La présence portugaise au Maroc s'étend de 1415 à 1768 avec la prise de Mazagan par les Saadiens. Sous couvert de lutter contre les « infidèles musulmans », les Portugais s'emparent du port de Sebta, clé du commerce entre l'Afrique et l'Europe, et de nombreuses villes côtières. Durant près de 200 ans, Portugais et Marocains voient l'essentiel de leurs rapports limités à des affrontements, en témoignent les immenses forteresses des villes de MazaganEl Jadida, Azemmour ou encore Mogador-Essaouira.Le Portugal a achevé sa guerre de reconquête contre les musulmans en 1249, soit bien avant l'Espagne (1495). En 1415, alors que de nombreuses expéditions sont menées par les marins portugais en Afrique, le Portugal projette l'enthousiasme guerrier du Royaume vers l'extérieur : dans le droit fi de la « reconquista » et des croisades, le Portugal organise la conquête de Sebta. L'Espagne, en 1399, s'empare de Tétouan. Les Portugais avancent d'abord une raison religieuse à la conquête du port marocain. En réalité, Sebta est alors une plaque tournante de l'économie mondiale. Elle est l'embouchure sur l'Europe des routes commerciales, transsahariennes. En sens contraire, Sebta reçoit les marchandises venues d'Europe. Avec la prise de Sebta, en 1415, le Portugal entend se saisir du port qui a aussi été, dès le VII° siècle, le point de passage depuis le Maghreb des armées musulmanes à la conquête de l'Europe. Les armées portugaises parviennent à réaliser une attaque surprise sur Sebta. En une journée de combats, le port tombe aux mains des Portugais, rapporte Otmane Mansouri, historien. L'attaque porte un coup fatal au makhzen des Mérinides. Avec la conquête de Sebta, les Portugais prouvent à l'Europe que le Maroc n'était pas celui que l'on redoutait tant. Le makhzen s'affaiblit. Incapable de conserver toutes les forces politiques et religieuses unies sous son pouvoir, il perd aussi les revenus des taxes issus du commerce à destination de Sebta. La dynastie mérinide prend fin en 1465. Au nord, le sultanat Wattasside qui prend la relève décline rapidement. Le premier sultan wattasside, Muhammad ach-Chaykh, habitait à Asilah. Intronisé, il quitte la ville pour Fès. Les Portugais s'emparent aussitôt d'Asilah et, avec elle, du fils du sultan. Le sultanat débute sous de mauvais auspices. Au sud, les Saadiens, dynastie arabe émergente, prennent le pouvoir. Le Maroc est alors divisé en deux. Les Portugais, face à la faiblesse du makhzen, entament la conquête d'autres villes du nord, le long de la côte méditerranéenne, dont Tanger, en 1471. Les Espagnols conquièrent, à leur tour, Melillia. Le makhzen se retrouve, ainsi, privé de ports de commerce sur la Méditerranée. Tour à tour, chaque ville est prise de force puis entourée de fortifications depuis lesquelles les Portugais lancent des attaques. Cependant, toutes les villes sont encerclées et les troupes marocaines forment des blocus. Au début du XVI° siècle, le Portugal tente une nouvelle approche. Grâce à l'impuissance croissante des Wattassides à protéger la population de l'ennemi, les Portugais multiplient les contacts, notamment commerciaux, avec les tribus locales. Certains chefs de tribus deviennent mêmes des vassaux du roi du Portugal. L'avancée portugaise se poursuit tout le long de la côte atlantique, à l'exception de Rabat et Salé. Ces fronteiras, enclaves fortifiées, sont aussi utilisées par les Portugais comme escales pour les navires dans le cadre de leur commerce avec leur nouvelle colonie : le Brésil. Les Portugais arrivent jusqu'aux portes de Marrakech : au sud, le Souss, région riche et peuplée. Les Soussis craignent que les Portugais n'avancent encore, ils s'allient alors avec les Saadiens. En 1541, les Saadiens, grâce à ces nouveaux renforts, récupèrent les villes portugaises. Ils gagnent, de même, le pouvoir sur tout le Maroc au détriment des Wattassides, en 1554.