Ecrit par I. Bouhrara | La discussion du PLF 2022 qui marque les grandes lignes de conduite de la majorité en cet An I de l'ère Akhannouch a été marquée par quelques confusions au sein de la majorité et a laissé l'opposition frustrée avec seuls 3 amendement acceptés. Après ce collé-serré de plus d'un mois, la ministre des Finances peut enfin souffler. Le PLF 2022 avait commencé de mauvais pied, après la confusion du report de sa présentation, dont la date a été fixée avant même que le texte ne soit approuvé en conseil des ministres et voilà que sa discussion, surtout dans la première chambre a laissé éclater au grand jour des tensions au sein même des groupes parlementaires de la majorité. Les séances de débat retransmises en direct étaient souvent tendues, avec également une opposition chauffée à blanc, le cas du PJD et l'USFP, le premier débouté après les résultats du scrutin du 8 septembre et le deuxième parti encore vexé de ne pas avoir intégré la majorité... des débats qui ont pourtant convergé vers la modestie des axes du PLF 2022 qui marque l'An I du mandat du gouvernement d'Akhannouch, comparativement aux engagements ambitieux du gouvernement et des attentes des citoyens dans ce contexte d'incertitude exacerbé par la poursuite de la crise sanitaire. Le processus de discussion et d'approbation du PLF 2022, comme nous l'annoncions, a fait l'objet d'un rapport de l'Observatoire du travail gouvernemental (OTRAGO), qui a soulevé plusieurs remarques quant à l'attitude de la majorité ou encore le sort réservé aux propositions de l'opposition. Concernant la discussion et l'approbation du PLF 2022, notamment à la première Chambre, l'opération a démarré avec un retard de 10 jours, le 25 au lieu du 18 octobre, un temps amputé aux députés. Le processus a été marqué dès le démarrage des discussions par une absence flagrante d'harmonie entre les groupes parlementaires de la majorité. L'Observateur argue particulièrement avec l'exemple du groupe istiqlalien dont le président Noureddine Mediane a sévèrement critiqué nombre de propositions contenues dans le PLF émanant d'une majorité dont l'Istiqlal fait partie. A contrario, l'opposition a proposé des amendements communs, mobilisant ainsi sa force pour mieux défendre sa perception de ce que doit proposer le PLF dans cette conjoncture particulière. Par ailleurs, le temps imparti aux interventions a été largement à la faveur de la majorité qui a dominé l'opposition. Il est également regretté de voir que le gouvernement a refusé la majorité des amendements proposés par l'opposition (70 en plus des 22 de l'alliance de la Fédération de gauche), à l'exception de 3 amendements jugés plus de forme et que la majorité avait également proposés. Par contre, quasiment tous les amendements de la majorité ont été pris en considération soit 23 sur la base de 31, sachant que 8 amendements ont été retirés. Le hic est que tous ces amendements se sont limités à des mesures fiscales ou douanières et non pas les axes stratégiques du PLF2022. Or, l'Observatoire du travail gouvernemental a émis des craintes quant à la fragilité des hypothèses retenues dans le PLF, particulièrement l'objectif de 3,2 % de taux de croissance en 2022 jugé insuffisant pour répondre aux grandes attentes des citoyens encore moins pour atteindre les objectifs du gouvernement en termes de création d'emplois ou de relance. D'ailleurs, à ce jour, il n'est pas encore suffisamment clair comment le gouvernement va-t-il créer ces 250.000 emplois, dont l'enveloppe mobilisée est de 2,25 Mds de DH. Aussi, est-il relevé la faiblesse du financement accordé aux autoentrepreneurs dans le cadre du programme Força, puisque le crédit est plafonné à 25.000 DH par projet. Pour l'OTRAGO, ce programme s'assimile plus à des activités créatrices de revenus que des opportunités d'investissement pérennes. Sur un autre registre, il est relevé la confusion dans le comptage des voix lors de l'approbation de la première partie du PLF à la première chambre lors de la séance présidée par Rachid Talbi Alami. Le passage à la deuxième chambre, n'est guère mieux. En effet, contrairement à la chambre des représentants, l'opposition à la chambre des conseillers, l'opposition n'a pas coordonné son action pour présenter des amendements communs et augmenter les chances de les faire passer. Fort heureusement, le gouvernement a relativement réagi positivement aux propositions de l'opposition, comme on note qu'il n'a pas fait usage de l'article 77 de la Constitution. En deuxième lecture du PLF à la première chambre, l'OTRAGO a remarqué la persistance de la confusion au sein de la majorité, comme il est relevé la vitesse de discussion et d'approbation du PLF 2022 en moins de 6 jours fixés par la loi. Maintenant que le PLF 2022 est approuvé, la ministre des Finances peut enfin souffler !