Ecrit par Imane Bouhrara | C'est un secret de polichinelle au Maroc, notre classement Doing Business est en décalage avec l'évolution des indicateurs des affaires au Maroc. Et pourtant, malgré les alertes des experts et économistes sur la viabilité d'un tel classement mondial, Doing Business est devenu un argument marketing... surtout ces 10 dernières années. A telle enseigne, qu'au lieu que le gouvernement sortant se fixe un objectif concret, il lui est passé par la tête de courir derrière l'objectif d'être dans le top 50 du Classement du Doing Business... Un objectif en réalité à portée de main puisqu'améliorant régulièrement son classement annuel, le Maroc est 53e mondial, 3e dans le monde arabe et en Afrique et premier d'Afrique du Nord dans le rapport 2020 de la Banque mondiale. Tout à coup, le scandale éclaboussant l'une des plus grandes institutions internationales, la Banque mondiale annonce le 16 septembre l'arrêt de publication du Doing Business... Parce qu'en plus de l'irrégularité des données, les rapports internes (de la Banque mondiale) ont soulevé des questions d'éthique, concernant notamment la conduite d'anciens responsables du Conseil des Administrateurs ainsi que de certains employés actuels et/ou anciens de la Banque, la direction a porté les allégations relatives aux mécanismes internes appropriés de reddition de comptes de la Banque. Un discrédit qui fait voler en éclat la fiabilité et la crédibilité du classement du Doing Business. De l'artificiel ! Pis encore, cet « artifice » risquait de nous laisser nous reposer sur nos lauriers : « Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! ». Voilà qui conforte dans leur position tous ceux qui alertaient sur le fait que les responsables gouvernementaux accordaient plus d'intérêt au Doing Business à ce qu'il ne mérite . D'autant que d'autres indicateurs aussi bien économiques et humains venaient mettre en doute. Voyons, il fallait bien qu'ils se targuent d'avoir réalisé quelque chose. Méchanceté à part, le scandale mondial sur ce rapport, doit ramener nos élites notamment économiques sur le terrain de la réalité et la sincérité des indicateurs qu'il faut scruter de près. Le cas présent : l'évolution des IDE mais également l'investissement privé, dont l'évolution renseigne sur la confiance dans l'environnement national des affaires. Avec l'arrêt du Doing Business, qui malgré tous ses défauts donnait un panorama de la réglementation des affaires dans le monde, le Maroc perd un outil marketing que le plaçait sur les radars internationaux. Voilà qui compliquera l'existence du comité national de l'environnement des affaires (CNEA) qui vient justement de lancer la politique nationale de l'environnement des affaires 2021-2025. L'amélioration du classement du Maroc dans le Doing Business permet de donner du crédit aux travaux du CNEA qui se retrouve aujourd'hui seul à devoir améliorer le climat des affaires mais aussi et surtout produire des données fiables et véridiques que d'autres organisations ne viendraient pas contredire. Il se trouve à devoir marketer la destination Maroc comme hub d'investissement, tout en travaillant sur un bon package. Pour cela, il a du pain sur la planche puisque l'amélioration de l'environnement des affaires passe par une sécurisation de l'investissement, une Justice équitable, une fiscalité juste et stable, un coût de production compétitif, une concurrence loyale, une lutte contre l'informel, un foncier abordable, une législation du travail favorable, une énergie à coup faible, une disponibilité de la ressource humaine qualifiée, des démarches administratives faciles... Pour rester objectif, le Maroc a fait des avancées louables en matière de réglementation des affaires mais du chemin reste à faire. Et c'est là le véritable enjeu pour être bien coté auprès des investisseurs internationaux et devenir une destination privilégiée. Le reste ce n'est que du fard, qui ne trompe personne. Au travail !