transaction commerciale, est-il précisé. Mais en dehors de la halle, une vingtaine de vendeurs détaillants de poisson étalent leur marchandise. Leurs clients potentiels sont les habitants de la ville et les visiteurs à la recherche de poisson “frais”. Ces poissonniers, installés à l'intérieur même de l'enceinte portuaire, induisent les clients en erreur en leur vendant du poisson congelé. Ce dernier est amené depuis Casablanca ou depuis les régions du sud. Comble de l'aberration, le poisson entre au port, au lieu d'en sortir. En dehors de la halle, la vente de poisson est strictement interdite au port.Ces pratiques sont dangereuses pour les consommateurs. Le poisson de congélation est destiné à la consommation immédiate. Et non pas à être exposé au soleil et à la poussière. Les poissonniers gardent la marchandise invendue pendant des jours jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'écouler. Pour ne pas perdre de leur éclat, les poissons sont abondamment arrosés d'eau de mer polluée du port. Paradoxalement, les habitants d'El Jadida ne mangent pas de produits de mer frais. La majorité des captures de pêche sont écoulées et acheminées vers le marché casablancais par camions frigorifiques. Gargotiers et restaurateurs Les bonnes odeurs de poisson grillé ou frit ne sont pas nécessairement synonymes de salubrité. Des gargotes préparent leurs produits dans des conditions d'hygiène désastreuses, échappant à tout contrôle, explique le vétérinaire. Le taux de cholestérol augmente considérablement dans l'huile de friture dès sa deuxième cuisson. Or, la même huile est réutilisée plusieurs fois. Les ustensiles dont la grande poêle à frire ne sont pas lavés systématiquement.