Reine. Oui, elle l'était. Reine des plages. Sereine, pudique où la vie s'écoulait tranquille dans une monotonie agréable. Sa cité historique. Sa cité historique. Son climat doux. Son théâtre majestueux et impérial. Ses plages interminables. Sa terre riche et fertile. Tout en elle caractérisait la quiétude, la beauté et laissait présager le meilleur des sorts et des destinées. Reine dans sa splendeur. Majestueuse sur son piédestal, elle scrutait l'horizon. Confiante et rassurée. Hélas ! La réalité a évincé le rêve. Le piédestal est tombé et la Reine s'est écroulée. Elle a perdu sa couronne et sa pudeur. L'ombre noire du ridicule masque ses traits jadis fins et ensorceleurs. La Reine agonise. Elle se meurt, minée par le mal, pataugeant dans la pourriture, vaincue par la honte et le ridicule. Tout y est de travers. L'anarchie est totale et personne ne semble s'en soucier. L'espace public est constamment piétiné. Les passages piétons sont occupés et les vestiges d'une cité séculaire sont défigurés. Aucune âme et plus aucun charme. Aujourd'hui, dans l'ultime sursaut d'un agonisant, dans un dernier souffle d'honneur, elle fait, de son mieux, pour dévoiler le secret de sa déchéance. Elle essaie de s'exprimer, d'incriminer. Elle essaie de soulager sa conscience. Peut- être que le mince et fragile fil, la retenant, trouverait qui le consolide. Livrée à elle-même, elle se meurt dans l'indifférence des siens. De ceux qu'elle avait, tendrement, bercés. Elle se meurt de ce mal qui la torture et la ronge. Telle une tumeur dont les racines s'ancrent et se propagent. Touchée à mort dans ce qu'elle a de plus cher au monde. L'honneur et la dignité de ses filles et fils. Car, hélas : - La débauche sévit. - La criminalité règne. - Des gosses, en dizaines, commercent dans le détail des cigarettes. - La mendicité se généralise. - Les bars ne désemplissent pas. - Les lieux de déperdition poussent tels des champignons. - La prostitution prolifère Ah, ces filles de joie ! Elles sont de tous les âges. On les voit partout et à n'importe quel temps. Des jeunes et moins jeunes quadrillent la ville Elles hantent les bars. Elles se droguent. Elles « chichent ». Telles des marchandises, elles vendent leurs corps. On en trouve de toutes les bourses. El Jadida, le fameux « Mazagan », agonise. Elle se meurt. Et pendant ce temps, que fait notre « respectable » conseil municipal ? Il est aux abonnés absents. Sauf pour ses intérêts particuliers. Maître en l'art de léthargie, il se distingue, aussi, par sa non- chalence et son manque de devoir et de responsabilité. La preuve est cette programmation, en 2010, de moult actions au bénéfice de la ville et au profit de ses habitants, il a brillé par son inertie de tenir parole en mettant au jour d'importants projets pourtant approuvés par le conseil dans une session. Maître en l'art de mettre en évidence de faux excédents. Les fournisseurs, hormis les proches, ne sont pas payés. Les dépenses d'équipement en infrastructures et autres sont inexistantes. Et le tout tombe dans la masse pour des mutations douteuses dans des rubriques faisant la joie et le bonheur de quelques-uns de « nos élus ». Les bons de commande font légion. Une manière discrète et dont sont spécialistes quelques-uns réputés, dans cette spécialité, au niveau local et régional. La Reine est entre des mains impitoyables. Elle balbutie la pauvre pour appeler du secours. Y a- t- il un sauveur ?