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THE ARTIST : « QUAND L'IMAGE PREND LA PAROLE »
Publié dans Eljadida 24 le 24 - 06 - 2012

The Artist, un film muet qui a rendu la parole à la bande image, et cela dès le commencement du film, l'incipit. Cette image d'ouverture est, en quelque sorte, un résumé de la thématique du film : un homme qui refuse de parler, et que deux hommes torturent essayant de l'y obliger. Il s'entête et finit par sombrer dans l'inconscience.

Le personnage central, George Valentin, est une star de films muets. Il est au sommet du « box-office » et toujours en haut de l'affiche. Il est arrogant, suffisant, présomptueux et superbement vaniteux. Il est insolent envers son vis-à-vis féminin. Il est bientôt rattrapé par le cinéma parlant. Il refuse de « parler » et a une attitude dédaigneuse face à cette révolution dans le domaine du cinéma. De son côté, Peppy Miler, une actrice débutante essaie de se frayer un chemin dans le cinéma. Elle rencontre Valentin et se fait photographier avec lui. Elle débute comme comparse et, petit à petit, elle se met à grimper les échelons jusqu'au firmament.
L'arrivé du cinéma parlant (une chance pour Peppy Miler) va l'aider à s'imposer. Elle s'y engage corps et âme. Elle gagne des places sur le générique. Elle devient de plus en plus connue. Au même moment, Valentin s'obstine par amour propre et aussi par orgueil dans son refus du cinéma parlant. Il s'est mis sur pente glissante le menant au monde sombre de l'anonymat. Pour lui, la descente aux enfers commence. Il redevient anonyme, un « monsieur-tout- le-monde ». On ne le reconnaît plus dans la rue.
Tout ceci, au lieu d'être dit, est quasi complètement montré, représenté par l'image. A part quelques cartons qui transcrivent quelques répliques, le récit est représenté, donné à voir au lieu d'être donné à lire ou à entendre. The Artist est un récit à regarder attentivement. Le moindre détail donne à voir une idée ou une signification, un message ou un sens.
L'évolution des rapports entre, d'une part, Valentin et Miler, et entre, d'autre part, Valentin et sa femme est donnée à voir. En quatre plans, on nous fait voir cette progression sentimentale. On tourne un film. Valentin et Miler en font partie : le premier en tant que personnage principal ; la seconde, en tant que comparse. On est à la vingtième scène. C'est une scène où valentin et Miler doivent danser ensemble : à la première prise (Pa1), ils dansent sans se regarder, indifférents comme de parfaits inconnus :
Pa1
À la deuxième, ils se regardent et se sourient (Pa2). Valentin vient à oublier qu'il tourne une scène :
Pa2
À la troisième, ils se mettent à plaisanter, rire et discuter (Pa3) :
Pa3
À la quatrième, ils sont silencieux, sérieux, graves : ils ont pris conscience de leur attirance réciproque, de leur amour naissant (Pa4) :
Parallèlement, rien ne va plus entre Valentin et sa femme. Cette relation va de mal en pis. Et cette régression dans leur sentiment, ce changement dans leur relation, cet éloignement l'un de l'autre, nous est montré en neuf plans : un jeu de champs et contre-champs significatif.
Au plan Pb1 :
Pb1
Valentin regarde dans le vague ou, plutôt intérieurement ; il se perd dans ses pensées remarquant à peine la présence de sa femme assise de l'autre côté de la table. Il lui jette un coup d'œil de temps en temps, subrepticement. Il est pensif. Derrière lui, nous pouvons remarquer la présence, posés sur un meuble mural, un bouquet de fleurs dans une sorte de vase (forme féminine symbolisant sa femme), et une sorte de théière (forme masculine le symbolisant). Néanmoins, les deux objet sont éloignés l'un de l'autre.
Au plan Pb2 :
Pb2
La femme est habillée en blanc ; elle est également pensive ; devant elle, sur la table, nous remarquons la présence d'un vase plein de roses de couleurs différentes ; derrière elle, sur un meuble, nous pouvons voir deux bustes (l'un est celui d'une femme, l'autre est celui d'un homme). L'un est encore tout près de l'autre. La femme tient encore à son mari.
Au plan Pb3 :
Pb3
Valentin est plus en plus pensif, absorbé, préoccupé, songeur ; il ne regarde même plus sa femme ; le décor derrière lui n'a pas tellement changé comme s'il gardait encore quelque sentiment envers sa femme.
Au plan Pb4 :
Pb4
La femme a changé de robe ; elle s'habille d'une robe noire (fait-elle le deuil de son mariage?) ; elle est ailleurs ; devant elle le vase ne contient plus que quelques roses blanches (garde-t-elle de l'amitié, de la tendresse envers son mari ?) ; derrière, sur le meuble, les deux bustes se sont éloignés l'un de l'autre ; les deux personnages se sont également éloignés l'un de l'autre.
Au plan Pb5 :
Pb5
Valentin a mis une robe de chambre au dessus de son costume ; il ne regarde même plus sa femme ; il semble sur le point de prendre une décision ; les objets (le vase de fleurs et la théière) sont encore à leur place, mais ses pensées sont désormais pour une autre.
Au plan Pb6
Pb6
La femme est en robe de chambre ; elle est pensive, songeuse, absente (une remise en question de son couple ?) ; devant elle, un petit vase avec une seule rose blanche ; derrière elle, sur le meuble, les deux bustes se sont éloignés encore un peu plus. Ses sentiments sont de moins en moins chaleureux envers son mari.
Au plan Pb7 :
Pb7

Valentin est en costume cravate ; il fume en lisant le journal ; il n'est plus pensif, songeur, absent ; derrière lui, il ne reste, sur le meuble, que la théière ; il a pris sa décision : il s'est définitivement éloigné de sa femme ; la séparation est consommée.
Au plan Pb8 :
Pb8
Pour elle, Valentin fait désormais partie du passé ; elle ne lui adresse plus un regard ; elle griffonne avec un stylo sur quelque chose ; elle est habillée d'une jolie robe : sa décision est prise ; derrière elle, il n'y a plus qu'un seul buste, le buste féminin. Désormais, il est hors de sa vie.
Au plan Pb9 :
Pb9
Sur ce plan, on voit ce que la femme de Valentin est en train de griffonner. Elle a utilisé le visage de son mari (ou ex-mari) comme lieu de griffonnage. Non seulement elle ne l'aime plus, mais elle se moque de lui, elle le ridiculise.
Une autre comparaison est à faire entre la carrière de Peppy Miller en constante progression et la carrière « en chute libre » de Valentin. Ici, aussi, en quelques plans, on nous montre l'ascension vers le haut de l'affiche de Miller.
Quatre génériques sont utilisés pour montrer cette montée. D'ailleurs sur l'un des génériques, on aperçoit, en image de fond, un escalier en colimaçon symbolisant cette ascension « vertigineuse » vers le haut (Pc1) :
Pc1
Sur le premier générique, elle est tout en bas, une inconnue. Au fil des génériques, elle remonte les places jusqu'au quatrième où elle se classe « premier second rôle ». A l'arrivée, elle est le personnage principal d'un film : un film parlant.
Les images, le décor et les accessoires sont importants dans le film THE ARTIST. Les miroirs sont d'une importance primordiale pour la construction du sens dans le film. Que ce soit sous forme d'une vitre ou d'une glace, le miroir « parle ». Il a une fonction d'anticipation (Pc1) :

Pd1
Valentin mime le geste de se suicider. On le voit dans le miroir. Ce geste anticipe sur une autre scène qui se passe vers la fin du film. Dans cette scène, Valentin tente de se suicider, et cette fois il utilise un vrai revolver (Pc2) :
Pd2
En aidant Miller à avoir un plus, à se différencier des autres actrices (le grain de beauté qu'il pose sur le visage de l'actrice), c'est comme s'il « torpillait » sa propre carrière, comme s'il se suicidait.
Dans une autre scène, le miroir, sous forme de vitre, renvoie à Valentin l'image de son passé glorieux où tout le monde le connaissait (Pc3) :
Pd3
Valentin est habillé d'un costume en mauvaise état. Derrière la vitre, on a suspendu un costume « neuf » celui qu'il a vendu au propriétaire de la boutique. Il est nostalgique et triste.
Les positions de la caméra sont aussi utilisées pour montrer, représenter la descente en enfer de valentin et la montée de Peppy Miller comme dans cette scène se déroulant au milieu d'un escalier dans une société de production cinématographique. Peppy Miller est en haut de l'escalier, Valentin est en bas (Pe1):
Pe1
Après leur séparation, Peppy continue son ascension. Au même moment, valentin poursuit sa descente. La fin du film produit par lui-même et où il joue le premier rôle connote, suggère, symbolise sa disparition, son enlisement, sa mort artistique (Pe2) :
Pe2
Comme chacun a pu le constater, le film est construit autour d'une dualité ou, plutôt, d'un « duel » que se livrent Valentin et Miller, le cinéma muet et le cinéma parlant, les jeunes et les vieux. Duel où chacun des deux « extrêmes » essaie d'exclure l'autre : l'un OU l'autre (Pf1) :

Pf1
Le film essaie d'apporter une réponse, une résolution, une solution à ce « OU » exclusif et égoïste : à la place du « OU », il avance le coordonnant « ET » inclusif et rassembleur :

L'un des personnages du film NOSTALGHIA d'André TARKOVSKY dit : « une goutte plus une goutte ne fait pas deux gouttes d'eau, mais une goutte ».
Cette union est réalisée par l'amour, la musique, la danse, l'Art.


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