La découverte archéologique dans la grotte de Bizmoune (province d'Essaouira) représente l'une des expressions les plus marquantes de l'Humanité et une œuvre exceptionnelle qui a su braver le temps en gardant toute sa puissance, souvenir d'une grande épopée humaine, a déclaré, jeudi 18 novembre, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid. Cette découverte à Essaouira, datant de 150.000 ans, met en avant la créativité humaine à travers des objets de parure faisant de cette partie de l'Afrique du Nord un centre de création et de diffusion des innovations culturelles, a indiqué M. Bensaid dans son allocution lors d'une cérémonie pour la présentation de la découverte principale de Bizmoune, rehaussée par la présence de M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi et Président-Fondateur de l'Association Essaouira-Mogador et d'un parterre d'éminentes personnalités issues de divers horizons. Dans ces grottes de Bizmoune, des humains ont vécu pour donner vie à des coquillages, les perçant et les rendant des objets d'apparat, créant ainsi un symbolisme et une communication non-verbale, a ajouté le ministre lors de cette cérémonie, qui s'est déroulée au site historique et emblématique de Chellah. De son côté, le professeur d'archéologie préhistorique à l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine (INSAP), Abdeljalil Bouzouggar, a mis en relief l'apport incontestable et le rôle majeur du Maroc dans l'Histoire de l'Humanité. Cette découverte archéologique démontre la place du Royaume en tant que carrefour des civilisations et centre de diffusion culturelle, a affirmé M. Bouzouggar, également directeur de l'équipe scientifique ayant mené cette recherche archéologique, dans une déclaration à "M24′′, la chaîne d'information en continu de la MAP, ajoutant qu'il s'agit d"un paradis pour les archéologues et géologues du monde". Notant que les prospections archéologiques pour trouver ces sites à Essaouira ont débuté en 2007 alors que la grotte a été découverte en 2008, il a expliqué que la découverte correspond à une trentaine de coquilles marines, récoltées par les humains et issues d'une mer qui était située à une cinquantaine de kilomètres de la grotte de Bizmoune. Ces coquilles ont été perforées et ocrées par l'utilisation d'une substance rouge riche en oxyde de fer, a-t-il précisé. Selon le chercheur, les implications de cette découverte révèlent pour la première fois l'utilisation préhistorique du corps humain en tant que support afin de communiquer avec ses semblables. Ces coquillages retrouvés n'ont pas été uniquement portés à des fins d'embellissement, mais aussi pour renvoyer des messages et mettre en avant une identité partagée par un même groupe, a-t-il affirmé, relevant que ces mêmes objets ont été découverts dans différents sites archéologiques en Afrique du Nord et en Afrique du Sud, à des dates plus ou moins récents (35.000 ans et 75.000 ans). Dans le même sillage, le chercheur et doctorant à l'université d'Arizona, Ismael Sanchez Morales, a réaffirmé, dans une déclaration à "M24", l'importance majeure et la spécificité du site de Bizmoune, non seulement pour le Maroc, mais également pour l'Humanité entière. Bizmoune a fourni et continue à offrir une multitude d'informations sur les origines de la pensée symbolique humaine, a-t-il fait savoir. Cette découverte est une des preuves les plus anciennes (plus de 150.000 ans) du comportement humain, à travers des pensées symboliques qui incluent des coquillages marins utilisés en tant que parures, avec des traces de peinture rouge d'ocre retrouvées, a dit M. Morales. La découverte principale de Bizmoune représente 32 coquilles façonnées de gastéropodes marins dans un niveau datant de 142.000 à 150.000 ans. Ces artefacts fabriqués à partir de coquilles de Tritia gibbosula constituent les plus anciens éléments de parure découverts à ce jour. La grotte de Bizmoune est le nom que la population locale attribue à cette cavité. C'est un mot issu de l'Amazighe qui signifie l'endroit aux lions ou la tanière de la lionne.